On peut toujours compter sur Émile Proulx-Cloutier pour créer à contre-courant, tenter de nouvelles avenues pour toujours mieux faire réfléchir , le tout dans un souci de divertissement et d’authenticité. C’est exactement ce qu’il réussit à faire avec son nouveau spectacle solo À mains nues qui englobe ses deux premiers albums, Aimer les monstres et Marée Haute, ainsi que des pièces inédites qui figureront sur un album qui paraîtra…un jour.
Ce processus inversé de présenter les chansons sur scène avant que l’album ne soit produit va comme un gant au comédien, car ses textes d’un réalisme sidérant et d’une poésie poignante vont droit au plexus solaire. Le public est subjugué et hypnotisé même s’il ne connait pas les paroles. Avec sa voix imparfaite et éraillée de laquelle émane que des émotions vraies, Émile Proulx-Cloutier fascine, bouleverse, enchante, cajole, amuse, réconforte et choque avec sa transparence sur des sujets délicats et du quotidien qui nous touchent profondément.
Ses nouvelles chansons, enrobées tantôt dans des mélodies simples tantôt nichées dans des slams impressionnants, traitent entre autres de maladies mentales (la poignante Le flambeau (Malheur à nous)), de la mince ligne entre le grand amour et un désir brûlant (la romantique Le grand volcan), l’anxiété et le stress qui menacent d’imploser au creux de nous (l’accrocheuse La belle bombe) et les dangereux gérants d’estrade sur les réseaux sociaux (l’alarmante Les opinions tranchées). Émile Proulx-Cloutier affiche également ses talents de conteur en relatant avec un sens haletant du suspense le récit de villageois qui, trop occupés à amasser les poissons, ignorent l’arrivée imminente d’une violente chute d’eau, Une belle métaphore sur l’environnement et le fardeau qu’on laisse aux jeunes enfants sommés à vieillir avant le temps.
Bien évidemment, les pièces moins récentes et connues du public ont également une place de choix dans le spectacle. D’ailleurs, celui-ci débute en trombe avec l’extraordinaire Petite valise et la tout aussi puissante Les murs et la mer , deux véhicules qui permettent à l’artiste de démontrer son côté vulnérable et sa maîtrise de la langue. Sa passion, parfois dévorante, parfois amère, envers les mots est d’ailleurs, comme il l’explique brillamment avec une belle touche d’humour, est la bouée qui le maintient sain d’esprit dans notre monde de fous qui nous contraint chaque jour de trouver le bon équilibre entre la démence et la douce folie.
Armé d’un piano et de quelques instruments, Émile Proulx-Cloutier, seul capitaine à bord, emmène son bateau à bon port et permet de découvrir ses chansons autrement grâce au magnifique support visuel qui transporte la portée des pièces à un autre niveau émotionnellement parlant. Un immense écran coupé au milieu diffuse des projections de danse contemporaine qui séduisent par leur texture et rythmique variées.
Sur scène, Émile Proulx-Cloutier se dévoile librement et sans filtre avec les mains nues tendues généreusement vers les gens qui cherchent humblement une évasion de quelques heures à ce monde de fous. Et l’artiste le fait avec une telle grandeur d’âme qu’une seule évasion dans son univers est loin d’être assez…
Heureusement pour nous, Émile Proulx-Cloutier est en tournée partout au Québec au moins jusqu’en septembre. Il sera de passage au Gesù de Montréal les 14 et 15 avril prochains. Pour connaître toutes les dates de la tournée, cliquez ICI!
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média