Pour débuter le mois de novembre en beauté, Serena Ryder entreprend depuis le premier du mois une courte série de spectacles au Québec. Hier, elle était de passage au Théâtre Corona de Montréal pour proposer une alléchante rétrospective de ses quatre derniers albums, excluant son opus de Noël à saveur jazz, Christmas Kisses, paru le 18 octobre dernier. Amoureuse du Québec et du talent qui s’y trouve, la chanteuse canadienne a accueilli l’auteure-compositrice-interprète Jordane Labrie pour sa première partie. Ensemble, elles ont offert une soirée intime fort mémorable où régnait intensément du délicieux folk totalement féminin.
Celle que le public a appris à connaître et aimer lors de la sixième saison La Voix a foulé la scène à 20 heures pile en compagnie de son fidèle acolyte Clément Desjardins à la guitare et à l’indispensable banjo. Entouré de valises contenant de jolies ampoules, le sympathique et complice duo a transporté le public dans un chaleureux voyage à travers le Canada en dévoilant quelques pièces de l’album à paraître en janvier qui a entièrement été écrit et composé dans un train en direction de Vancouver où il présentait des spectacles. Lors de cette demi-heure acoustique, Jordane a donné des frissons avec son spectaculaire registre vocal qui voguait sans peine entre le rauque déchirant et l’aigu puissant.
Ravie de se produire devant un public aussi participatif et attentif, la chanteuse originaire de la Côte-Nord a affiché fréquemment de larges sourires de satisfaction tout en étant parfaitement investie dans les émotions nostalgiques, mélancoliques et apaisantes que dégageaient les pièces. Que ce soit en se réappropriant de manière originale Crazy de Patsy Cline avec un porte-voix ou en interprétant magistralement dans une alternance de français et d’anglais le titre préféré de son père, The house of the rising sun (Les portes du pénitencier), Jordane a complètement soulevé la foule qui en redemandait encore et encore. En attendant la parution de l’album, la magnifique pièce Regarder devant est disponible sur toutes les plateformes de téléchargement.
Dans une forme resplendissante, c’est une Serena Ryder tout sourire qui est ensuite apparue…seule avec sa guitare sèche! D’emblée, on savait que ce spectacle acoustique ne ressemblerait pas à celui entourant son disque Utopia qu’elle est venue présenter en juillet 2017 dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal. Le concert d’hier soir était divisé en quatre actes au cours desquels la chanteuse native de Millbrook en Ontario prenait le temps de revisiter respectivement les pièces marquantes des albums If your memory serves you well, is it o.k?, Harmony et Utopia. Totalement à l’aise et heureuse dans cette formule, Ryder a affiché sincèrement sa vulnérabilité et son humour contagieux en racontant naturellement la création de certaines pièces et les inoubliables voyages et rencontres inattendues que celles-ci ont suscités. Les spectateurs ont embarqué sans hésitation dans ce concept en étant à la fois réceptifs, allumés et énergiques. Tout au long du spectacle, la chanteuse, quelque peu ébahie, a d’ailleurs exprimé sa gratitude envers le généreux public québécois qui s’enflamme à chacune de ses visites!
Puisque If your memory serves you well rend hommage à des artistes canadiens ayant influencé Serena, la soirée a débuté avec un séduisant tour de chant acoustique comprenant du Ed McCurdy (Last night I had the strangest dream), Bob Dylan & The Band (This wheel’s on fire) et du Leonard Cohen (Sisters of Mercy). Déjà, toutes les impressionnantes capacités et variétés de sa tessiture vocale étaient palpables. Ne faisant qu’une avec ses guitares, la talentueuse musicienne a déversé toute sa passion et ses émotions par le biais de notes tantôt éraillées tantôt lyriques qui donnaient rien de moins que la chair de poule. Lorsque est venu le temps de parcourir is it o.k, un drummer et une guitariste/choriste ont pris place sur les côtés de la scène où triomphaient deux colonnes de rideau bien droites. Emballé par ce retour en arrière, le public a monté le volume de deux crans et a chanté les paroles sans la moindre anicroche. Weak in the knees, premier succès commercial de Serena, a encore accompli son travail de soulever et satisfaire la foule.
Cette frénésie a atteint son apogée pendant la livraison de quelques titres issus d’Harmony dont Fall et Heavy Love qui ont fréquemment tourné dans les radios canadiennes diffusées au Québec. Sur l’envoûtante Baby come back , qui comprend plusieurs savoureux changements de mélodies, Serena a donné libre cours à des improvisations vocales puissantes et ahurissantes, faisant ainsi preuve d’une totale maîtrise de son instrument. Les divers enchaînements de couleur dans les éclairages ont également contribué à propulser cette ambiance électrique et enivrante. Pour explorer Utopia, un album tout aussi rock et festif qu’Harmony, Serena a opté pour les chansons Me and You et le succès Got your number. Sur cette dernière, une jeune fan qui vivait avec enthousiasme son premier concert de Serena chantait et mimait les paroles avec un abandon qui a fait craquer la principale intéressée. Ryder a souvent lancé des regards brillants à la fillette, démontrant ainsi toute son affection à son public qui lui rend si bien.
Bien évidemment, Serena Ryder a réservé ses deux gros canons pour le rappel. Le hit What I wouldn’t do a fait trembler le Théâtre Corona alors que la fougueuse version bilingue de Stompa a rappelé l’immense générosité de l’artiste lorsqu’elle se retrouve en sol québécois. Comme si ce spectacle n’était pas suffisant pour être entièrement sous son charme, Serena nous a donné une autre raison de la respecter lorsque, tout juste avant de quitter la scène pour de bon, elle a remis son pic de guitare à la mignonne admiratrice précédemment mentionnée qui était, on la comprend, joyeusement sous le choc!
Pour vous procurer des billets pour les spectacles 5,7 et 8 novembre, c’est par ici!
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média
Jordane, quelle artiste. Une découverte incroyable… Merci à Evenko et à Serena Ryder d’avoir laissé une place à une voix et une interprète unique.