Chaque année, le festival Juste pour rire présente plusieurs galas. Au fil des ans, les thèmes étaient variés, mais obligeaient une certaine ligne directrice. Or, cette année, pour cette 37ème édition, Juste pour rire a décidé de laisser carte blanche aux animateurs. Du 16 au 20 juillet, cinq humoristes différents animeront chacun une soirée avec les invités qu’ils voudront en parlant des sujets qu’ils désirent réellement.
Ce nouveau concept a commencé assez fort avec la première carte blanche animée par Katherine Levac et mise en scène par Sébastien Dubé, le Denis Drolet barbu. Animant pour la première fois dans sa carrière en animation, Katherine a livré une performance sensationnelle. Commençant son numéro d’ouverture en mentionnant qu’elle se surestimait beaucoup, elle a lancé pince-sans-rire: «Je suis trop bonne pour être humoriste ». Parlant ensuite des nouvelles mères et de leur obsession de livrer tous les moindres détails de leur grossesse sur les réseaux sociaux, Katherine a ensuite fini par admettre qu’elle avait tout de mène une pointe d’admiration pour celles-ci et qu’elle serait comme elles quand elle sera mère. Katherine a également abordé sa pansexualité avec humour comme elle seule peut le faire. Elle a expliqué que ce qui l’intéressait réellement, c’était la personne en soi et non le genre de celle-ci. Elle a conclu son numéro d’ouverture en lisant quelques commentaires déplacés souvent lancés par les gens lorsqu’ils apprennent qu’elle fréquente maintenant une fille.
Un peu plus tard dans la soirée, Katherine Levac est réapparue dans un numéro avec Rosalie Vaillancourt, une de ses bonnes amies. Prônant l’amitié et le féministe, les deux filles en pyjama furent rejointes par France Castel qui leur a fait comprendre qu’elle n’avait pas besoin d’hommes dans la vie pour se sentir complète. Terminant le numéro sur une chanson sur l’amitié, Rosalie et Katherine se sont tendrement serrées dans leurs bras et on pouvait constater la fierté de Rosalie pour son amie qui animait son tout premier gala.
La soirée s’est poursuivie avec une variété incroyable de numéros. Sam Breton a fait son entrée tout de suite après le numéro d’ouverture et a bien réchauffé la salle. Son numéro sur la transition entre la région et la ville a fait hurler la salle de rire. Il a brillé, même s’il n’était qu’à sa troisième participation à un gala.
Anas Hassouna a livré également une bonne performance. N’étant qu’à sa première participation à un gala, il a choisi de parler de l’importance d’aimer son métier et de le choisir comme on choisit son conjoint. Il a lancé que l’amour et le sexe sont surévalués de nos jours, et il a conclu son numéro sur l’orgasme féminin en disant avant de quitter la scène: «Je ne finirai pas cette blague en l’honneur de toutes les femmes qui n’auront pas d’orgasme ce soir».
Sam Boisvert, « l’enfant » de Katherine Levac était également de la partie. Nerveux, mais tout de même solide, le jeune humoriste a traité de sujets comme notamment son malaise constant pour n’importe quelle situation de la vie. Il a également parlé de notre capacité de voler grâce au transport aérien même si presque qu’aucun humain sauf Céline Dion, Sydney Crosby ou encore Beyoncé mérite ce droit, selon ses dires. Le duo chouchou de Katherine Levac, Les Denis Drolet, a encore exploré l’humour absurde avec leur sketch sur le magasinage.
Une autre belle découverte de la soirée a été l’humoriste Alexandre Bisaillon. Ce dernier a traité d’un sujet en général: la fin du monde. Il a relié ensuite ce thème aux différentes vidéos Youtube faites à ce sujet en ne manquant pas de taquiner un peu nos cousins de la France. Alexandre a également critiqué notre façon de vouloir sauver la planète. Il a expliqué que ce n’est pas en mettant les sacs de plastique à 10 sous qu’on conservera la Terre, Finalement, il a conclu en parlant de inondations en lançant dans son discours: «Si ta ville finit par sur le lac, déménage. »
Eman El-Husseini, une Montréalaise d’origine palestinienne qui habite dorénavant à New York, s’est ouverte principalement sur sa religion et a osé quelques blagues de bon goût sur les attentats du 11 septembre en mentionnant, qu’à chaque année, c’est jour de fête pour eux puisque c’est l’anniversaire de mariage de ses parents. Elle a également discuté de sa vie amoureuse en tant qu’homosexuelle musulmane mariée à une femme juive. Arnaud Soly, quant à lui, a traité d’un sujet plus léger. Il a raconté comment les temps ont changé en comparant la marijuana d’aujourd’hui à celle d’autrefois. Il a également parlé de la cigarette en mentionnant qu’il avait arrêté de fumer il y a maintenant un an.
Le numéro de Phil Roy avait commencé en force, mais s’est toutefois un peu éteint lorsque Martin Carli, le célèbre vulgarisateur scientifique de Génial, s’est mis à vulgariser les moindre paroles de l’humoriste à la suite d’une demande de l’animatrice. Comme a dit Phil Roy: « Ça casse un peu le rythme. » Le gala s’est toutefois terminée en beauté avec le numéro de Laurent Paquin qui a parlé de l’importance de parler de la sexualité à nos enfants. Laurent a également traité, avec son humour habituel, du consentement sexuel; un sujet toujours d’actualité.
On peut dire que la carte blanche de Katherine Levac est réussie. Les humoristes se sont tous laissés aller en créant des numéros à leur image traitant de sujets variés sans toutefois tomber dans la lourdeur et la redondance.
Crédits Photos : Edward He, Éklectik Média