Moins de 24 heures après le fabuleux et grandiose Grand spectacle de la Fête nationale du Québec, la chaîne TFO diffusait un autre spectacle célébrant la richesse de la musique francophone. Enregistré en direct de la Gare Dalhousie du Cirque Éloize à Montréal, Tout pour la musique réunissait 12 artistes qui, pendant 90 minutes, ont offert sans prétention et sans fioriture des pièces vaporeuses qui revigorent l’âme.
La force première de ce spectacle présenté par la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures a été sans contredit son intimité. À la maison, les spectateurs se sentaient dans une bulle réconfortante qui happe en plein cœur. Les mélodies enveloppantes ont détruit le sentiment d’isolement. Le choix des chansons a également agréablement surpris. Le public a été à même de fredonner quelques pièces connues mais surtout de découvrir des perles chantées avec nuance et pureté.
En fait, le nombre peu élevé des chansons québécoises qualifiées de classiques comparativement à d’autres spectacles du genre ont permis à celles interprétées de se démarquer, surtout que le mélange des pièces connues à celles moins populaires était cohérent et fluide. L’ajout des cordes du quatuor Esca apportait une touche bouleversante et mélancolique qui ne pouvait faire autrement que d’investir profondément les spectateurs. La décision que ce soit les artistes qui présentent eux-mêmes le prochain invité a évité les temps morts et mis l’accent sur la musique magnifiquement dirigée par Antoine Gratton.
La chanson d’ouverture, Maudit Bonheur livrée par Michel Rivard , a efficacement donné le ton. Par la suite, Luc De Larochellière et Tire le coyote (Benoît Pinette) ont respectivement entonné les excellentes Sauvez mon âme et Calfeutrer les failles. Caroline Savoie a séduit avec sa voix rauque unique sur son titre rempli d’espoir, Mille et un. Parmi les autres pièces livrées en solo qui ont particulièrement attiré l’attention, notons la dynamique Molly interprétée par le fougueux Mehdi Cayenne, l’accrocheuse Amours jetables proposée par une Mélissa Ouimet extrêmement en forme vocalement, la guillerette Je tombe livrée par le tout aussi sympathique Damien Robitaille, la folle version Dixie d’Harmonium campée par un Antoine Gratton déchaîné et Jamais assez loin chantée par une Isabelle Boulay plus habitée que jamais.
Tout pour la musique s’est également distingué au chapitre des duos. Ces combinaisons, bien souvent poignantes et mémorables, avaient des allures de jamais vu puisque ce sont les artistes eux-mêmes qui ont choisi avec qui ils voulaient chanter et quelles chansons. Les spectateurs ont donc eu droit à une douce rencontre entre Michel Rivard et Tire le coyote sur Tombé du ciel, à une valse pétillante entre le couple Andrea Lindsay et Luc De Larochellière sur Café et champagne ainsi qu’à une renversante relecture de Si fragile entre De Larochellière et Isabelle Boulay. Leurs voix se mariaient à merveille et cernaient toute la vulnérabilité de ce texte universel et fort qui ramène aux valeurs fondamentales, spécialement en ce temps de pandémie.
En fin de parcours, les artistes ont tous pris place autour d’un feu de camp pour un dernier instant rassembleur au son de La complainte du phoque en Alaska. Une finale parfaite qui donne envie de savourer les 12 épisodes de prestations musicales qu’ont préparé la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures sur sa chaîne YouTube.