Le Zoofest va bon train cette année (du 5 au 28 juillet) et continue d’offrir des spectacles uniques et aux thématiques peu conventionnelles. D’ailleurs, le festival met sous les radars une panoplie d’humoristes émergents qui ne demandent qu’à se faire voir et à se faire aimer. Hier soir, dans le cadre de « la série studio », présenté par VRAK, le Monument-National a accueilli comme il se doit un gars bourré de talent et qui ne cesse d’impressionner à chaque fois qu’on le voit, Pierre-Yves Roy-Desmarais. Ayant assisté à sa cinquième représentation sur six, l’humoriste a de la verve et il s’efforce de faire ses preuves pour épater la galerie.
C’est son bon ami Sam Boisvert qui a réchauffé le public composé d’un peu plus d’une centaine de personnes. Sous les airs d’un garçon à sa maman, Boisvert nous fait part du fait qu’il trouve le célibat quelque peu difficile, surtout que les femmes l’intimident beaucoup. Sur un ton nonchalant, bien souvent, l’humoriste fait sourire sans frapper totalement dans le mille. Reste qu’il tient un très bon filon avec son personnage de gars qui manque sérieusement de confiance en lui. Il pourrait aisément en rehausser la sauce pour lui donner un peu de mordant. Son numéro où il évoque son hypothétique passage à Occupation Double et où il ne serait pas une menace pour les autres gars était particulièrement réussi. Bien curieux d’en entendre un peu plus de lui.
© Myriam Frenette / Zoofest
Un illustre orateur et musicien
Pierre-Yves Roy-Desmarais a débuté avec une introduction musicale au piano en nous souhaitant un très beau et enthousiaste « Bonjour », titre de ce qui se trouve à être son tout premier spectacle solo. L’humoriste, diplômé de l’École nationale de l’humour, mais surtout connu pour son passage remarqué à En route vers mon premier gala, n’en est pas à ses premiers échauffements scéniques puisqu’il a déjà fait une tournée avec sa copine, également une comique, Rosalie Vaillancourt, avec leur spectacle intitulé LOVE. Sa parfaite aisance captive le public, qui est déjà tout ouïe.
Son spectacle d’une durée de soixante minutes était brillamment étoffé. Nous avons senti une belle rigueur dans l’écriture de ses textes ainsi qu’une mise en scène savamment calculée. Pierre-Yves, orateur hors-pair, nous parle de sa jeunesse en banlieue de Terrebonne, de sa vie d’adulte du haut de ses 23 ans, de son chien mâle prénommé Chantal qu’il a égoïstement séparé de ses frères et sœurs ainsi que de son premier appartement miteux. Bref, il navigue entre différents sujets, principalement sur le passage à l’âge adulte, d’une étonnante fluidité.
Roy-Desmarais ne se censure pas, mais ne tombe pas dans l’indécence. Ce dernier ne s’empêche toutefois pas de narguer et de taquiner certaines personnes de son auditoire. Comme le moment où il dû répéter une partie d’un de ses numéros pour un spectateur n’ayant pas compris une blague et en lui disant, de surcroît, de ne plus jamais revenir le voir en spectacle, a valu à lui seul des éclatants fous rire. Nous avons senti une réelle connexion entre l’artiste et son public. Et de déroger un peu de son texte n’était véritablement pas un obstacle pour lui. Il a terminé sa performance avec deux impeccables numéros musicales, qui nous a permis de constater un talent certain à la guitare et au piano.
© Myriam Frenette / Zoofest
Je ne sais pas si ce n’est que moi qui ait remarqué, mais Pierre-Yves me fait penser à un Martin Petit nouveau genre, mais en beaucoup plus cute, tant par ses sujets abordés que par son phrasé comportant des similarités avec le vétéran de l’humour. Sa manière adroite de livrer ses textes est hallucinante et il fait preuve d’un solide aplomb. Ce qui est un atout important s’il veut accoter les Louis-José Houde et les Martin Matte de ce monde. Pour tout dire, en mon sens, il joue déjà dans la cours des grands.
Cet humoriste est assurément quelqu’un à surveiller de près puisqu’il possède déjà tout pour réussir. Faites vite, il ne reste qu’une seule représentation de Bonjour, ce soir, 21 juillet à 22h00, au Monument-National, dans le Studio Hydro-Québec. (les détails ici)
Crédit de la photo de couverture : © Myriam Frenette / Zoofest