La comédienne et écrivaine Francine Ruel nous envoie dans une sphère qu’elle n’avait pas encore visité : sa vie. Ce poids qu’elle a vécu longtemps dans le silence sort aujourd’hui dans cette histoire qu’elle nomme Anna et l’enfant-vieillard. Elle aurait pu choisir une simple biographie pour nous livrer ses émotions, son vécu, mais elle a fait plus fort en nous les partageant de façon romanesque. Le titre et la couverture qui l’illustrent en dit déjà beaucoup sur cette réalité qui frappe en plein cœur.
De manière naturelle et avec beaucoup d’émotions, on embarque dans la vie d’Anna, une mère désemparée, qui doit faire le deuil de quelqu’un de vivant, celui de son fils. Les pourquoi et les doutes ne sont plus des questions que le personnage se pose seule puisque, ligne après ligne, nous aussi on finit par se les poser et nous devenons très vite un soutien pour cette maman à la fois forte et fragile. L’histoire est faite de lien entre l’enfance d’Arnaud et sa vie actuelle qu’elle tente en vain de comprendre et d’accepter.
Arnaud était un enfant soucieux des autres et curieux. Il aimait tendre la main et donner à autrui. Son regard sur les autres donnait l’impression qu’il aurait un brillant avenir comme le souhaitent toutes les mères pour leurs enfants, mais Anna ne pouvait pas se douter que son enfant si bienveillant finirait par choisir la rue plutôt que le confort d’une vie bien rangée et devenir ainsi un jeune-vieillard. C’est dans la vie d’une mère perdue par l’absence et les choix de son fils, face à la peur constante d’un appel qui pourrait tout arrêter et face à une montagne russe d’espoir et de larmes que Francine Ruel nous ouvre les portes. Un roman qui est d’autant plus bouleversant quand on sait qu’il a été écrit d’un point de vue extérieur tout en l’ayant vécu de l’intérieur.