Le mardi 16 novembre dernier pour son premier passage solo au MTELUS en carrière, Patrice Michaud a démarré en grand sa tournée entourant son quatrième album, l’exaltant Grand voyage désorganisé. «Ceci n’est pas mardi, ce sont des trouvailles!», a-t-il lâché avec excitation après l’entrée en matière, la douce ode à l’amitié Origami qu’il tenait mordicus à faire en premier malgré sa mélodie plus calme, car « Ça fait un an et demi qu’on veut la faire, qu’on vous espère, donc laissez-nous vous dire merci tout le monde d’être là.» Le public, malgré sa docilité et sa position attablée, a franchement redonné à l’auteur-compositeur-interprète et à ses talentueux musiciens dangereusement en forme.
Pour illustrer les thématiques des départs, des voyages et des mystères de la galaxie qui parfument la puissante poésie de l’album, la scène avait des allures cosmiques avec une énorme planète illuminée projetant des images de l’univers et une bande lumineuse entourant la scène rappelant un anneau de Saturne. La scénographie, les puissants éclairages bien dosés de Renaud Pettigrew , la vaporeuse fumée blanche ainsi que la conception vidéo de Marcella Grimaux et Noisy Head Studio éblouissaient et entraient en phase avec les chansons proposées. Dans un mélange de rock progressif, de pop et de folk et d’interventions pertinentes, Patrice Michaud a présenté un spectacle qui est passé aussi vite qu’une étoile filante et qui semblait déjà avoir été en tournée depuis plusieurs mois.
L’immense intérêt des spectateurs se faisait ressentir même si les masques enterraient malheureusement trop souvent les paroles chantées, y comprises celles des pièces plus populaires comme Kamikaze, Je cours après Marie magnifiquement revisitée et la bouleversante Saison des pluies sobrement interprétée dans un faisceau de lumière, les touches magiques de la claviériste Marie-Pierre Bellefeuille en arrière-plan. Heureusement que les applaudissements et les claquements de main ne pourront jamais être interdits…et que Mécaniques Générales en guise de dernier rappel a donné cette galvanisante impression d’être dans un spectacle comme dans le temps. Pour un spectacle qui traite des retours dans le temps, ça ne pouvait pas être plus à propos et réjouissant.
Ce voyage vers le passé et le futur fusionnait brillamment anecdotes personnelles au sens de l’humour irrésistible et éléments historiques dont la sonde remplie d’objets humains Voyager 1 qui est allée dans l’espace quelques jours avant le mariage des parents de Patrice. Une parfaite introduction pour la pièce qui ouvre l’album, 1977. D’ailleurs, la description que ce dernier a fait du look vestimentaire de son père lors de cette précieuse journée était absolument hilarante et a apporté un bel échange avec le public sur les modes de mariage qui ont mal vieilli…comme les mariages médiévaux!
Libre musicalement, artistiquement et humainement, Patrice Michaud habitait la scène avec une aisance déconcertante. Sa voix éraillée laissait émaner des émotions vraies et poignantes sur chaque chanson, tellement qu’il était impossible de détacher le regard de son monde scénique à la fois apaisant et enivrant. Parmi les moments marquants, il faut souligner la livraison d’Un cœur de baleine bleue avec un revirement instrumental complètement délirant, la déchirante J’t’aime quand je mens, l’énergique Vous êtes ici et l’extraordinaire Un point bleu pâle pour laquelle les candidats de Star Académie Rosalie Ayotte et Shayan Heidari ont foulé la scène en surprise pour faire les chœurs, tout comme sur l’album. Un beau moment qui restera figé dans le temps.
Une des belles trouvailles de ce spectacle a sans contredit été le moment où Patrice Michaud a décidé de revenir aux chansons populaires de l’an 1994, année où il s’adonnait à des séances de patinage libre qui étaient agrémentées d’une trame sonore assez limitée : une cassette avec la face A et la face B qui jouait en boucle. Donc, pour chaque spectacle de la tournée, Patrice va interpréter dans l’ordre l’une des chansons de la cassette. Hier, il était rendu à la quatrième chanson du côté B…Living on my own de Freddie Mercury! Une relecture étonnante et fort sympathique. Comme le public a été très participatif, il a eu droit en fin de parcours un autre hit de la cassette…The best de Tina Turner! Cela concluait à merveille un spectacle où Patrice Michaud était effectivement à son meilleur…
Patrice Michaud ira à la rencontre de son public dès le 3 décembre 2021 à Drummondville. Il reviendra dans la métropole le 15 juin 2022 au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts dans le cadre des Francos de Montréal. Est-ce que l’astronaute qui effectuait les changements de guitares lors de la deuxième partie fera partie du voyage à travers la province? Pour le savoir, vous pouvez consulter toutes les dates et acheter des billets par ICI!
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média
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