Après Sandra Bullock Matt Damon, et autre Ryan Gosling, c’est au tour de Brad Pitt de s’envoler dans l’espace avec Ad Astra, en salle dès le 20 septembre. Ce film réalisé par James Gray (The Immigrant, Two Lovers, We own the night), son septième, s’inscrit dans la tendance des films de survie ayant pour toile de fond l’immensité de la galaxie , mais, dans ce cas-ci, cette prémisse s’avère plutôt être une métaphore saisissante et visuellement hallucinante sur les relations tendues entre un père et son fils, réflexions sur l’écologie en prime.
Ad Astra, expression latine signifiant vers les étoiles ( d’ailleurs le titre de l’opus en version française), comprend presque deux films en un : un sur la quête de grandeur de l’Homme et l’autre sur la recherche d’approbation d’un fils stoique face à son père absent. Les deux s’emboîtent relativement bien, même si le dernier ressasse les clichés d’usage de ce thème, ce qui détonne drôlement considérant que le premier emmène les cinéphiles dans des terrains complètement inexplorés. Le long-métrage raconte l’histoire de Roy McBride (Pitt), un astronaute exemplaire qui doit s’aventurer sur la Lune et puis Neptune pour retrouver son père (Tommy Lee Jones) que l’on croit vivant même après une ancienne mission ayant mal tourné. Un point de départ banal possédant bien des avenues extraordinaires.
La première idée de génie est de s’imaginer l’espace comme un environnement pas si lointain et inaccessible pour le commun des mortels. La vision poétique, contemplative et chaotique de la science-fiction de James Gray côtoie avec harmonie scènes d’action spectaculaires et haletantes (bien plus que toutes celles de Star Wars et Star Trek mises ensemble car elles dégagent des émotions brutes) et esthétique sépia faussement morne qui laisse aux textures et aux couleurs prendre magnifiquement au point de devenir presque des personnages en soi. En ce sens, la direction photo de Hoyte Van Hoytema accomplit des exploits. On pourrait alors avancer qu’Ad Astra est un film d’auteur aux situations scientifiquement invraisemblables mais exécutées avec tant de finesse et d’intelligence que ça n’importe pas du tout! Les cinéphiles ont l’impression qu’ils peuvent eux-mêmes voyager dans l’espace, que tout finit par s’arranger pour le mieux. La trame sonore envoûtante et enveloppante de Max Richter n’est certes pas étrangère à cette sensation.
La deuxième idée de génie réside dans le propos philosophique de l’oeuvre. Gray le scénariste s’interroge sur la fascination envers l’astronomie. Pourquoi le vide infini nous donne tant espoir d’un avenir meilleur? Pourquoi s’y accroche-t-on si désespérément? Quelles réponses nous réservent les étoiles? Faut-il passer notre vie entière à se battre pour nos convictions ou seulement vivre en concordance avec la nature et ses inexplicables richesses? Les pistes de réflexion n’apportent pas de solutions limpides mais des raisonnements qui font à la fois du bien et peur. La troisième idée de génie et non la moindre est d’avoir confié ce titanesque rôle principale à Brad Pitt. Lui qui a offert une performance énigmatique et hautement digne de mention dans le Once upon a time…in Hollywood de Quentin Tarantino plus tôt cet été repousse ici ses limites. Maitrisant l’art de la retenue, l’acteur parvient à transmettre avec un grandiose réalisme les sacrifices, les chagrins et les regrets de Roy McBride, tellement que ce dernier parait humain même lorsqu’il commet des actions pour le moins douteuses. Une nomination aux Oscars est nécessaire.
Ad Astra est présentement à l’affiche au Québec.
Crédits Photos : 20th Century Fox