Disponible dès maintenant sur les plateformes de vidéo sur demande, Été 85, le quatrième film en quatre ans du cinéaste français François Ozon , s’inspire du roman La Danse du coucou d’Aidan Chambers. Le titre original du livre est Dance on my grave, qui peut se traduire par Danse sur ma tombe. Une image forte que le réalisateur illustre brillamment ici à travers un jeune couple homosexuel insouciant souhaitant profiter de tous les plaisirs que procure un été à la plage. Mais les conséquences seront fatales.
Sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes, Été 85, comme son nom l’indique, nous plonge dans la frénésie des années 80. Le goût salé de l’eau, la douce caresse de la brise, la chaleur étouffante mais enivrante des boîtes de nuit nous envahissent et ne nous quittent aucunement tout au long des 90 minutes de l’œuvre. Le tout est également appuyé d’une savoureuse trame sonore recensant quelques grands tubes pop et rock de cette décennie qui appuient à merveille la gamme des sentiments véhiculés, du plaisir charnel en passant par la liberté. Évidemment, le film est imprégné de nostalgie mais de façon modérée, car la reconstitution de l’époque ne verse pas dans les excès. Elle pose bien le film qui demeure d’abord et avant tout un récit initiatique saisissant auquel on s’identifie sans peine.
À travers le regard perdu d’Alexis Robin (Félix Lefevbre), un adolescent idéaliste, et le magnétisme de David Gorman (Benjamin Voisin) , on est témoin de l’intensité d’un premier amour, celui qui est aussi indestructible que toxique, aussi éternel qu’éphémère. Dans ces rôles, les deux acteurs sont de véritables révélations. Leur chimie transcende l’écran. Le feu indompté qui caractérise leur relation touche autant qu’il inquiète. François Ozon jongle magnifiquement avec les paradoxes et les affinités reliant l’amour et la mort. Sans s’y attendre, on les reçoit abruptement au visage, réalisant pertinemment qu’on aurait pu jadis aller aussi loin dans une relation amoureuse passionnée et dévorante.
À travers ces lourds thèmes campés dans une ambiance légère pour un contraste saisissant et efficace, un hommage aux bienfaits de la création se pointe gracieusement. Ce clin d’œil au pouvoir libérateur des mots augmente la portée de la poésie de l’œuvre déjà aérienne, troublante, lumineuse et étonnamment pleine d’espoir.