Après avoir été présenté en grande première québécoise lors de la 38e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, 14 jours 12 nuits, le plus récent long-métrage de Jean-Philippe Duval (Dédé à travers les brumes, Unité 9, Toute la vie) a vécu sa première montréalaise ce soir au Cinéma Impérial.
Mettant en vedette Anne Dorval, Leanna Chea, François Papineau et Laurence Barette, 14 jours 12 nuits relate le périple au Viêtnam d’Isabelle Brodeur (Anne Dorval), une océanographe qui tente de mieux comprendre les origines culturelles de sa fille adoptive (Clara, interprétée par Laurence Barette). Elle aura l’occasion d’entrer en contact avec la mère biologique de Clara qui travaille dans une agence de voyages. Pour des raisons personnelles, elle ne lui dévoilera toutefois pas sa véritable identité…
À cause des barrières de language, de la difficulté de s’imposer dans un pays inconnu et de conjuguer avec les tempêtes imprévisibles faisant rage dans le Bas-St-Laurent, les conditions de tournage ont donné du fil à retordre à Jean-Philippe Duval, mais cela a été très formateur et bénéfique au final. «14 jours 12 nuits, c’est un tournage de l’extrême! J’ai voyagé partout à travers le monde pour tourner des documentaires, et par chance! Comme on tournait une fiction, on a prévu plein de choses, mais on était confronté à la météo et à un pays, il faut le dire, communiste. Il y a des scènes qu’on n’a pas tourné comme on aurait voulu. Dans le Bas-St-Laurent, on a vécu probablement l’une des plus grosses tempêtes depuis les cinq dernières années. J’étais tellement content parce que ça va avec l’état psychologique des personnages. Le résultat me plait beaucoup parce qu’on a l’impression que tout est calme, introspectif et méditatif, mais le tournage était un gros chaos! », a révélé le cinéaste sur le tapis rouge.
Imaginé par la scénariste Marie Vien (La passion d’Augustine), ce récit de rédemption entre deux mères aux destins différents à jamais liées par la même enfant était trop significatif pour Duval, parrain d’une fille adoptée en Chine, pour qu’il laisse ce projet lui filer entre les doigts. «Je suis parrain de Flavie depuis une douzaine d’années. J’ai voulu parler de ce phénomène-là qui est d’adopter à l’étranger, mais l’histoire raconte aussi les conséquences de la guerre selon le point de vue d’une orpheline de guerre à qui on a arraché son enfant. Quand on découvre l’histoire derrière, c’est un peu vertigineux. Ma sœur, qui a adopté Flavie, ne sait pas qui sont les parents biologiques de sa fille. Il y a toujours une part de mystère, et Marie Vien a voulu aller interroger ça. »
Que ce soit dans son parcours professionnel ou personnel, le rôle de mère occupe une place prépondérante et déterminante dans la vie d’Anne Dorval qui, après avoir joué un éventail éclectique de mamans, devait cette fois-ci se plonger corps et âme dans une profonde retenue et tristesse. «Quand je lisais le scénario, je voyais bien que c’était une histoire particulière. Je voyais que c’était une mère qui essaie de se guérir. C’était déjà en retenue dans l’écriture. Je n’avais pas envie de faire autre chose. Le rôle demandait ça et fallait que je fasse, c’est tout! Il y a autant de mères que d’individus sur la planète! Chaque mère a son histoire. Jouer, c’est une somme d’observations, de gens autour de moi, d’histoires qu’on me raconte, d’imagination aussi. Je me suis isolée beaucoup sur ce tournage-là. J’avais besoin de me concentrer. J’avais besoin d’être seule, je revenais quand c’était le temps, mais ça s’est fait en douceur quand même. » a souligné la grande comédienne.
Incarnant Pierre Dufour, le mari d’Isabelle, François Papineau devait également explorer cet état de jeu, mais à l’intérieur d’un personnage qui a pour principales fonctions le réconfort et le support. «Je me fie tout le temps au scénario. Il y a des choses qui s’imposent avec la magie des montages, ce qui fait en sorte qu’on le vit très simplement! C’est un grand drame, mais tu y plonges à chaque instant. Je n’ai pas associé ce drame-là à un drame personnel car je suis très sensible à la fiction. Je m’applique à ça. J’écoute Frozen et Cinderella, et je pleure!» a indiqué l’acteur qui était heureux de retravailler avec le réalisateur d’Unité 9. «J’ai travaillé avec lui sur plusieurs projets. À chaque prise, Jean-Philippe vient te voir pour te dire ce qu’il a aimé. Il te laisse beaucoup de liberté. Il remarque les bons coups que tu fais. Les acteurs, on est bon quand on se sent en confiance.»
De son coté, Laurence Barette incarne une adolescente de 17 ans qui, par la décoration de sa chambre, semble partagé la même passion aquatique que sa mère adoptive. «J’ai vu Clara comme quelqu’un qui est très bien au Québec et qui n’est pas torturée par son adoption. Elle aime ses parents adoptifs. Pour elle, ce sont ses vrais parents. Donc, oui, c’était important de voir qu’il y avait quelque chose dans l’éducation qui était plus fort que la génétique d’une certaine manière. Je voulais créer une atmosphère de famille, et ça a été super facile avec Anne et François. Le film est arrivé à un bon moment dans ma vie personnelle car je me questionnais sur mon identité. Même si on ne voit pas trop Clara se questionner sur ça, elle m’a beaucoup inspirée à juste profiter du moment et d’être bien où je suis.» a-t-elle déclaré.
En ce qui concerne Leanna Chea, dont il s’agissait du premier grand rôle au cinéma, elle retient un très bon souvenir de la chimie qu’elle a développée avec Anne Dorval avec qui elle partage des scènes émotives d’une grande beauté et complexité. «On avait toutes les deux la volonté de faire une bonne préparation. Malheureusement, nous n’avons pas eu ce temps-là car Anne est tombée très malade à son arrivée au pays, mais ça s’est fait tout de même très naturellement. On sentait déjà au casting qu’on était deux personnes complémentaires. Je voulais être à sa hauteur.»
14 jours 12 nuits prendra l’affiche le 6 mars 2020 partout au Québec.
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média