À l’affiche sur deux écrans montréalais (Cinéma Beaubien et Cinéplex Quartier Latin )depuis le 11 septembre, Lola vers la mer offre un portrait contemporain sur comment un deuil affecte tous de manières différentes mais légitimes, et en dépit de notre identité.
L’intrigue suit Lola (Mya Bollaers), une jeune transgenre aux cheveux roses qui déambule dans les rues avec son skateboard et son survêtement sportif jaune, l’âme en peine depuis la mort de sa mère avec qui elle avait récemment repris contact et qui avait accepté de financer son opération de changement de sexe. Voulant lui rendre un ultime hommage, elle s’immisce dans la voiture de son père (Benoît Magimel) qui l’a rayée de sa vie pour l’accompagner à la côte belge afin d’y répandre les cendres de sa mère. Ces retrouvailles tumultueuses qui ne se déroulent pas du tout comme prévu sont synonymes de colère et de rédemption.
Avec Lola vers la mer, nous assistons à un road trip convenu sur la forme mais qui déborde de cœur. Le déroulement des intrigues ne réinvente pas la roue, même s’il y a tout de même présence d’un revirement inattendu efficace au dernier acte.
Sa beauté réside surtout dans la composition de personnages complexes et de dialogues riches en révélations troublantes qui peuvent rejoindre un grand nombre de cinéphiles à divers niveaux. La relation père-fille est construite avec délicatesse et sensibilité. On comprend bien les deux points de vue des protagonistes sans que le film ne tente de nous faire pencher davantage sur un en particulier. Le public est libre de faire ses propres réflexions, ce qui le rend plus investi tout au long de l’oeuvre.
La transidentité est évidemment un sujet central dans l’oeuvre, mais jamais de manière tapageuse. La réalité que vit Lola nous est dévoilée simplement par des moments aussi extras que ordinaires de son quotidien. Lola ne se pose jamais en victime, elle assume ses choix. Elle est seulement à la recherche d’un certain réconfort familial quand les épreuves s’avèrent plus difficiles. C’est davantage cette quête qui est illustrée dans Lola vers la mer plutôt que les efforts pour changer de sexe.
Elle-même transsexuelle, Mya Bollaers saisit avec nuance et justesse cette réalité. Elle est attachante et magnétique. Elle capte à la perfection l’attitude cool de Lola qui se reflète principalement par son style vestimentaire actuel et sa spontanéité légèrement délinquante. Elle mérite amplement son sacre au Magritte (cérémonie cinématographique belge) dans la catégorie du Meilleur Espoir Féminin.