En mai dernier, l’artiste Jaimie a dévoilé son troisième album, Fabricant de souvenirs. Afin d’en savoir plus sur ce projet, nous avons parlé avec elle de sa création ainsi que de sa deuxième vocation autre que la chanson…
Tu as fait paraitre le 14 mai dernier ton troisième album Fabricant de souvenirs. Est-ce que d’avoir intitulé ton album ainsi est une manière de dire que les 15 chansons de cet album dévoilent des souvenirs précieux à tes yeux ?
Oui, vraiment! J’aime ça comment tu le formules. T’es la première qui me dit ça de cette manière-là et c’était vraiment ça l’intention, mais ça s’est fait sans réflexion parce que je l’ai réalisé après. Quand j’ai réalisé la chanson Fabricant de souvenirs, je n’avais pas cette idée-là de faire un album où chaque chanson va toucher un souvenir. Ce n’était pas ça l’intention, sauf qu’après avoir écrit la chanson, je trouvais que c’était ça que ça disait. C’est vraiment en lien avec des souvenirs qui ne sont pas nécessairement toujours les miens, mais d’autres personnes autour de moi. Je suis quelqu’un de très nostalgique. J’aime beaucoup les vieilles choses, les vieux meubles, les photos.
Tu as fait un lancement virtuel sur Facebook, comment tu as vécu ça vu que tu es très vintage ?
La vérité, c’était difficile et très émotif. J’avais vraiment le besoin de le faire, mais après j’étais vraiment émue et j’ai beaucoup pleuré parce que j’ai vraiment besoin des gens dans ma vie. Je fais ça pour les gens, je n’avais pas de feedback, c’était ma première expérience et ça m’a frappée. J’ai appelé ma mère après et je pleurais ma vie parce que j’ai vécu des lancements en personne pour mes deux autres albums, donc je savais ce que ça m’apportait. C’est pour ça que j’écris des chansons : pour voir les gens réagir. Donc, ça a été rough, mais je suis vraiment contente de l’avoir fait. J’ai vu que les gens l’avaient visionné après et j’ai eu plein de beaux commentaires. Les gens m’ont dit : Merci, ça m’a fait du bien, on avait hâte d’entendre tes chansons. Tsé, j’ai des fans qui me suivent depuis le début, fait que j’ai lu souvent tous les commentaires (rires)!
Quand tu as composé cet album-là, est-ce que tu savais déjà comment les chansons sonneraient dans un spectacle live ?
Oui, parce que, justement, j’ai fait un lancement pour mes autres albums. Quand on est en création, le réalisateur de l’album Maurice Deschênes et moi , on écoute les chansons avec les instruments. Quand je compose, c’est vraiment guitare-voix, donc ce n’est pas vraiment la même chose que lorsque j’entends tous les instruments sur les chansons. C’est sûr que là, je me vois sur scène. Pour cet album, j’avais déjà l’endroit. Je fais aussi un duo avec une de mes amies en style un peu chansonnier, donc on fait des covers dans les restos aussi. On aimerait recommencer à le faire. Ça me permet des fois de faire des compositions à travers ça.
Contrairement à tes deux précédents albums, dans cet album-là, il y a une saveur pop qui s’est rajoutée. Comment t’as travaillé le mélange pop avec les sonorités country ?
Ça c’est grâce à Maurice! Je vais être très honnête, Maurice Deschênes, qui est le réalisateur et qui joue tous les instruments, est un musicien exceptionnel. Il est très créatif et a une oreille très développée au niveau des sonorités. Je suis plus du genre à dire j’aimerais que ça ce soit comme ça et lui, il le fait (rires).
Le premier extrait Dédale en sandales s’est retrouvé au sommet de la chaîne Franco Country de Sirius. D’où t’es venue l’inspiration pour cette chanson-là ?
J’étais à la maison, c’était en juin. En juin, les maringouins dans le bois sont intenses, mais j’aime beaucoup composer dehors. J’aime beaucoup l’été parce que je suis en vacances et ça me permet de profiter, de pas avoir de casse-tête par rapport au travail et tout ça, fait que souvent c’est une période dans laquelle je mets beaucoup de temps sur mes chansons. Là, j’essayais de composer et c’était l’enfer, je me faisais dévorer par les maringouins! Fait que là, je suis partie dans mon gazebo et je me suis dit que ça n’avait pas de bon sens, que c’était trop drôle et qu’il fallait que je fasse une toune sur les maringouins. Je me suis mise à griffonner, c’est souvent comme ça quand je compose mes chansons.
Est-ce que la réaction du public t’as étonnée ?
Oui, quand même! j’ai été surprise qu’elle soit autant écoutée. Je pense que les gens aiment les chansons drôles. Ça fait du bien d’avoir ce type de chansons, surtout en ce moment. Je pense que les gens ont aimé la saveur joyeuse, le lâcher prise sur le quotidien, le fait de tomber en vacances. Je pense que ça leur fait vraiment du bien, et ce sont des moments qu’on souhaite vivre.
Ça fait plusieurs années que tu te fais une place dans le milieu de la country francophone québécois. Comment décrirais-tu ce milieu-là aujourd’hui ?
