Presque à pareille date l’an dernier, Lorde, vêtue d’une vaporeuse robe blanche, a ensorcelé les festivaliers d’Osheaga en se laissant envoûter par le déluge de pluie qui déferlait sur Montréal. Hier, au Festival d’été de Québec, la Néo-Zélandaise de 21 ans, maintenant habillée d’une robe à volants jaune serein, a accueilli le beau temps et la chaleur avec cette même rafraîchissante dose de positivisme qui fait qu’on l’aime tant. Puisqu’elle n’a pas offert de nouveau matériel depuis son excellent second album Melodrama en 2017, Ella Marija Lani Yelich-O’Connor de son vrai nom en a profité pour solidifier son spectacle, notamment grâce à une modification plus actuelle et pertinente de l’ordre des chansons ainsi que par des chorégraphies resserrées au niveau créatif.
La densité de la foule présente sur les plaines d’Abraham ne s’expliquait pas entièrement par la venue de la légendaire Cyndi Lauper en première partie. Malgré une jeune carrière, Lorde possède un impressionnant bassin de fans qui l’attendait et l’acceuillait avec enthousiasme. La chanteuse a même réussi à convaincre les plus spectiques que son spectacle valait la peine d’être regardé après celui de l’interprète de True Colors. Elle-même étonnée par la fouge de Lauper et d’être l’acte final de la soirée devant un public aussi généreux, Lorde n’a pas pris de temps pour remercier le festival de lui donner cette chance . Elle a également souligné que la gentillesse des Canadiens revête un aspect terre-à-terre qui lui rappelle son peuple natal. 😉
Le concert a débuté en force avec l’arrivée d’une troupe de danseurs exécutant leurs mouvements avec puissance et précision. Les accrocheuses Sober et Homemade Dynamite ont ouvert le bal sous des jeux de lumières captivants, contrastant à merveille avec la surprenante étendue de 12 cercueils scintillants suspendus au plafond. Même si cette idée théâtrale représentait brillamment le désespoir et le cynisme se retrouvant dans les pièces de la lucide artiste, il était dommage que cet élément du décor cache une partie de l’écran géant située au fond de la scène car cette dernière diffusait des images, comme des ombres chinoises, artistiquement intéressantes et révélatrices du concept qu’avait en tête l’auteure-compositrice-interprète.
Armée d’une voix qui gagnait en intensité et en rauque de titre en titre, Lorde a séduit par sa joie de vivre , sa sérénité et sa franchise. Proposant un satisfaisant résumé de son parcours en combinant grands succès et pièces connues que par les admirateurs de la première heure, l’artiste a traité de manière originale et authentique d’autodestruction, de déchirures amoureuses, du revers de la célébrité, la bourgeoisie et de la fausse douce dépendance que procurent alcool et drogue. Le moment le plus touchant a eu lieu lors de la livraison de Liability, une balade simple mais poignante qui relate comment le rejet des autres amène à faire confiance qu’à sa propre solitude. Ce morceau, infiniment personnel, ébranle toujours la principale intéressée qui a demandé avec une bouleversante naïveté que ses fans ne la quittent pas. En guise de réponse, d’immenses cris et un bain de petites lumières qui donnent encore des frissons.
Comme il fallait s’y attendre, le méga succès Royals a été accompagné par une chorale de milliers de personnes. La pièce Supercut, qui n’est pourtant pas encore un single, a ravi les spectateurs qui la savaient sur le bout des doigts. Se déplaçant de gauche à droite, sautillant et s’adonnant même à des portées lyriques qui feraient l’envie de Bébé dans Dirty Dancing, Lorde en a mis la plein la vue. Vue qui a connu son apogée lorsque des jets de petites étoiles blanches ont explosé au parterre pendant la dernière chanson, l’époustouflante Green Light.
Reviens-nous bientôt, déesse enchanteresse.