La scène du Théâtre Denise-Pelletier était transformée par un décor digne des vraies comédies romantiques. Avec une ambiance baignée de lumière rose et d’un énorme cœur en arrière-scène, deux jeunes éperdument en amour se meurtrissent avec leurs insécurités qui ne cessent de leur nuire. Leur couple est formé d’un protagoniste colérique, mais qui aime avec tout son cœur, et d’une demoiselle dont le cœur est rempli de jalousie, mais également d’amour pour son bien-aimé.
La mise en scène construite par Catherine Vidal était tout simplement sublime. Elle a su retravaillé la pièce Les Amoureux de Carlo Goldoni en la mettant à l’image des jeunes d’aujourd’hui et en la parsemant de musiques rythmées, de mimiques comiques et de blagues qui connectent avec la jeunesse tout en gardant les textes originaux.
Catherine Chabot interprétait Eugenia, l’amoureuse désespérée, avec une vivacité et une fougue enlevante. Son personnage ne laisse pas sa place. Caractérielle, la jeune Eugenia ne se laisse pas influencer par les membres de son entourage. Elle va jusqu’au bout de ses idées et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Catherine Chabot était droite et verbalisait son texte sans aucune hésitation. Pour ce qui est de son amoureux, Fulgenzio, Maxime Genois était solide. Essayant de maîtriser sa colère, mais en vain, il est toujours désespéré du comportement de sa bien-aimée. On constate tout de même tout l’amour qu’il lui porte. Sofia Blondin, l’interprète de Flamminia, jouait avec douceur la soeur d’Eugenia ayant perdu son mari. La jeune veuve est douce et tente par tous les moyens de faire connecter les deux amoureux et de leur faire oublier les petites lacunes que leur couple rencontre.
Un personnage très amusant est notamment Fabrizio, l’oncle d’Eugenia et de Flamminia, joué par Éric Bernier. Ce dernier a été excellent et fait beaucoup rigoler la foule. Fabrizio n’a qu’un désir: marier sa nièce Eugenia à un comte (Gabriel Lemire). Roberto, le comte, est un homme doux et cultivé. La performance de Gabriel Lemire était athlétique et bien dirigée. Il a impressionné avec ses mouvements de danse et ses textes bien récités. Olivia Palacci et Simon Beaulé-Bulman, respectivement Lisette et Tognino, étaient hilarants dans leur rôle de serviteurs. Ils avaient une belle complicité et leurs mimiques étaient comiques.
Vincent Côté (Succianespole) jouait le serviteur de Fabrizio. Son ton monotone et ses mouvements lents construisaient bien son personnage de serviteur qui n’a pas beaucoup d’entrain. Anglesh Major et Isabeau Blanche jouent également leur personnages avec précision. L’interprète de Ridolfo récitait ses répliques avec une prestance incroyable.
Catherine Vidal a conçu une excellent pièce. Sa décision de briser le quatrième mur est audacieuse, mais tout de même bien réussie. Les acteurs s’adressent quelques fois au public, ce qui créé une connection avec lui et les interprètes.
Crédit Photos : Gunther Gamper