Beaucoup plus ouvert, très ouvert même. Même moi je suis de plus en plus ouverte! C’est comme si, avant, on écoutait de la country, mais on ne le disait pas trop fort, mais moi mon père, c’était un fan de country, donc ça a toujours pris beaucoup de place dans ma vie. Depuis que j’ai commencé à jouer de la guitare, c’est ça que je fais. Avant que je rencontre Maurice, je n’avais pas idée que mes chansons pouvaient avoir une saveur country parce que lorsque l’on compose guitare voix, c’est dur d’avoir un style. En faisant mon premier album, j’avais l’envie d’avoir une chanson full country et d’oser ça dans cet album-là, pis ça a été vraiment le départ.
Est-ce que tu penses que les radios commerciales font plus de place à la musique country d’ici ?
Je pense que oui, parce que y a beaucoup plus d’artistes qui en font aussi et qui se tournent vers ça. Je pense que les radios commerciales doivent donner plus de place à ce style.
En plus de ta carrière de chanteuse, tu es aussi directrice adjointe dans une école et tu es maman. Comment se déroule la conciliation entre ces trois rôles-là ?
Ça va vraiment bien! C’est certain que ce qui me donne une belle chance, c’est que je travaille avec PUR Communication, donc j’ai vraiment une bonne équipe qui me soutient beaucoup dans tout ce qui est relations de presse et les médias sociaux. On travaille en collaboration, mais dans ma vie de chaque jour, je suis vraiment une directrice adjointe d’école. Je mets beaucoup de temps et d’énergie dans mon travail, dans ma famille aussi.
Est-ce que ton rôle de directrice adjointe freine un peu ta spontanéité à écrire des chansons ?
Non, parce que c’est une mine d’or d’émotions! Ce sont des émotions qui font que j’ai le goût d’écrire une chanson. C’est sûr que, parfois, j’ai moins de temps, mais pour garder mon équilibre même les fins de semaine quand je travaille, je prends le temps de prendre ma guitare et d’écrire dans mon livre. Je prends des notes, je n’arrive jamais vraiment à finaliser des chansons comme je le fais l’été, mais, des fois, en plusieurs fins de semaine, j’y arrive. J’essaie de nourrir ça quand même, même si je ne vais pas nécessairement au studio et tout ça. Je continue d’écrire, je prends des notes dans mon cell.
Est-ce que le fait d’être directrice ajointe et chanteuse en même temps te fait voir autrement l’importance des activités culturelles dans le milieu scolaire?
Ça, c’est clair! Ça a toujours fait partie de moi depuis que je suis en enseignement. La pédagogie, c’est vraiment une passion pour moi. J’étais enseignante avant d’être en direction. J’ai choisi d’être une enseignante pour amener les élèves à réussir, mais en étant heureux. J’ai toujours pris soin du bien-être des enfants et du fait que c’est important la culture dans leur vie.
Les premières chansons que j’ai composées, c’était avec mes élèves. Je me souviens que la première chanson que j’ai composée, c’est parce que j’avais des élèves turbulents dans ma classe. Je commençais et on n’a pas toujours les stratégies efficaces pour gérer des comportements. Je me suis dit que je vais aller les chercher autrement. Je me suis servie de la musique et je leur ai fait composer une toune, pis ça a vraiment fonctionné! On a monté un spectacle. Je suis allée les chercher par ça et j’avais plus de problème de gestion de classe.
J’ai fait pendant longtemps des ateliers d’écriture et je composais sur les textes de mes élèves. Ça a vraiment été long avant que je sois capable d’écrire mes propres chansons. Je n’osais pas parler de moi. Puis, finalement, je me suis rendue compte que si je voulais écrire des chansons, je n’avais pas le choix de parler de moi. D’ailleurs, l’été où j’ai commencé à écrire mes chansons, j’en ai écrit au moins 25 parce que j’avais beaucoup d’expériences du passé et de frustrations. Ça a été une thérapie.
Ton album contient 15 chansons alors que la tendance est aux microalbums. Qu’est-ce qui t’as poussé à faire un album ?
C’est tellement drôle! Maurice serait content d’entendre cette question, parce que ça fait deux fois que je veux faire un EP! Mon deuxième album était supposé être un EP, mais on dirait que, quand je commence à faire un projet, ça me donne des idées. Au départ, j’avais peut-être 4-5 chansons pour le deuxième album, donc c’était parfait de faire un EP , mais je me suis mise à composer des tounes et comme j’en avais trop, je ne pouvais plus faire de EP.
C’est la même chose pour le troisième album. J’avais 4-5-6 chansons, je me suis dit qu’on allait choisir les meilleurs et, finalement, je ne suis pas capable! Je me mets à composer d’autres tounes! Avec Fabricant de souvenirs, comme ça avait rapport avec des souvenirs, je continuais de composer. Puis, mon père est décédé en janvier 2020 , fait qu’après le décès de mon père, j’ai eu le goût de faire d’autres chansons. Je ne suis juste pas capable de faire des EP (rires)!
L’album Fabricant de souvenirs est maintenant disponible sur les plateformes de téléchargement.