À la barre de l’animation du Gala Québec Cinéma pour une troisième année consécutive, le tandem toujours aussi complice formé de Guylaine Tremblay et Édith Cochrane a offert une soirée où les émotions à fleur de peau ont été davantage à l’honneur que l’humour qui manquait malheureusement de raffinement. Il y a bien eu quelques jouissives blagues salées dont celle sur Téléfilm Canada et le rôle d’une productrice, mais les hommages, la brillante rétrospective d’anciens films marquants et les sincères discours de remerciements ont largement pris le dessus, tout comme la beauté discutable des rideaux argenté, mais ça, c’est une autre histoire!
Au chapitre des gagnants, les deux films dominant dans les nominations, 1991 et La Bolduc, sont respectivement repartis avec 5 et 6 Iris, mais il ne faut pas voir là un palmarès complètement prévisible, bien au contraire. La course était particulièrement enlevante et relevée, et les lauréats l’ont bien illustrée. Le premier film de Yan Giroux, À tous ceux qui ne me lisent pas ,sur la vie du poète Yves Boisvert a causé une belle surprise en mettant la main sur trois Iris : meilleur premier film, meilleur scénario et meilleure interprétation masculine (premier rôle).
Robin Aubert, qui a remporté les grands honneurs l’an dernier avec son film Les Affamés, brillait par son absence alors qu’il a remporté l’Iris du Meilleur acteur de soutien pour sa participation dans le film Une colonie de Geneviève Dulude-De Celles. Ce premier long-métrage a également permis à Ariane Castellanos de remporter un prix dans la catégorie de la Meilleure distribution des rôles et à Émilie Bierre d’être sacrée la Révélation de l’année. Cette dernière a livré un discours touchant en admettant que ce film et tous les rôles d’adolescente tourmentée qu’elle a joués auparavant lui ont permis de comprendre qu’être différente est loin d’être une mauvaise chose.
1991, la conclusion sur la trilogie coming of age s’inspirant de la vie de son créateur, Ricardo Trogi, a séduit autant le public que les votants en gagnant le Prix du public ainsi que les Iris du Meilleur film, Meilleur montage, Meilleure réalisation et Meilleure interprétation féminine dans un second rôle pour Sandrine Bisson qui a maintenant deux Iris à son actif pour ce coloré et attachant personnage de Claudette. On avait d’ailleurs l’impression de voir Claudette lors des remerciements de l’actrice tant elle était spontanée, survoltée et émouvante.
La précédente année a été marquée par les récits dénués de complaisance sur la trouble période de transition entre l’adolescence et l’âge adulte de même que l’explosion de personnages féminins complexes embrassant leurs naturelles imperfections. Ces thèmes universels et profondément humains ont toujours fait partie de l’ADN du cinéma québécois, et les concepteurs du gala l’ont souligné de bien belle façon en invitant des artistes comme Michel Côté (C.R.A.Z.Y), Marcel Sabourin (J.A. Martin, photographe), Micheline Lanctôt (La vraie nature de Bernadette) et Pascale Bussières (Sonatine), présenter les films en lice dans la catégorie du meilleur film en faisant le pont avec des oeuvres similaires dans lesquelles ils ont brillé. Une belle manière de mettre en lumière notre fabuleux héritage cinématographique qui voyage à travers le monde.
Parlant de rayonnement à l’international, Anne-Élisabeth Bossé et Monia Chokri, fraîchement débarquées de Cannes avec en poche le Prix Coup de cœur de jury d’Un certain regard pour le film La femme de mon frère (à l’affiche au Québec dès ce vendredi 7 juin), sont revenues sur leur incroyable expérience en dressant un sympathique parallèle entre le célèbre festival de cinéma et…une mésange à tête noire!
La soirée a également offert un vibrant et sobre hommage à deux grands cinéastes récemment disparus, Jean Beaudin et Jean-Claude Labrecque. Guylaine Tremblay, les sanglots dans la gorge, a partagé un touchant conseil (Ne fais rien, mon petit chien, la caméra t’aime.) traduisant la bienveillance de M. Labrecque.
