Le pianiste russe, nommé artiste de l’année en 2019 par le prestigieux magazine Musical America, était de passage à Montréal le 23 février dernier à la Place des Arts. Il avait déjà conquis le public en mai alors qu’il interprétait le Concerto pour piano no 3 de Sergueï Rachmaninov avec l’Orchestre Symphonique de Montréal sous la direction de la maestro Karina Canellakis. Dimanche dernier, avec pour seul partenaire un des magnifiques pianos Steinway de la Maison Symphonique de Montréal, Daniil Trifonov a livré une de ses meilleures performances.
Pour débuter, le pianiste avait sélectionné plusieurs pièces du compositeur Alexandre Scriabine , et dès les premières notes de l’Étude en do dièse mineur le public était sous son charme. Son intensité et ses prouesses techniques font de lui un des plus grands pianistes de sa génération et l’un des plus prometteurs. Il apporte quelque chose de nouveau pour chacun des morceaux qu’il interprète, tout particulièrement le Poème tragique de Scriabine pour lequel il est si facile d’échouer. Le piano a tremblé lorsque Trifonov, le visage couvert de sueur, a conclu cette première partie. Après moult applaudissements, il a poursuivi le concert avec les trois mouvements de la Sonate pour piano numéro 31 en bémol majeur de Ludwig Van Beethoven.
À la suite d’un court entracte, Trifonov a ensuite interprété quelques extraits d’Alexandre Borodine. Le visage levé, un léger sourire, il hochait la tête en parfait accord avec les notes qu’il faisait sortir de son instrument. Comme s’il conversait avec son piano et que nous étions des intrus. Il a terminé le concert avec la Sonate pour piano numéro 8 en si bémol majeur de Sergueï Prokofiev que nous attendions avec impatience, et il a surpassé toutes nos attentes. Ses doigts parcouraient le clavier à une telle vitesse alors que, dans l’exaltation, il lui arrivait de sauter hors de son tabouret… Nous en sommes tous restés bouche bée ! Le pianiste a eu droit à une ovation d’une dizaine de minutes et il en méritait une beaucoup plus longue. Les bravos fusaient de toutes les directions et il a remercié le public en jouant l’Art de la fugue de Jean-Sébastien Bach.
À 28 ans seulement, Daniil Trifonov se distingue de ses pairs comme un des meilleurs pianistes au monde. En 2011, il a remporté le 1er prix de piano au XIVe Concours international Tchaïkovski ainsi que le 1er prix du Concours international de piano Arthur Rubinstein et le 3e prix au XVIe Concours de piano Frédéric Chopin. En 2018, il a remporté un Grammy dans la catégorie du Meilleur album instrumental solo pour son album Transcendental consacré au compositeur Franz Liszt.
Il sera à Québec au Palais Montcalm le 26 février prochain. Il poursuivra ensuite sa tournée nord-américaine à Chicago. Pour toutes les dates de sa tournée, cliquez ici.
Crédits Photos : daniiltrifonov.com