Madama Butterfly

Madama Butterfly : une superbe mise en scène

Nous avons eu le plaisir d’assister samedi le 6 mai 2023, à la première de l’opéra bien connu de Giacomo Puccini, Madama Butterfly, à la Salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts. Une production de haute qualité, mise en scène de Stéphanie Havey, qui d’ailleurs  ramène une situation souvent vécue par les enfants adoptés, à savoir qui sont leurs parents biologiques et que sont-ils devenus et l’histoire derrière leur naissance.

Pour ce faire, Madame Havey, fait apparaître deux nouveaux personnages muets qui sont plutôt spectateurs que participants. Elle a imaginé que l’opéra se situe à dix années après le suicide de Cio-Cio-San et les deux spectateurs sont Kate Pinkerton chapeautée par Pauline Tessadri et l’enfant Dolore derrière lequel se cache Enzo Zhang. Kate Pinkerton l’a adopté et élevé comme son propre enfant en Amérique. Ils visitent tous les deux un coffret que Cio-Cio-San a laissé pour son fils, tout en assistant à l’opéra comme tel, au cours duquel l’enfant Dolore se revoit  très jeune enfant et revit ce qui s’est passé exactement il y a dix ans. Une belle trouvaille qui nous permet de vivre  l’opéra si bien connu sous un angle différent, sans que quoi que ce soit ne soit changé à la version originale autant du côté musique que du côté livret, tout a été respecté.

© Isabelle Hamel Blouin / Éklectik Média

On retrouve en vedette Joyce El-Khoury, soprano dans le rôle de Cio-Cio-San, Matthew White, ténor qui personnifie le Lieutenant B.F. Pinkerton, alors que Hugo Laporte, baryton se cache derrière Sharpless. Suzuki est jouée par Lauren Segal, mezzo-soprano alors qu’Éric Thériault, ténor incarne Goro l’agent immobilier. Matthew Trevino, basse a accepté de se déguiser en  Bonze, le Grand Prêtre. Quant à Kate Pinkerton, dix ans plus jeune, elle est incarnée par Martina Myskohlid, mezzo soprano. Les autres personnages sont interprétés par Geoffrey Schellenberg, baryton, Matthew Li, basse, Sydney Frodsham, contralto, Meghan Fleet, soprano, Marie-Claire Drolet, soprano, Mikelis Rogers, baryton et Jasmine Nguyen,l’enfant Dolore tout jeune. Une distribution en grande partie canadienne.

Il va sans dire que Joyce El-Khoury domine la scène autant par le rôle qui lui incombe que par son jeu et sa voix qui font d’elle, à notre avis, une Madama Butterfly hors du commun. Lors de son solo  Un bel dì vedremo , elle a soulevé un mouvement de foule qui lui a accordé une salve d’applaudissements. Quant à l’amour de sa vie, le Lieutenant B.F. Pinkerton, celui pour qui elle se tue, ne doit pas être négligé lui non plus. il y fait ses preuves dans le duo  du premier acte, où il se retrouve seul avec Cio-Cio-San après leur mariage. Quelle voix magnifique et ce rôle lui va comme un gant.

© Isabelle Hamel Blouin / Éklectik Média

Quant  aux autres interprètes, on pourrait penser que chacun des rôles avait été écrit pour chacun d’eux, tellement ça leur collait bien à la peau. En fait, chaque personnage fut magnifiquement interprété par ces dieux de l’opéra qui savent mettre en valeur les atouts dont ils ont été dotés, et ainsi, mettre l’accent sur le personnage derrière lequel chacun se cache.

Nous tenons également à souligner le fabuleux travail de l’Orchestre de l’Opéra de Montréal dirigé cette fois-ci par Pedro Halffter. Son cursus  plutôt impressionnant est tout simplement à la hauteur de son talent, à moins que ce soit l’inverse. Tout au long de l’opéra nous sommes à même de constater la complicité qui s’est établie entre le chef et chacun des membres de l’orchestre, et l’intermède entre le 2ième et 3ième acte nous permet d’apprécier davantage cette connivence.

Une soirée à l’opéra qui mérite d’être vécue par tous les amoureux de cette musique aux exigences particulières. Madama Butterfly demeure à l’affiche jusqu’au 20 mai 2023, et vous pouvez vous procurer des billets

© Isabelle Hamel Blouin / Éklectik Média