Wicked pour de bon : Difficile de dire au revoir…

Il est important de le préciser d’entrée de jeu, car cela peut influencer l’appréciation du visionnement : il y a une raison pourquoi le titre de la deuxième partie de Wicked n’est pas Wicked 2. Wicked pour de bon, film très attendu qui est au cinéma depuis le 21 novembre, n’est pas une suite de Wicked, mais une continuité, au même titre que les deuxièmes parties des conclusions cinématographiques de sagas comme Hunger Games ou Harry Potter.

L’histoire se déroule tout de suite après les événements qui ont terminé Wicked. Grâce aux machinations diaboliques de Madame Morrible (Michelle Yeoh, qui maîtrise davantage ses regards glaciaux et méprisants que sa voix chantée) et le Magicien d’Oz ( un Jeff Goldblum totalement confus), la jeune défenderesse des animaux de la forêt à la peau verte Elphaba ( impériale Cynthia Erivo) est perçue comme une méchante sorcière aux dangereux pouvoirs qu’il faut abattre à grands coups de sceaux d’eau. La meilleure amie d’Elphaba, la pétillante Glinda ( bouleversante Ariana Grande) est commercialisée comme la bonne sorcière qui vient rassurer la population avec un sourire plaqué et des pouvoirs truqués. En coulisses, elle tente de retrouver celle qu’elle surnomme affectueusement Elphie pour régler la situation. Pendant ce temps, le fiancé de Glinda, le valeureux soldat Fiyero ( vulnérable Jonathan Bailey), est officieusement à la recherche d’Elphaba pour l’arrêter mais, dans les faits, il n’a qu’une intention: lui dévoiler pour de bon son amour.

L’atmosphère est donc résoluement plus sombre que celle qui caractérisait le premier volet presque sortie à pareille date l’an dernier. Les numéros musicaux clinquants, les tableaux colorés, les blagues grand public et l’esprit bon enfant ne sont plus là tête d’affiche. Les chansons les plus marquantes et populaires de l’univers Wicked figuraient dans l’opus précédent. Il faut avoir en tête que cette atmosphère est presque inexistante dans Wicked pour de bon et que c’est l’évolution psychologique des personnages qui prend le dessus. Et cela donne lieu à des performances extraordinaires et inoubliables.

Les effets spéciaux et les décors sont encore tout aussi attrayants et valent la peine d’être vu sur un grand écran. Chaque fois que le personnage du Tin Man apparaît, son maquillage surprend par sa crédibilité et la multitude de détails. Les costumes de Paul Tazewell, qui a remporté un Oscar pour son travail sur Wicked, continuent d’en mettre plein la vue et d’éblouir par leur éclat, leur texture et clins d’œil à la comédie musicale Wicked et au Magicien d’Oz. Si les robes de Glinda s’avèrent spectaculaires, spécialement la robe de fiançailles et la bleue portée pendant la majorité du film, les tenues plus modestes, comme la longue veste en laine grise déchirée d’Elphaba sont tout aussi mémorables car elles correspondent parfaitement aux personnalités des personnages.

Les personnes qui ne sont pas familiers avec la comédie musicale Wicked vont eux aussi trouver leur compte dans le dénouement de l’histoire. Toutes les intrigues sont bouclées et réservent de belles surprises. Wicked pour de bon comporte deux chansons originales, No place like home chantée par Cynthia Erivo et Girl in the bubble interprétée par Ariana Grande. Si la voix d’Erivo est magnifique dans No place like home, la chanson ne parvient pas à avoir la même charge émotive que Girl in the bubble qui représente un changement majeur dans la personnalité de Glinda. Qui plus est, Ariana Grande pousse des notes d’opéra à faire hérisser les poils même ceux qui ne sont pas friands de ce genre musical.

L’une des forces de Wicked était la chimie et l’amitié profonde entre Elphaba et Glinda. Ce l’est encore sur Wicked pour de bon. Malgré les conflits et les situations déchirantes, leur lien inébranlable demeure et tire des larmes. Impossible de ne pas avoir les yeux secs pendant la livraison de la chanson For Good et l’ingénieux choix de mise en scène du réalisateur Jon M.Chu. Les émotions sont palpables et plusieurs éléments mis en place subtilement font en sorte que les cinéphiles auront des interprétations différentes sans que le dénouement narratif du film en soit atteint. À côté de ce duo sensationnel, les scènes entre Fiyero et Elphaba font pâle figure et semblent moins fluides, bien que Jonathan Bailey rend bien par un simple regard l’amoureux prêt à tout pour suivre son désir.

Le nom d’Ariana Grande circule depuis quelques semaines parmi les favorites pour remporter l’Oscar de la meilleure actrice de soutien, alors qu’elle a été nommé l’année dernière dans cette catégorie pour le même rôle. La pop star avait étonné plusieurs avec son jeu juste et rafraîchissant qui comprenait le parfait équilibre entre les côtés espiègle , extravagante et enjoué du personnage. Cette fois-ci, elle a l’occasion de montrer une autre facette, plus vulnérable et mature , et elle ne raté aucunement sa chance d’épater à nouveau. Glinda hérite de l’arc narratif le plus marquant. Ariana Grande parvient à faire comprendre tout le cheminement de la protagoniste sur le plan humain. Ses réalisations sur sa véritable identité, ses pleurs déchirants et sa détermination à prendre les bonnes décisions même si elles sont difficiles restent en tête longtemps après le visionnement. La statuette dorée pourrait être à sa portée plus que jamais…

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *