Hier soir, une Salle Wilfrid-Pelletier comble accueillait la première médiatique du tout nouveau spectacle solo de Véronic DiCaire intitulé simplement 3. Ayant adopté la chanteuse depuis plus d’une dizaine d’années, le public connaît déjà ses imitations les plus impressionnantes, hilarantes…et aussi les plus communes. Or, avec ce troisième tour de piste, l’artiste se dévoile comme jamais en offrant un divertissement franchement étonnant et visuellement spectaculaire qui apporte de la fraîcheur à un concept limité.
«Vivons ensemble le plaisir d’être ensemble», a lancé la principale intéressée avant de débuter en force avec la touchante What about us de P!nk de laquelle elle a reproduit les notes hautes à la perfection. Appuyée par une éclatante mise en scène signée Josée Fortier, l’enfilade de plus de 80 chansons qui s’en est suivie s’est effectivement avérée fort rassembleuse de par son déstabilisant registre allant de Jeunesse d’aujourd’hui à Hubert Lenoir. Ce désir d’offrir une soirée généreuse plaisant à un vaste public s’est fait ressentir tout au long de ce concert de plus de 90 minutes divisé en treize tableaux tous aussi pertinents les uns que les autres. Une remarquable fluidité existait entre le nombre imposant de chansons, les moments festifs et doux, les danseurs, les jeux de lumière éblouissants et les sublimes projections. Devant une telle invitation, les spectateurs contenaient difficilement leur folle envie de danser et chanter comme s’il n’y avait pas de lendemain.
Ceci dit, Véronic DiCaire n’est pas demeurée dans sa zone de confort pour autant. À travers un répertoire regorgeant d’indémodables classiques, elle a su étonner en choisissant des pièces que nous n’aurions pas nécessairement penser entendre, comme I have nothing pour personnifier Whitney Houston plutôt que la traditionnelle I will always love you, un risque payant relevé avec brio. La deuxième ovation spontanée de la soirée est alors survenue.
De plus, elle n’a pas eu peur de se mettre en danger avec de nouvelles imitations absolument savoureuses et tordantes. On retient spécialement celle parlée et chantée de Nanette Workman qui était d’une justesse remarquable. Au chapitre des voix qui sonnaient exactement comme sur le disque, il faut mentionner Charlotte Cardin avec Faufile, Lynda Lemay avec Jonquière, Céline Dion avec The show must go on, Diane Dufresne avec Souvenir heureux et Deelite avec Groove is in the heart. L’artiste a également réussi à capter avec subtilité et finesse les grains distinctifs et complexes de superstars comme Adele, Katy Perry et Sia. Sa performance de la chanson de l’heure, Shallow de Lady Gaga, donnait des frissons.
Pour rester actuelle, Véronic DiCaire a consacré un segment à Spotify , qu’elle a rebaptisé pour l’occasion Spoty-Caire. En réalité, le concert dans sa totalité pouvait être considéré comme le Spotify de la chanteuse tant elle était émotionnellement investie dans chacun des titres choisis. Que ce soit en interprétant du Ariana Grande ou du Marie Carmen, elle affichait sincèrement son admiration envers toutes les femmes qu’elle chantait, et c’était immensément palpable chez le public qui ne pouvait faire autrement que de s’attacher davantage à sa personnalité sympathique et drôle. D’ailleurs, DiCaire n’a pas cherché à vouloir faire rire à tout prix, et c’est ça qui a donné lieu à des moments cocasses des plus adorables. Peu de parodies humoristiques ont été pondues pour ce spectacle, emmenant ainsi l’habituelle cohabitation imitation et humour à un niveau plus moderne et moins cliché. Entièrement à l’aise dans ce concept, la chanteuse a même laissé sa propre voix prendre le dessus par moments, ce qui était également un pur bonheur à entendre. Ses prouesses vocales ont impressionné au même titre que son énergie débordante.
Les splendides chorégraphies, en plus de rappeler efficacement certains vidéoclips, ont donné lieu aux numéros les plus dynamiques puisqu’elles étaient utilisées à bon escient. Un autre segment qui a fait boule neige a été celui mettant en scène des chanteuses incarnant des succès qu’elles n’auraient jamais chantés en temps normal. Il était tout particulièrement jouissif d’entendre Safia Nolin reprendre Y’a de la joie et Édith Piaf qui entonne I kissed a girl avant d’arracher les larmes sur la tristement actuelle S’il suffisait d’aimer. Une trouvaille tout simplement géniale qui a suscité de vives émotions. Pour pimenter sa fameuse imitation de Céline, Véronic DiCaire a eu la brillante idée de résumer la carrière de la star en lui offrant sa propre comédie musicale. Ce numéro recèle d’irrésistibles clins d’œil, mais il gagnerait cependant à être resserré. Bien que drôlement intéressante, la conclusion mettant en vedette la magnifique Aimons-nous d’Yvon Deschamps sur laquelle de grandes voix comme Ginette Reno, Isabelle Boulay et Lara Fabian se succèdent devant une projection de style pop art de Véronic qui les imite manquait étrangement de douceur.
Bref, 3 est une réussite totale qui divertit, émeut et étonne. La tournée de trois ans prévue pour ce concert s’annonce des plus palpitantes et réjouissantes. Pour plus de détails, cliquez ici.
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média