Depuis qu’elle est atteinte de la sclérose en plaques, Sophie Berriault fait tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas se laisser définir par la maladie, mais plutôt trouver des solutions pour faire avancer la recherche. Elle a donc créé une plateforme intitulée P.S j’ai la SP pour que les gens dans la vingtaine et la trentaine qui sont touchés par la maladie puissent discuter de leur réalité et avoir plus de ressources à leur disposition. 14 médicaments existent pour atténuer les effets dévastateurs de la sclérose en plaques, mais aucun ne la stoppe définitivement. Œuvrant dans le domaine musical depuis plus de 15 ans, elle a donc mis sur pied un concert bénéfice du nom de SP Show afin de récolter des dons.
Le spectacle, présenté hier dans un Club Soda affichant complet, a réuni Émile Bilodeau, Galaxie, Rosie Valland, Laura Sauvage, Klô Pelgag, Safia Nolin, Lisa LeBlanc, Les chercheurs d’or, Danny Placard,Rémi Chassé et Nic Audet à l’animation le temps d’une soirée empreinte de solidarité et de passion.
Défilant tour à tour sur la scène, les artistes n’ont pas hésité à afficher leur reconnaissance et admiration envers le courage de Sophie Berriault. Les spectateurs avaient également une place de choix au travers ces élans du cœur, et ils ont bien rendu les compliments en étant enthousiastes et endiablés du début avec la puissante rentée en matière de Galaxie (Camouflar et Shanghai) et les solos de guitare démentiels d’Olivier Langevin jusqu’au dynamique banjo de Lisa LeBlanc (Ti-Gars, Gold digging hoedown et You look like trouble (but I guess I do too) en fin de parcours qui donnait instantanément envie de sourire.
Soutenus par les interventions juste assez courtes, concises et sympathiques de Nic Audet qui s’est lui-même pris pour une rockstar en revisitant des jingles publicitaires connus, les invités ont présenté en solo deux à trois chansons de leur répertoire. Bien que cette formule s’avère conventionnelle, elle fonctionnait parfaitement ici. L’énergie et l’authenticité des interprètes se transmettaient sans peine chez le public qui ne s’est pas ennuyé une seule minute. La sélection des chansons était pertinente car les vedettes alternaient entre leurs gros succès et des pièces dont les textes pouvaient trouver résonance chez les gens atteints de la sclérose en plaques.
Arrivant avec trois boites de carton sur le corps, deux aux pieds et une à la tête, Klô Pelgag a offert de jolies notes aiguës sur Les ferrofluides-fleurs et Les animaux. Sa délicieuse excentricité a reçu une magnifique dose de douceur lorsqu’elle a partagé le simple mais déchirant duo lesbien Lesbian Break-up song avec Safia Nolin. Cette chanson, qui figurera sur l’ album Dans le noir de Safia qui paraîtra le 5 octobre, a été précédée par une autre nouveauté de la talentueuse chanteuse, Miroir , qui traite du culte maladif de la beauté. Sa voix enveloppante a, encore une fois, fait chavirer et frissonner l’audience au grand complet, spécialement sur la chanson La laideur que les spectateurs chantaient avec générosité.
Malgré quelques problèmes techniques, Rémi Chassé a bien démontré l’énergie brute de son nouvel opus Les cris et les fleurs en interprétant solidement Le monde est à plaindre et On rentre ensemble. L’émotion à fleur de peau dans la voix d’Isabeau Valois des Chercheurs d’or a fendu le cœur alors que Geoffroy nous l’a réchauffé avec une rare incursion acoustique et la livraison de ses excellentes Coastline et Thirsty. Évidemment, Émile Bilodeau, avec son franc-parler et ses hilarantes expressions faciales, a mis le feu au Club Soda lors de Tu me dirais-tu, mais s’est également montré plus vulnérable avec l’extraordinaire Ça va qui parle de la mort, plus spécialement de l’étape d’acceptation du deuil. Cette chanson tout à fait à propos avec la cause a touché le public qui ne s’est pas gêné pour entonner l’oeuvre devant un Émile investi qui a affiché de belles nuances vocales à la fois subtiles et passionnées qui faisaient monter les larmes aux yeux.
Bref, le SP Show a offert un moment réjouissant, inspirant et teinté d’espoir autant sur le plan humain que musical.
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média