En remportant l’Iris de la Meilleure interprétation dans un premier rôle pour le personnage de Mary Travers dans La Bolduc, Debbie Lynch-White a également fait verser quelques larmes en étant ébranlée et reconnaissante face à cet amour envers une performance qui l’habite depuis des années.
Voici les gagnants couronnés pendant la soirée:
MEILLEUR FILM
1991 – Go Films – Nicole Robert
MEILLEUR PREMIER FILM
Yan Giroux – À tous ceux qui ne me lisent pas
MEILLEURE RÉALISATION
Ricardo Trogi – 1991
MEILLEUR SCÉNARIO
Guillaume Corbeil, Yan Giroux – À tous ceux qui ne me lisent pas
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE | PREMIER RÔLE
Debbie Lynch-White (Mary Travers) – La Bolduc
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE | PREMIER RÔLE
Martin Dubreuil (Yves Boisvert) – À tous ceux qui ne me lisent pas
MEILLEURE INTERPRÉTATION FÉMININE |RÔLE DE SOUTIEN
Sandrine Bisson (Claudette) – 1991
MEILLEURE INTERPRÉTATION MASCULINE |RÔLE DE SOUTIEN
Robin Aubert (Henri) – Une colonie
RÉVÉLATION DE L’ANNÉE
Émilie Bierre (Mylia) – Une colonie
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE
Sara Mishara – La grande noirceur
MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE
Innu Nikamu :Chanter la résistance– Kevin Bacon Hervieux | Terre Innue –
Ian Boyd, Réginald Vollant
MEILLEUR COURT MÉTRAGE | FICTION
Brotherhood – Meryam Joobeur | Cinétéléfilms – Habib Attia, Sarra Ben-Hassen |
Meryam Joobeur | Laika Film & Television – Andreas Rocksén | Midi La Nuit –
Maria Gracia Turgeon
MEILLEUR COURT MÉTRAGE | ANIMATION
Le sujet – Patrick Bouchard | Office national du film du Canada – Julie Roy
PRIX DU PUBLIC
1991 – Ricardo Trogi | Les Films Séville | Go Films – Nicole Robert
IRIS HOMMAGE
Pierre Mignot (directeur de la photographie)
FILM S’ÉTANT LE PLUS ILLUSTRÉ À L’EXTÉRIEUR DU QUÉBEC
La Chute de l’empire américain – Denys Arcand | Cinémaginaire – Denise Robert
Voici les gagnants couronnés pendant le Gala des artisans qui se tenait en après-midi :
MEILLEURE DISTRIBUTION DES RÔLES
Ariane Castellanos– Une colonie
MEILLEURE DIRECTION ARTISTIQUE
Raymond Dupuis – La Bolduc
MEILLEUR SON
Claude Beaugrand,Michel B. Bordeleau,Luc Boudrias,Gilles Corbeil–
La Bolduc
MEILLEUR MONTAGE
Yvann Thibaudeau – 1991
MEILLEURS EFFETS VISUELS
Fix Studio- Aurélia Abate,Delphine Lasserre,Bruno Maillard |Oblique
FX – Benoît Brière, Louis-Philippe Clavet, Valérie Garcia, Étienne Rodrigue –
Dans la brume
MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE
Philippe Brault – La disparition des lucioles
MEILLEURS COSTUMES
Mariane Carter – La Bolduc
MEILLEUR MAQUILLAGE
Nicole Lapierre – La Bolduc
MEILLEURE COIFFURE
Martin Lapointe – La Bolduc
MEILLEURE DIRECTION DE LA PHOTOGRAPHIE |FILM
DOCUMENTAIRE
Danae Elon,Itamar Mendes Flohr – A Sister’s Song
MEILLEUR MONTAGE | FILM DOCUMENTAIRE
René Roberge– Pauline Julien, intime et politique
MEILLEUR SON |FILM DOCUMENTAIRE
Cyril Bourseaux,Mélanie Gauthier,Simon Léveillé, Simon Plouffe,Lynne
Trépanier, Jean Paul Vialard,Shikuan Shetush Vollant –Ceux qui viendront,
l’entendront
Si les galas vous ont donné envie de visionner la plupart de films québécois en nomination, vous pouvez le faire ici jusqu’au 9 juin 2019!
Crédits Photos : Angeline Gosselin Eklectik Média