Dans le cadre du FIL, nous avons pu découvrir Sébastien Ricard à la Cinquième Salle de la Place des Arts à la présentation du poème de Georg Trakl (1887-1914) Rêve et folie, d’une durée de 35 minutes. Celle-ci fut suivie d’une période de questions entre le public et les principaux intervenants de cette production. Ce poème fut récité par l’incomparable Sébastien Ricard conseillé dramaturgiquement par Amélie Dumoulin, dans une mise en scène de Brigitte Haentjuins.
Le talent incommensurable de Karl Lemieux s’est encore une fois démontré dans la vidéo qui servait de décor et qui se mariait très bien à tous les niveaux à ce texte dur, violent, doux et touchant à la fois. Les images de la nature étaient aussi apaisantes que le texte pouvait être prenant. La souffrance tant physique que mentale et morale est à notre avis à la base de ce magnifique texte.
Et que dire de l’interprétation de Sébastien Ricard, qui en y repensant nous donne encore la chair de poule. Dès qu’il entre en scène, il tombe et fait une crise de convulsions, une crise qui se répète à quelques autres reprises. Si jamais quiconque avait des doutes quant au talent abyssal de Sébastien, et bien ces doutes se sont certainement évaporés à la suite de la performance magistrale qu’il nous a si généreusement offerte avec toute l’émotion dont on le sait capable.
Il faut savoir que l’auteur de ce texte, Georg Trakl est mort d’une overdose de cocaïne en 1914, à l’âge de 27 ans. Ce génie, au moment de sa mort, était pharmacien soldat sur l’un des fronts les plus meurtriers de la Première Guerre mondiale. Il était rongé par l’angoisse et la folie et ce poème en est bien l’indicateur. Lors de la période de question, une dame de l’assistance a résumé ce qu’elle venait de voir en quelques mots : Une performance chorégraphique traduite par les mots. Et comme elle avait raison. Le FIL continue ses présentations jusqu’au 3 octobre, et beaucoup d’autres belles surprises sont à l’affiche.