Il faudra vous armer de patience si vous décidez de donner une chance à Épidémie, la nouvelle série lourde et chorale de TVA présentée dès ce soir à 21 heures. Les deux premiers épisodes ne sont pas à l’image de l’urgence qui se dégage de la trépidante et haletante bande-annonce qui assaille les ondes depuis plusieurs jours. Après la dramatique L’imposteur, Annie Piérard et Bernard Dansereau reprennent du service avec leurs fils Étienne pour offrir une autre fiction événementielle, cette fois-ci axée sur une catastrophe qui pourrait très bien se propager à la grandeur du Québec : une pandémie causée par un virus inexplicable, contagieux et potentiellement mortel.
Dans les extraits actuellement disponibles, les malaises, toux profondes, étourdissements, évanouissements et sueurs abondantes s’enchaînent au son d’une trame sonore angoissante. Or, cette atmosphère inquiétante manque d’intensité sur les deux premières heures des dix réalisées par Yan Lanouette Turgeon. Les gros plans sur des cellulaires remplis de microbes prêtés à des inconnus et sur des bisous donnés à des animaux en liberté créent en effet une ambiance inconfortable et remettent en question nos habitudes quotidiennes en matière d’hygiène, mais l’accent est plutôt mis sur une présentation assez conventionnelle des principaux personnages et leurs situations tantôt heureuses tantôt chaotiques avant la crise.
D’ailleurs, le mot épidémie n’est pas mentionné dans les épisodes qui seront relayés le 7 et le 14 janvier. Par souci de réalisme, le trio d’auteurs explore davantage les balbutiements mystérieux de la contagion avant que l’infectiologue Anne-Marie Leclerc (Julie Le Breton) et son équipe établissent une corrélation entre les victimes, ce qui s’avère parfois frustrant et assommant pour les spectateurs avides de sensations fortes. Bien que Le Breton apporte d’intéressantes nuances à la froideur de sa protagoniste, on n’accroche pas à ses déboires conjugaux avec son mari, un urgentologue joué par Gabriel Sabourin. C’est du déjà vu traité de manière peu originale. En revanche, il est intéressant de voir Mélissa Désormeaux-Poulin dans la peau d’une femme ambitieuse et imparfaite qui ne s’oublie pas dans les malheurs des autres, contrairement à Ariane Beaumont dans la série Ruptures qui s’est terminé plus tôt cet hiver.
La diversité culturelle et les orientations sexuelles sont exploitées naturellement sans être ce qui définit les rôles. Avec le personnage d’une Inuit qui complète un doctorat en biochimie campé par Nancy Saunders (un premier rôle à vie qu’elle défend admirablement), on brosse un portrait plus juste et positif de ce qu’on dépeint habituellement de la communauté autochtones, ce qui est véritablement rafraîchissant. De son côté, Ève Landry incarne avec enthousiasme et sans un abus de clichés une influenceuse et mère monoparentale qui essaie de tomber enceinte pour qu’un couple d’amis homosexuels (convaincants Guillaume Cyr et Félix-Antoine Tremblay) puisse fonder une famille.
À travers des dialogues un peu trop didactiques, Épidémie parvient toutefois à bien démontrer que la maladie ne sélectionne pas ses victimes selon les classes sociales. Elle ne se laisse pas dicter par le pouvoir de l’argent. Elle pousse les gens à vaincre leurs peurs ou se laisser bouffer par elles. Ce mélange d’adrénaline et de décisions désespérées promet une intensité enivrante mais, pour l’instant, le rythme se doit d’être plus soutenu, sinon les spectateurs risquent de mourir d’ennui.
Épidémie, les mardis à 21 sur les ondes de TVA.
Crédits Photos : TVA