Pour la 185ième édition de la Fête nationale du Québec, les organisateurs du toujours grandiose spectacle dans la ville de Québec ont, encore une fois, surpassé les attentes. Avec une brochette d’artistes variés allant de Loud à Martine St-Clair, le spectacle présenté sur les Plaines d’Abraham a été une célébration joyeuse, inclusive et colorée de notre Québec moderne.
Puisque la direction musicale et la direction artistique ont respectivement été confiées à Jean-Benoît Lasanté et Jean-François Blais, la touche d’En direct de l’univers s’est fait sentir tout au long du concert, et c’est tant mieux. La connexion entre les choristes »maison » (dont Raphaëlle Roy et Christian-Marc Gendron de La Voix) et les artistes invités ont donné lieu à des moments de partage réjouissants et rassembleurs sans aucun temps mort. Le tout a débuté de façon spectaculaire et effrénée avec une avalanche de hits dont Dixie, Point de Mire, Deux par deux rassemblés, Oublie-moi livrée par une Coeur de pirate adulée, Beau comme on s’aime et Toutes les femmes savent danser qui a plongé la foule dans une ambiance survoltée. D’ailleurs, celle-ci n’a jamais cessé d’être enthousiaste et bruyante. L’idée d’inclure les paroles des chansons sur les écrans géants a permis aux spectateurs de chanter encore plus en cœur même lorsqu’ils ne connaissaient pas les titres. Un karaoké sous les étoiles qui a atteint la cible!
Confiée aux complices Ariane Moffatt et Pierre Lapointe, l’animation n’a pas manqué d’être divertissante, rythmée et représentative du Québec d’aujourd’hui. Il y a eu beaucoup d’allusions authentiques et jamais barbantes à l’ouverture aux autres communautés. Le charmant duo a d’ailleurs enfilé des capes à l’effigie du drapeau gay pour montrer leur fierté, appartenance et soutien aux membres LGBTQ+. Une initiative qui a enflammé la foule. Porte-parole de l’événement, Debbie Lynch-White a également soulevé les gens avec un discours sincère et émouvant sur le multiculturalisme. Quant à lui, Damien Robitaille a remercié avec émotion les Québécois pour leur appui envers les Francos-Ontariens en ces temps particulièrement trouble pour la survie de leur langue française.
Pour exploiter comme il se doit la thématique des traditions, le spectacle a été divisé en quatre segments représentant chacune une saison. Un choix qui peut d’abord paraitre assez conventionnel mais qui s’est avéré payant et fort bien exécuté. Non seulement la sélection des chansons respectait à merveille les thèmes, mais elle a réservé de belles surprises tout en s’éloignant des clichés reliés aux trames sonores de la St-Jean. En fait, il y avait un beau dosage entre les classiques indémodables et le répertoire propre des artistes. Ceci dit, bien qu’ils ont été foutrement efficaces et applaudis, Coeur de pirate et Loud auraient gagné à sortir davantage du leur pour étonner.
Dans le segment qui rendait hommage à l’été, on retient principalement le sympathique medley style feu de camp rassemblant les chansons de Passe-Partout. L’astronaute David St-Jacques, dont le retour sur terre est présentement amorcé, a présenté des images impressionnantes du Québec vu d’en haut. Pour célébrer les couleurs chaudes de l’automne, Martine St-Clair, accompagnée du groupe vocal Le vent du Nord, a montré l’étendue de sa voix sur Il y a de l’amour dans l’air. Grande gagnante de la septième édition de La Voix, Genevieve Jodoin s’est illustrée en reprenant la chanson qui l’a fait triompher, une version rock magistrale de Pendant que de Gilles Vigneault, de même qu’en interprétant intensément Le colombarium et Qu’en est-il de la chance? aux côtés d’un Pierre Lapointe particulièrement satisfait.
Élégante dans sa robe brillante rappelant les partys de Noël, Ariane Moffatt a goûté aux fabuleuses joies du direct en chantant seule une bonne partie d’Animal alors que France D’Amour brillait par son absence pour cause d’un pépin technique. La chanteuse n’a aucunement paru ébranlé par cet incident, et en a même profité pour livrer des notes puissantes, rauques et hautes qui en a chaviré plus d’un. Une fois France arrivée sur scène, les deux artistes ont conclu la pièce avec panache et complicité. La partie hivernale a été l’hôte d’effets visuels époustouflants. Grâce à des confettis blancs et des feux d’artifices étincelants, le public a été véritablement transporté dans la beauté douce de l’hiver…avant de vivre son côté plus froid et sombre avec les enivrants morceaux La tempête de Marc Dupré et Dans la nuit de Coeur de pirate et Loud.
Au cours du segment printanier, c’est Brigitte Boisjoli qui a attiré l’attention avec ses envolées lyriques sur Milliardaire de toi en compagnie de Ludovick Bourgeois qui a, encore une fois, comblé ses jeunes fans. Quelques temps après un medley rendant hommage à des femmes marquantes telles que Pauline Julien, Joe Bocan, Marjo et La Bolduc, la fibre féministe et résistante a repris du gallon avec les pièces Rester forts, la composition originale accrocheuse J’m’arrêterai pas de Geneviève Jodoin et Fil conducteur, le plus récent extrait de France D’Amour qui ne manque pas de déménager sur scène.
Pour conclure ces réjouissances, on ne pouvait évidemment pas passer à côté d’une seconde et ultime pétarade au son d’Un musicien parmi tant d’autres et Comme un sage d’Harmonium interprétées par tous les artistes avec vigueur. On a déjà hâte à l’an prochain!
Crédits Photos : © Stéphanie Payez / Éklectik Média