Jeudi soir, un ciel gris planait sur les FrancoFolies de Montréal. Les nuages ne s’avéraient pas trop menaçants, et la froideur du vent ne secouait pas trop férocement. Aussi étrange que cela puisse paraître, cette ambiance mélancolique et d’une beauté triste s’appliquait parfaitement au passage de Catherine Durand, elle qui concluait la tournée entourant son cinquième album baptisé La pluie entre nous. Qui plus est, les curieux festivaliers, nullement embêtés par la température, ont plongé avec aise, sérénité et intérêt dans la planante promenade dans les bois proposée par l’auteure-compositrice-interprète célébrant ses vingt ans de carrière.
Catherine Durand a souvent mentionné ses noces de porcelaine, pas par désir d’attirer les louanges, mais plutôt pour bien souligner tous les lumineux et sombres côtés que cela implique. Avec humour et authenticité, elle a abordé les magnifiques rencontres que son métier lui a apportées, certaines passagères, d’autres éternelles. Le public a beaucoup apprécié cette franchise.
Celle qui a jadis travaillé aux FrancoFolies et qui s’est produit sur la plupart des scènes extérieures et intérieures a également séduit par sa douce voix rauque à la fois sensible et paisible. Les mélodies, tantôt rock tantôt alternatives, donnaient envie de se fermer les yeux et simplement savourer le moment présent. D’ailleurs, le moment s’avère un sujet très important pour Catherine Durand. Ses chansons, particulièrement celles ornant La pluie entre nous, en sont remplies : des moments de solitude (Au fond de tes bois), des moments de déchirures amoureuses (Marcher droit), des moments de détresse (Toit de pierre) ainsi que des moments d’espoir (Tant que le vent me lance).
Inspirée par la nature, l’artiste a justement pris le temps de laisser respirer ses pièces avec de longs solos instrumentaux au cours desquels elle semblait totalement investie dans l’émotion. Prenant également part à cette bulle créatrice absolument jouissive, le batteur José Major et le guitariste et claviériste Jean-Luc Huet ne faisaient qu’un avec leurs instruments. Impossible de ne pas se laisser guider par les mouvements aussi libres que précis de José Major. Catherine, quant à elle, affichait une allure décontractée et passionnée en maniant les cordes de sa guitare électrique comme s’il n’y avait pas de lendemain.
20 ans de carrière signifie, bien évidemment, la confection d’une panoplie de chansons. Plusieurs d’entre elles ne traversent malheureusement pas glorieusement le fil du temps. C’est pourquoi la chanteuse a décidé de s’amuser à revisiter quelques-uns de ses titres dans un album qui paraîtra cet automne. Aux Francos, elle en a présenté un fabuleux aperçu avec les pièces Le temps presse et Je vais rester issues de l’excellent Cœurs migratoires de même que la magnifique et réconfortante Aujourd’hui d’une manière complètement surprenante et intrigante qui représente davantage le style musical qu’elle préconise aujourd’hui. Elle a également chanté plusieurs des morceaux figurant sur Les murs blancs du Nord dont L’Aube t’attendra, La gueule du loup et Sur mon île qui possèdent ce petit je-ne-sais-quoi de magique qui enflamme la scène.
Inutile de dire que nous sommes extrêmement fébriles de découvrir les futurs projets!
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média