Les Cowboys Fringants nous reviennent avec un tout nouvel album ayant pour titre Les Antipodes. Leur réputation n’étant plus à faire, quatre ans se sont écoulés entre Octobre (2015) et ce nouvel opus qui était somme toute attendu. Le groupe nous offre un album qui évoque un sentiment de statut quo musical, comme si le groupe désir changer de disque sans pour autant faire table rase sur ce qui les a défini depuis leurs débuts.
Un album inspiré par une époque peu inspirante
En tant que tel, Les Antipodes s’écoute assez bien, mais il n’est pas extraordinaire pour autant. Que ce soit la composition et la structure des chansons ou les textes, le groupe a su être fidèle à sa réputation. Néanmoins, ils auraient peut-être pu aller plus en profondeur dans les thèmes qu’ils abordent et peut-être explorer davantage sur le plan musical. Les mélodies ainsi que les tempos sont assez simples mais coulent bien dans les oreilles. Malheureusement, les partitions sont loin de sortir de l’ordinaire, aussi bien travaillées soient-elles. On dirait que le groupe est resté dans ses vieilles pantoufles en nous offrant une recette bien apprêtée, mais tout de même déjà vue.
L’album symbolise, à bien y penser, la réalité de notre époque. En d’autres mots, depuis plusieurs années, les choses bougent peu et les enjeux restent les mêmes depuis longtemps. Seul le contexte est différent (Same shit, different day , comme dirait nos voisins). Sachant que les Cowboys Fringants est un groupe très engagé à la base, il est difficile de s’attaquer à des problématiques qui restent sensiblement les mêmes depuis vingt ans. Il est donc difficile de ne pas tomber dans la redondance pour cette raison. Les textes sont d’ailleurs bien écrits et bien pensés, mais il n’en reste pas moins qu’ils ne font que reformuler certains propos déjà abordés dans le reste de leur discographie. D’une autre part, on ressent aussi que le groupe a passé l’époque des grandes dénonciations. Il n’a pas fait l’erreur de ramener la gloire du passé alors que les membres sont plus là où ils étaient à leur début. La façon d’aborder leur musique est évidemment moins fougueuse, mais très mature, traitée avec un point de vue et un état d’esprit différent par rapport aux jeunes musiciens révoltés de l’époque. D’ailleurs, les deux premières chansons (L’Amérique pleure et Les maisons toutes pareilles) du disque nous plongent dans une sincère morosité qui ne laisse pas indifférent.
Ayant tout flaubé son magot, il n’avait pu trop le cœur à la fête…
C’est plutôt les morceaux plus festifs qui accrochent moins, comme s’il y avait un besoin d’intégrer cet aspect décontracté, bien connu des Cowboys, mais qui ne nous fait pas oublier la mélancolie ambiante exprimée sur le disque. Le plus gros défaut des Antipodes, c’est l’absence de ligne directrice et d’unité. L’album se résume plus à un collage de différents morceaux tous réunis sur le même disque qui s’enchaînent l’un après l’autre. Bien qu’aujourd’hui le concept d’album commence à être remis en question, il n’en reste pas moins que cela donne l’impression que l’ensemble des morceaux manque de cohésion, ce qui donne de la difficulté à s’abandonner entièrement dans cette oeuvre. Les Antipodes reste tout de même un album bien travaillé avec quelques bons passages malgré quelques longueurs et certains morceaux moins marquants.
Si vous êtes fans des Cowboys Fringants ou que vous désirez simplement une trame sonore pour accompagner vos blues d’automne, l’album en vaut quand même la peine. Toutefois, si vous avez en tête de retrouver le premier coup de foudre de Break Syndical ou La Grand Messe, vous risquez d’être quelque peu déçu. Il sera intéressant de voir ce que ces nouvelles chansons vont donner en spectacle, car il faut se rappeler que c’est en concert que les Cowboys Fringants offrent le meilleur d’eux-même. L’expérience studio et live du groupe restent deux mondes incomparables.
Crédits Photos : Mélanie Vachon, Éklectik Média