Dans le cadre du Festival international de la Littérature, nous avons pu assister, le vendredi le 20 septembre dernier, au spectacle d’ouverture intitulé Nelly & Sylvia à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Comme le titre l’indique, il s’agissait bien évidemment de notre Nelly Arcan, qui a brusquement mis fin à ses jours alors qu’elle était au cœur de la trentaine, et ce justement durant l’édition de 2009 du FIL, et de Sylvia Plath, qui, elle, quarante-six ans plus tôt, dans la très jeune trentaine avait elle aussi commis l’irréparable.
Outre le fait d’avoir mis fin à leurs jours environ au même âge, ces deux dames ont beaucoup en commun, étant notamment toutes les deux autrices de génie. Alors que l’oeuvre de Nelly a touché à l’influence de l’image chez les femmes, la peur du vieillissement, la marchandisation du corps et le suicide, Sylvia s’était dirigée vers la poésie, le roman, les livres pour enfants et des essais, dénonçant ses opinions sur sensiblement les mêmes sujets que Nelly, mais évidemment durant une époque différente. Elle a pris beaucoup de place lors de la parution de son roman d’inspiration autobiographique The Bell Jar traduit en français sous le titre de La Cloche de détresse au sujet des circonstances de sa première dépression au tout début de sa vie d’adulte.
Pour faire la lecture des oeuvres de ces deux génies de la littérature, le FIL a choisi Evelyne Brochu pour représenter Nelly Arcan, alors que Sylvia Plath a été lue par Alice Pascual. Un dialogue d’environ une heure entre les deux dames tiré de l’oeuvre respective de chacune. Un échange logique sur la femme, la jeunesse, le vieillissement; tous les sujets abordés dans les livres de Nelly Arcan l’avaient également été mais différemment par Sylvia Plath. Chaque constatation dénoncée par une était logiquement et littérairement répondue par l’autre avec des lignes tirées de l’autrice qu’elles personnifiaient.
On aurait dit un dialogue créé spécifiquement pour les deux actrices alors qu’il s’agissait d’extrait tirés des livres de ces autrices qui ne sont malheureusement plus parmi nous. Ce genre de travail d’extraction relève du défi, un défi que Claudia Larochelle a magnifiquement bien relevé. Une petite chorégraphie, à un moment donné, a permis à tout le monde, incluant les spectateurs, de reprendre leur souffle.
Un segment de ce dialogue a évidemment porté sur le suicide, lequel était tout à la fois touchant, sarcastique, et par moment épeurant, mais également réaliste. Il y a eu également des moments d’humour où les fous rires étaient inévitables. Mon coup de chapeau va à Evelyne Brochu pour sa tirade qu’elle a non seulement lue, mais qu’elle a jouée avec le même cœur et la même maitrise que s’il s’agissait d’un grand classique. À nous en faire frissonner!
Le FIL se tient jusqu’au 29 septembre 2019, et vous pouvez voir la programmation complète ici.
Crédits Photos : Maxime Cormier