Les FrancoFolies de Montréal ont trouvé une excellente façon de clôturer la 30e édition du festival célébrant la musique francophone. En effet, la composition complètement féminine de l’album Stone, hommage à Plamondon, issu du spectacle produit par le Cirque du Soleil, était sur place pour nous livrer leur réinterprétation des écrits de la légende vivante qu’est Luc Plamondon. Ce dernier était d’ailleurs présent pour s’émouvoir de l’excellente distribution. Il n’a pas hésité à saluer l’immense foule du haut du balcon VIP. La soirée fut une totale réussite.
Martha Wainwright a brisé la glace avec Le Parc Belmont, emplie d’une bonne légèreté. Il fut intéressant de voir que les artistes se sont complètement réappropriées les chansons, les mettant à leurs couleurs. D’ailleurs, Luc Plamondon a laissé carte blanche sur l’ensemble de l’oeuvre. L’indémodable Oxygène, par exemple, a été reprise par Betty Bonifassi d’une manière complètement envoûtante. On est loin d’une Diane Dufresne et de son énergie brutale. Même Monopolis a eu droit à une version toute en retenue par Gabrielle Shonk. Par contre, Lili voulait aller danser, de La Bronze, était très rythmée et énergique, à l’instar du style de la chanteuse elle-même.
©Stéphanie Payez / Éklectik Média
Petit bémol, et je crois que c’est personnel à moi, j’ai eu de la difficulté avec la revisite de Le monde est stone. Non pas que la prestation de Beyries n’était pas adéquate, bien au contraire, sa légèreté vocale planante n’était pas du tout mauvaise à entendre. Reste toutefois que cette chanson se doit d’être teintée d’une mélancolie pour être en parfaite symbiose avec le texte. Fabienne Thibeault, la véritable et magistrale interprète de Starmania, a su en faire ressortir le côté glauque et dépressif. Je ne suis pas de ceux qui n’aiment pas le changement, mais il reste qu’il y a des chansons qu’il ne vaut pas trop qu’on s’éloigne de l’original.
Tour à tour, les artistes ont cédé leur place à la prochaine, un peu à la manière d’un Jukebox. Klô Pelgag, quant à elle, a su incarner L’île aux mimosas. Tellement que je croyais que cette chanson faisait partie de son répertoire. Alors que Marie-Mai s’est fait absente pour sa reprise de Je danse dans ma tête, c’est une Marie-Pierre Arthur toute en énergie qui nous l’a présentée d’une belle façon. Nous avons aussi été saisis par les cris stridents de Catherine Major avec sa surprenante Tiens-toi ben. L’énergie désormais palpable a monté de plusieurs crans dès l’arrivée de Valérie Carpentier avec Call Girl.
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La chanteuse Safia Nolin n’en est pas à sa première reprise. En effet, celle qui a lancé Reprises Vol. 1 l’année dernière s’est vue offrir l’opportunité de se réapproprier une chanson que tout le monde connaît, pour sûr, Le blues du businessman. Une performance toute en douceur qui méritait amplement tous les applaudissements des spectateurs.
Je crois que nous n’étions pas prêts à ce qui allait suivre. Déjà, la prestance d’Ariane Moffatt, qui a fait son apparition sur l’immense scène, suffisait à nous faire frissonner. Au même titre que la pièce Le monde est stone, S.O.S d’un terrien en détresse peut être un suicide artistique si tu n’es pas en mesure de l’interpréter à sa juste valeur. Je considère cette chanson comme étant l’une des plus difficiles que Plamondon a pu écrire. En mon sens, seuls Daniel Balavoine et Grégory Lemarchal étaient disposés à pouvoir y insuffler toute l’intensité qu’elle comporte. Mais la version de Moffatt m’a complètement jeté par terre. Elle y est allée d’une immense maîtrise vocale complètement renversante. Depuis quelques année, j’ai l’impression de redécouvrir cette artiste extrêmement talentueuse. Elle ose faire des choses qu’elle n’osait pas vraiment par le passé, et ça lui réussit.
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Évidement, la soirée s’est conclue avec le rassemblement de toutes ces magnifiques demoiselles chantant en chœur L’hymne à la beauté du monde. Un morceau de circonstance et évocateur d’espoir et d’amour. Après tout, la musique, c’est en plein ça, l’amour, la colère ou bien la tristesse, bref tout ce qui fait la beauté de ce monde.
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Crédits photos : © Stéphanie Payez / Éklectik Média