Starmania

Starmania : 5 raisons de voir le spectacle avant son départ

La nouvelle adaptation de l’opéra rock Starmania crée par Luc Plamondon et Michel Berger prend d’assaut la Place Bell de Laval jusqu’au dimanche 18 août. Sous la lorgnette du metteur en scène Thomas Jolly, celui-là même à qui on doit les cérémonies d’ouverture et de fermeture des Jeux Olympiques de Paris 2024, l’œuvre dystopique plus actuelle et terrifiante que jamais épate par son visuel époustouflant et sa distribution hautement talentueuse. Tellement que ces deux éléments excusent aisément les longueurs, la trame narrative nébuleuse et un faible développement psychologique des personnages.

Voici donc 5 raisons qui expliquent pourquoi la nouvelle mouture de Starmania, qui a attiré plus de 1 millions de spectateurs et qui a atteint sa 300ième représentation le 10 août au Québec, vaut le détour. 

© Anthony Dorfmann / La Tribu

5-Propos engagés

Monopolis est une ville souterraine en ruines, dominée par des groupes rebelles qui veulent renverser le pouvoir en place, dont la puissante alliance les Étoiles noires menée par la rusée Sadia et l’imprévisible Johnny Rockfort. Un richissime homme d’affaires créateur de gratte-ciels du nom de Zéro Janvier se lance en politique pour revenir dans un climat rétrograde mené par la peur de l’autre. L’étincelante animatrice Crystal de l’émission Starmania vend du rêve à des gens qui font la manchette en leur promettant la gloire instantanée alors qu’une star déchue nommée Stella Spotlight use d’hypocrisie et de manipulation pour rester sous les lumières des projecteurs. Voilà une fiction, ou plutôt une prophétie comme elle a été écrite il y a plus de 45 ans, à laquelle on peut dresser plusieurs parallèles à l’époque actuelle. Cet aspect visionnaire impressionne et permet de mieux plonger dans les nombreuses couches de signification que contient les histoires du légendaire Plamondon.

© Anthony Dorfmann / La Tribu

4-Arrangements musicaux

Les musiciens ont réalisé un travail admirable pour dépoussiérer certaines notes de synthétiseurs et rendre au goût du jour les pièces pit qu’elles deviennent encore plus grandioses et émotives .

© Anthony Dorfmann / La Tribu

3-Éclairages

Les jeux de lumières, de lasers, de fumées et de projecteurs qui jaillissent du sol en rangée confèrent à la production un aspect cinématographique fort intéressant et prenant. En ce sens, cette version immersive de Starmania s’avère fabuleusement interactive sans jamais ne chercher à l’être. Les spectateurs, qu’ils soient au parterre ou plus haut dans la salle, ont l’impression de recevoir tous ces éléments à la figure et de faire partie intégrante du spectacle. Un véritable tour de force. Ceci dit, surtout lors de la première partie, certains tableaux manquaient cruellement de lumière, à un point tel qu’il était difficile de distinguer les personnages.

© Anthony Dorfmann / La Tribu

2-Décors

Les décors suggestifs à mi-chemin entre réalisme et surréalisme séduisent dès le premier regard. On s’éloigne dramatiquement des décors convenus habituellement associés aux comédies musicales. À l’instar des éclairages, les décors possèdent une touche cinématographique fort créative. Mention spéciale à la plaque tournante sur laquelle les interprètes passent le trois quarts du spectacle ainsi qu’à l’immense tour illuminé et criblée de marches représentant les demeures somptueuses de Zéro Janvier et Stella Spotlight.

Starmania
© Anthony Dorfmann / La Tribu

1-Interprètes

Autant les comédiens que les danseurs offrent des moments à couper le souffle. Au niveau des chorégraphies marquantes signées Sidi larbi cherkaoui, notons celle où le personnage de Stella Spotlight participe à des séances libertines chez le rival de Zéro Janvier, la gourou Marabout et celle mettant en scène des doubles du personnage de Ziggy, incarné par Adrien Fruit.

Au-delà de l’énigmatique, intense et vaporeuse Maag dans la peau de Stella Spotlight, les artistes québécois tirent admirablement bien leur épingle du jeu. Manet-Miriam Baghdassarian, qui a fait partie du télécrochet La Voix, incarne une Sadia fougueuse à l’extérieur et brisée par un amour à sens unique à l’intérieur. Son énergie et sa maîtrise vocale irréprochable sur Ce soir on danse à Naziland sont mémorables. Grand gagnant de Star Académie en 2021, William Cloutier dévoile ici une autre facette de son talent, un jeu d’acteur crédible et des nuances vocales qui parviennent à donner des frissons à plusieurs reprises au courant du spectacle, notamment lors de la mythique S.O.S d’un terrien en détresse.

Enfin, David Latulippe incarne avec brio la froideur de Zéro Janvier et sa fausse compassion envers « le peuple ». Alors qu’il expose avec fracas la vulnérabilité du magnat financier sur Le Blues du Businessman, il est capable de dévoiler sans filtre la véritable nature de l’homme lorsqu’il lance son venin à Stella. Ces artistes ont tous eu droit à des ovations méritées. Il est possible de se procurer des billets pour les représentations restantes sur le site Internet ICI