Lynda Lemay est une artiste passionnée qui déborde sans cesse de projets. Son dernier est d’ailleurs, sans aucun doute, le plus fou de sa carrière, celui d’offrir 11 albums en l’espace de 1 111 jours. Les deux premiers, Il était onze fois et Des milliers de plumes , sont déjà entre les mains du public depuis le 11 novembre. La réunion de ces 11 est la seule chose que l’artiste a calculée dans cette aventure. Pour le reste et particulièrement la création, Lynda Lemay se laisse porter par les thèmes et les histoires qu’elle souhaite livrer.
Je laisse sortir ce qui veut bien sortir. Quand j’ai commencé ce projet-là, le thème principal que je voulais aborder, c’était celui de la fin de vie et du deuil. J’ai perdu mon papa et quand on perd un père de cette qualité-là, ça nous fait réfléchir beaucoup. J’ai toujours eu beaucoup d’inspiration. Je me suis toujours sentie très fascinée par ce thème-là de toute façon, de la vieillesse du temps qui passe. Oui, on s’en va vers une suite qu’on ne connait pas, tout ça m’a toujours fasciné. J’ai un petit côté psychologue, un petit côté philosophe aussi. Tout ça se répand sur le premier album qui est une série de drames qui mènent heureusement vers l’espoir. On peut trouver que l’album est un petit peu lourd, mais c’est mis en image de façon remarquable par Éric Morin. On a fait de ces chansons-là une histoire encore plus grande, un petit film que j’appelle un mélo-métrage. C’est un projet qui est fait de toutes sortes de thèmes. Ça peut être du quotidien comme ça peut être plus large aussi. Des drames qui peuvent nous tomber dessus à tout moment. Nul n’est à l’abri, mais comment on fait pour garder la joie de vivre dans tout ça?
À travers sa carrière, Lynda Lemay nous a montré qu’elle pouvait tout habiter, tout écrire peu importe les sujets. Que son écriture n’avait pas de limites pour raconter les histoires et qu’aucun sujet ne pouvait lui donner du fil à retordre. Cette impression-là vient entre autres du fait que Lynda ne se penche pas sur ce qui lui donne du fil à retordre, mais plutôt parce qu’elle préfère se pencher sur ce qui l’intéresse. Quand je sens que j’ai trouvé le bon angle pour en parler, je vais concentrer la lumière sur quelque chose qui est trop souvent et trop longtemps silencieux. Ça m’aide à mieux comprendre le sujet et le rendre plus léger par la poésie et par la musique. Je me dis que, moi, ça me fait du bien à moi de faire de cette façon-là. C’est une façon très précise de dire les choses avec des mots.
Depuis toujours, Lynda nous émeut et nous fait rire en s’accompagnant de sa guitare. Il y a deux ans, elle a fait une vraie rencontre avec le piano et a découvert quelque chose de nouveau. Après une journée de studio, je me suis assise au piano et j’ai plaqué des accords. Je me suis rendue compte que c’est complètement différent cette façon de composer que la guitare, et ça me permet un autre monde. Je suis tombée dans un autre univers qui m’a vraiment beaucoup plu. Ça me permettait de faire des mélodies que je ne pouvais pas faire à la guitare. Même si j’étais maladroite, c’était déjà beau. J’ai trouvé une liberté au piano que je n’ai pas nécessairement de la même façon que lorsque je joue de la guitare. Alors ça m’a ouvert des horizons extraordinaires d’un point de vue musical.
Lynda n’est pas l’artiste la plus friande de duos. Pourtant, pour ce nouveau projet, elle s’est prêté au jeu en s’entourant d’amis et d’artistes masculins qu’elle aime et admire profondément afin d’y partager une même chanson, Mon drame, qu’elle propose dans 11 versions différentes. En exploitant ce concept, Lynda voulait montrer au public qu’il était possible de faire vivre une chanson de différentes manières. Je voulais montrer aux gens qu’un texte pouvait être porté par différentes mélodies et que l’émotion va passer de façon tout à fait différente, mais sans que ça empêche le texte d’être beau. Ça m’arrive souvent de faire 10 mélodies pour le même texte. J’avais eu l’idée en début de projet faire un album où c’est toujours les mêmes mélodies pour le même texte. Finalement, j’ai eu le flash (pour Mon Drame). Quelle magnifique projet pour se permettre quelque chose comme ça!
Ce projet surprend pour beaucoup de choses, mais surtout pour la voix de Lynda qui vieillit à merveille et qui dévoile de magnifiques notes que l’artiste n’avait d’ailleurs pas vraiment exploitées jusqu’à ce jour comme dans la chanson Je t’oublie. Dans le cas de » Je t’oublie « , je me suis amusée à fredonner la même mélodie que ma main droite au piano et ça a donné cette mélodie-là que je ne pouvais pas imaginer chanter parce que c’est une difficulté de chanter une chanson aussi haut perchée en frôlant la voix de tête pis être toujours la limite entre la voix de tête et la voix de gorge. C’est sûr que c’est tout un défi, mais je ne sais pas si c’est l’âge ou la maturité ou l’expérience, on dirait que j’ai moins d’orgueil qu’avant. L’orgueil pouvait me freiner alors qu’aujourd’hui, je me dis : qu’est-ce que j’ai à perdre si ça donne quelque chose de beau? Ce qui compte, c’est d’essayer et de se laisser surprendre par le résultat.
Faire la sélection des chansons pour un spectacle ne doit pas être simple lorsqu’on a déjà une carrière bien établie et qu’on lui rajoute 11 albums d’un coup, mais Lynda Lemay sait où ce qu’elle s’en va et a toujours de la place pour les projets. L’artiste a fait plusieurs plans pour ses spectacles jusqu’avoir l’idée d’imaginer 11 spectacles différents où elle livrera deux chansons de son répertoire connu et deux autres qui font partie de ses 11 nouveaux projets. Un projet de tournée qui donnera à chacun des publics qui assisteront au spectacle un moment unique en plus de prolonger la folie d’Il était onze fois.
À noter que les deux premiers albums, Il était onze fois et Des milliers de plumes , se retrouvent partout en magasin ainsi que sur toutes les plateformes de téléchargement.