Cela peut paraître cliché et devoir s’appliquer d’office à tous les artistes, mais la chose qui frappe d’emblée en assistant à un concert de Kevin Parent est sa passion débordante pour la musique. Bien qu’il aime offrir à ses admirateurs les grands succès qu’ils sont venus réclamer, l’auteur-compositeur-interprète prend toujours le temps de se laisser émouvoir par l’immense talent des musiciens l’accompagnant et d’honorer les pièces moins célèbres de son répertoire qui le touchent davantage sur le plan personnel et créatif. Le concert que le Gaspésien a donné, hier, à l‘International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu a magnifiquement reflété ce constat.
Guitare à la main, Kevin Parent a foulé la scène Loto-Québec en interprétant une version acoustique de Father on the go, l’une des ses trois compositions ayant remporté le prestigieux titre de Chanson de l’année au gala de l’ADISQ. Cette déclaration d’amour d’un père à son jeune fils a conquis la foule dès la première note, et sa raison d’être s’est révélée encore plus touchante puisque livrée à une foule remplie d’enfants qui découvrent les belles petites choses simples de la vie. Par la suite, les musiciens ont déjà eu droit à une première présentation en bonne et due forme en montant sur les planches à tour de rôle pour offrir un accrocheur jam musical. Cette manière somme toute inattendue et rafraîchissante d’abolir la supposée hiérarchie entre le chanteur et le band a brillamment démontré toute la simplicité, le charme et la générosité de Kevin Parent.
Quelques problèmes techniques sont venus jouer les trouble-fête, mais, malgré une frustration évidente et relativement bien dissimulée, l’artiste a su en tirer avantage de façon impressionnante, spécialement lors de l’incontournable Fréquenter l’oubli. Percevant rapidement les caprices sonores de quelques instruments, les festivaliers ont augmenter d’un cran leur puissance vocale pour contribuer à un moment spontané unique et privilégié dont seuls les festivals détiennent le secret. Cette symbiose toute naturelle entre l’artiste et les spectateurs s’est maintenue sur le chef-d’oeuvre qu’est Seigneur, chanson qui continue d’être bouleversante autant textuellement que musicalement après 23 ans d’existence. Les valeurs sûres Maudite jalousie, Boomerang, Caliente de même que la splendide reprise du Petit roi ont efficacement accompli leur boulot de faire bouger les festivaliers.
Probablement satisfait d’avoir entendu des pièces qui ont fait les beaux jours de la radio francophone québécoise, le public a embarqué à pied joint dans les titres moins médiatisés de Kevin Parent dont Chevaux Sauvages et quelques extraits issus de l’album Kanji paru en 2016. Pour tout dire, les gens prenaient autant de plaisir à découvrir ces morceaux que Kevin Parent de les jouer avec des musiciens investis qu’il admire.
Celui qui n’exerce pas ce métier pour la gloire a témoigné de ses difficultés avec le vedettariat, la critique, la pression sociale et le jugement des autres en offrant Tu pourras dire, La critique et Pignon sur rue avec une intensité vulnérable dans la voix et une rage brûlante dans le regard. Au bout du compte, ce contraste, mêlé à une sympathique touche d’humour, a, encore une fois, complètement séduit, hypnotisé et impressionné le public, et ce même si Kevin Parent a déjà prouvé depuis longtemps que son authentique personnalité est incapable de moins.
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média