Présentement premier au box-office français, Divorce Club symbolise autant le meilleur que le pire de la comédie française considérée commerciale. Forte de ses sacres lors de la 23e édition du Festival international de la comédie de l’Alpe d’Huez (Grand Prix et Prix Globes de la presse), la troisième réalisation de Michaël Youn débarque en primeur aujourd’hui dans les salles du Québec moins de trois semaines après sa sortie outre-Atlantique.
Cette venue précipitée et peu fréquente, voire historique, en nos terres est évidemment une cause directe de la crise actuelle et du besoin criant de projeter dans les cinémas des offres nouvelles et alléchantes pour attirer les cinéphiles encore craintifs. Il y a aussi le fait que le ton léger et sans prétention de l’oeuvre plaît en ce temps particulièrement trouble. Ces raisons font que les principales forces de Divorce Club telles que sa désinvolture et ses endroits paradisiaques sont magnifiées par le contexte pandémique, mais les circonstances atténuantes n’excusent en rien ses lacunes majeures.
Le long-métrage suit Ben (Arnaud Ducret) qui, après cinq belles années de mariage, apprend l’infidélité de sa femme d’une manière hautement humiliante. D’autant plus que celle-ci demande expressément le divorce. Peu de temps après, l’inconsolable Ben renoue complètement par hasard avec un ancien ami du temps de ses études, Patrick (François-Xavier Demaison), qui, lui-aussi récemment divorcé, l’invite à cohabiter dans son immense maison. Bien vite, cette résidence devient le nouveau berceau pour d’autres hommes et femmes vivant de douloureuses ruptures et qui souhaitent noyer leur peine dans les fêtes bien arrosées et débridées. Ainsi naît le Divorce Club.
Cette prémisse captivante sur l’entraide entre gens désemparés n’est que prétexte pour des scènes d’une violence complètement gratuite truffés d’un humour puéril peu original ou drôle, ce qui est fort dommage car le premier acte de l’oeuvre s’annonce prometteur. On a l’impression d’assister à une comédie rafraîchissante et bien construite qui donnera une savoureuse pause à notre état mélancolique. Or, cette sensation n’est que de courte durée car les blagues dégradantes sur les femmes et les clichés honteux sur le mariage polluent. Le scénario s’éparpille et abandonne toutes ses avenues potentiellement intéressantes pour un revirement de situation commun sauvé de l’ennui profond par l’enthousiasme contagieux du personnage de Marion interprétée par Caroline Anglade (l’adaptation française de la série québécoise Pour Sarah).
Hormis leurs dénouements rocambolesques et grotesques que même des créateurs de comédies pour ados américaines trouveraient trop insipides exaspérantes pour les copier, les fêtes organisées par le Divorce Club font plaisir à l’œil. Les couleurs vives, les éclairages engageants, la splendide terrasse…Ce décor luxueux fait rêver et sourire…malheureusement, ce n’est pas le cas de ceux qui y logent…Si, dans le rôle principal, Arnaud Ducret surjoue lamentablement la crédulité de son personnage, François-Xavier Demaison (également de la distribution de Pour Sarah), qui démontre ici un sens comique hors pair, hérite des meilleurs moments et fait le rire le plus avec son regard éberlué totalement assumé et ses réactions semblant spontanées.
Bref, Divorce Club vous fera sans doute décrocher à défaut de vous divertir originalement et de vous faire réfléchir un minimum. Et, par les temps qui courent, c’est déjà pas si mal…