Lorsqu’on entend le nom de Kim Yaroshevskaya, on pense instantanément à Fanfreluche , cette poupée passionnée d’histoires qui a tant charmé des milliers d’enfants. Lorsque le journaliste Hugo Lavoie de Radio-Canada l’a interrogée sur son arrivée à Montréal, l’artiste a compris que sa propre vie méritait également d’être relatée. Habitée par un torrent de souvenirs marquants trop longtemps enfouis, Kim Yaroshevskaya a donc écrit Mon voyage en Amérique, texte qui a joui d’une lecture publique, hier, au Théâtre Outremont dans le cadre du Festival International de Littérature.
Pour donner vie à cet inspirant périple, Kim a demandé que ce soit Pascale Montpetit qui monte sur la scène. Accompagnée d’enregistrements de la voix ricaneuse de Kim et de photographies d’archives projetées sous forme de chapitre, la comédienne a livré une performance touchante, vraie et remplie d’admiration. Empruntant subtilement et judicieusement le timbre vocal si caractéristique de Yaroshevskaya sans ne jamais chercher à l’imiter, Montpetit a évidemment laissé toute la place aux mots et aux émotions qu’ils renvoient. Les spectateurs ont plongé dans la proposition avec attention et fascination.
De prime abord, Mon voyage en Amérique semble être un typique récit d’immigration, mais il prend rapidement des allures d’autobiographie dans laquelle l’auteure se permet de commenter avec son objectivité d’une femme de 94 ans les tranches de vie qu’elle dévoile. À travers les yeux d’une enfant naïve qui découvre le monde, Kim traite avec humour de ses appréhensions et petits bonheurs. L’analyse du choc culturel et les sentiments rattachés à un tel voyage s’arrêtent là. Kim démontre tout simplement que, malgré des épreuves troublantes et déterminantes qui effrayeraient même un adulte, elle était une enfant comme les autres qui voulait seulement forger sa place et trouver sa passion. Ce n’est pas le fait qu’elle vienne s’installer au Québec qui fait de son voyage en Amérique une histoire captivante, mais bien elle, sa force de caractère incroyable et sa joie de vivre irrésistible.
Les doutes et la solitude que peut entraîner cette réalité, Kim les a canalisés dans son besoin de créer et de se laisser animer par des personnages imaginaires. Il y a quelque chose de profondément touchant et inspirant dans sa manière d’aborder le théâtre, le processus d’écriture et le désir d’être authentique auprès des gens qui prennent le temps de savourer les œuvres. C’est d’ailleurs ce petit je-ne-sais-quoi d’attendrissant qui nous donne très hâte à la suite de ses belles aventures car, oui, Pascale Montpetit a révélé que le conte est loin d’être terminé. 😉
Crédits Photos : Festival International de Littérature