Deuxième long-métrage issu de la quatrième phase du Marvel Cinematic Universe (le premier étant BLACK WIDOW), Shang-Chi et la légende des dix anneaux, à l’affiche partout au Québec dès le 3 septembre, laisse présager un spectaculaire vent de fraîcheur dans la franchise. En effet, cette nouvelle production fort divertissante s’avère être une agréable surprise compte tenu du fait qu’elle n’ait pas fait beaucoup jaser avant sa sortie comparativement à d’autres œuvres du célèbre studio.
En misant entre autres sur la diversité culturelle, des vilains moins manichéens, des caméos surprenants ainsi que sur des effets spéciaux teintés de poésie, Shang-Chi et la légende des dix anneaux met la barre haute pour les prochaines œuvres du studio qui sortiront prochainement au cinéma dont Eternals (5 novembre 2021) et Spider-Man : no way home (17 décembre 2021) qui a enfin dévoilé en début de semaine sa première bande-annonce officielle.
Étant donné que le personnage de Shang-Chi, incarné par Simu Liu (de la série Kim’s Convenience), n’apparaît pas dans les précédents films de Marvel, nul besoin d’être un expert en Marvel pour comprendre l’histoire et s’attacher aux personnages, ce qu fait en sorte que le scénario signé Andrew Lanham, Dave Callaham et Destin Daniel Cretton (également le réalisateur du film) offre un récit complexe grâce à ses rebondissements inattendus et profondément humains, et non parce qu’il faut, tout en suivant le film, garder en mémoire les faits et gestes d’autres superhéros du MCU pour bien comprendre les intrigues.
Shang-Chi est en fait un expert en arts martiaux qui habite en Amérique depuis 10 ans et qui travaille comme voiturier avec sa meilleure amie Katy (Awkwafina). Un jour, son père (Toni Chiu-Wai Leung), qui porte dix anneaux le rendant immortel et immensément puissant, menace de détruire Ta-Lo, le pays de sa mère où vivent en harmonie citoyens et créatures magiques. Shang-Chi se rend donc en Chine avec Katy pour tente d’arrêter la folie de son père et enfin faire face aux fantômes de son passé.
Bien évidemment, le film met en avant la culture asiatique et ses valeurs et traditions avec un grand respect. Il est bien de voir d’autres villes que New York dans des blockbusters du genre, d’autant plus que cette incursion en Chine permet de rendre plus originaux et rafraichissants certains codes du film de superhéros. Les scènes de combats coupent le souffle, car elles donnent le champ libre à d’impressionnantes démonstrations en art martial. Les chorégraphies se marient merveilleusement à la trame sonore qui, elle, mêle brillamment musique traditionnelle, musique classique, hip hop et effluves electro. Les scènes d’action regorgent d’une douceur et d’une poésie enveloppantes qui nous forcent à consommer et apprécier autrement les films à grand déploiement, et c’est tant mieux.
Cedi dit, le long-métrage n’échappe pas à certaines ruptures de ton. Certains moments sont trop longs et certaines explications s’avèrent trop approfondies pour ce qu’elles signifient, ce qui peut rendre confus les cinéphiles moins initiés à l’univers de Marvel. Par exemple, un caméo secret pas si secret, mais qui vaut la peine de taire suscite de l’étonnement et de bons rires, mais la portion méta de cette apparition est grossièrement exécutée. On sent que les créateurs ont voulu réajuster des stéréotypes véhiculés dans des films Marvel précédents qui ne sont plus appropriés aujourd’hui, ce qui est fort louable, mais pas exactement en cohérence avec l’arc narratif du film.
Ce qui est bien amené, par contre, sont les pointes d’humour qui ont fait le succès du MCU. Les blagues font mouche presque à tous les coups, spécialement grâce à Awkwafina qui, avec sa douce candeur et ses regards si expressifs, devient en quelque sorte le miroir du public qui est aussi ébahi et désorientée qu’elle face à ce qu’il apprend et voit. Avec son désir d’être 100% elle-même malgré l’approbation de sa famille et ses amis, elle s’avère également être un beau modèle féminin pour les plus petits fans de Marvel.
Pour son premier rôle principal dans une grande production, Simu Liu relève le défi avec brio. Époustouflant de confiance dans les combats, sa personnalité plus réservée et moins flamboyante que celle de ses collègues héros offre un beau contraste et donne une image renouvelée et plus authentique des personnages dotés de talents exceptionnels. D’ailleurs, le film expose une belle morale sur les efforts à mettre pour réussir ses objectifs et l’importance d’écouter son instinct quand les choses ne se déroulent plus selon nos convictions. Liu et Awkwafina démontrent une irrésistible chimie. L’intérêt amoureux est là, mais il n’est jamais cliché et fait plus de place à une amitié sincère.
Que la quête du personnage principal soit personnelle ajoute plus d’émotions à l’œuvre. Enfin, nous avons droit à un »vilain » qui ne remâche pas les mêmes stéréotypes et qui n’est pas unidimensionnel. Le père de Shang-Chi est plus complexe et nuancé qu’il ne paraît. Le public croit à son déchirement intérieur pour finalement avoir des doutes quelques secondes plus tard et revenir à ses premières impressions.
Bref, Shang-Chi et la légende des dix anneaux, est un excellent film de Marvel qui donne hâte de voir ce que le futur réserve à Schang-Chi… Un poste avec les Avengers pourrait être intéressant, non? Oh et, comme toujours, ne quittez pas votre siège dès que le générique de fin commence à défiler…