Notre plus belle saison : un Noël comme les autres ★★★

Pour plusieurs, la saison des films légers de Noël est bel et bien entamée. Entre les classiques qu’on dévore année après année, il faut quelques nouveautés à se mettre sous la dent. L’une des dernières en lice est Happiest Season (version française de Notre plus belle saison), disponible depuis le 26 novembre sur Hulu et la plupart des plateformes de vidéo sur demande. Cette comédie romantique, qui marque la première réalisation de l’actrice Clea DuVall , a pour personnages principaux un couple lesbien.

Un film de Noël grand public co-écrit et réalisé par une artiste issue de la communauté LGBTQ+? Oui, svp! Cette offrande attendue s’annonçant moderne et rafraichissante réserve des performances convaincantes et des moments jouissifs, mais ne réinvente pas la roue des comédies romantiques campées pendant le temps des Fêtes. Malgré les efforts louables de cette production, une bonne partie du public ciblé risque même d’être déçu des valeurs quelque peu toxiques prodiguées lors de la sirupeuse finale.

Ce film inclusif relate l’histoire d’une jeune union entre deux femmes à la personnalité forte, Abby (Kristen Stewart) et Harper (Mackenzie Davis). Sur un coup de tête, cette dernière invite sa tendre moitié à passer les vacances de Noël chez sa famille sophistiquée et conservatrice qui mise grandement sur les apparences. Ayant longtemps cessé de célébrer cette période à cause d’un passé familiale décimé, Abby finit toutefois par accepter…sans se douter qu’elle apprendra à la toute dernière seconde qu’elle devra prétendre être la colocataire hétérosexuelle de celle qu’elle voulait secrètement demander en mariage le 25 décembre! La rencontre avec une ancienne flamme d’Harper (interprétée par Aubrey Plaza) viendra également soulever de nombreux questionnements…

Eh oui…Happiest Season sert une histoire de coming out sur fond de fêtes distinguées et de décorations rouges et vertes ultra léchées. Il est certes difficile de ne pas aborder ce sujet tellement il est un passage tristement obligé et qu’il recèle de vécus différents et inspirants pour la plupart. Par contre, le traitement étonnamment rétrograde préconisé par une artiste ayant pourtant la même orientation sexuelle que les protagonistes vedettes fait sourciller. En fait, on sent que la cinéaste a tellement eu peur d’offusquer les cinéphiles moins ralliés à la cause qu’elle a oublié tous les autres en optant pour un résultat consensuel alors que plus d’audace et de réalisme aurait été de mise pour que le film se démarque davantage.

Le long-métrage ne déconstruit aucunement les codes du film de Noël, à part, on y vient encore, celui mettant en scène un couple qui n’est pas hétérosexuel. Les clichés reliés au genre pleuvent : les sentiments dégoulinants, les rivalités fades, les révélations-chocs pendant des soupers familiaux, des malaises pesants et des revirements aussi burlesques que prévisibles.

Sous ses airs coincées faussement ouverts, la famille bourgeoise d’Harper n’a pas assez de charme pour qu’on s’attache rapidement aux personnages et à leurs défauts. Disons qu’on est loin de l’atmosphère décalée et jubilatoire de La famille Stone… Heureusement qu’il y a le confident maladroit mais sincère (hilarant Dan Levy), la sœur geek au cœur tendre (charismatique Mary Holland), les délires Instagram de la matriarche (la toujours excellente Mary Steenburgen) et le sarcasme élégant mais franc d’Aubrey Plaza qui partage une renversante chimie avec Kristen Stewart qui aurait gagné à être davantage exploitée.

D’ailleurs, pour une de ses premières comédies romantiques en carrière, Kristen Stewart fait à la fois preuve d’un solide aplomb et d’une irrésistible naïveté. Elle est bien appuyée par une Mackenzie Davis investie, mais qui ne parvient totalement à faire pardonner les mensonges et l’influence négative de sa protagoniste. Même si, à cause de cela, on se demande souvent pourquoi la gentille Abby se laisse aveuglée par la compliquée et égoïste Harper, force est de constater que leurs scènes plus intimes sont attendrissantes et fort crédibles.

Bref, tous ces éléments font d’Happiest Season un film de Noël comme les autres, mais qui se laisse écouter tranquillement grâce aux interprétations justes et à ses doux moments de sarcasme. Maintenant que la porte est franchie, ne reste plus à Clea DuVall de la fracasser pleinement pour offrir une histoire qui se démarque autant par l’originalité de son contenu que par sa prémisse de basse.

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