Puisque Mamma Mia, adaptation cinématographique de la pièce de Broadway du même nom, a engrangé plus de 615 millions de dollars partout dans le monde, la perspective d’une suite ne surprend guère. Il aura fallu attendre 10 ans avant que les personnages reviennent concrètement nous chanter des succès d’Abba plongés dans le décor enchanteur de l’île Kalokairi. Même si on peut reprocher à ce second opus d’être qu’un produit désespéramment à la recherche d’une gloire passée et de soutirer paresseusement quelques centaines de millions de plus, force est constater que, au-delà de sa bonne humeur hautement contagieuse et malgré toute la mauvaise foi de ce monde, il se compare facilement à la joie ressentie lors du premier volet.
Puisque la pièce de théâtre ne comporte pas de suite, Ol Parker, qui succède à Phyllida Llyod à la réalisation, a écrit un scénario complètement orignal. Habitué d’écrire des comédies touchantes comme il l’a prouvé avec The Best Exotic Marigold Hotel et Imagine me& you, Parker a décidé de toucher les cordes sensibles en alliant nostalgie, événement tragique et une fin qui finit bien pour tous les protagonistes qu’on aime tant. Ça sent le réchauffé, mais les chorégraphies dynamiques, la direction artistique et le talent des interprètes jouissent ici d’une amélioration si marquée qu’on ne peut faire autrement que de se dandiner sur son siège et fredonner les refrains accrocheurs.
Le scénario mise sur une abondance de retours en arrière relatant comment la jeune Donna (Lily James) a rencontré les trois pères potentiels de sa fille Sophie (Amanda Seyfried) : Harry (Hugh Skinner), Bill (Josh Dylan) et Sam (Jeremy Irvine). Se déroulant cinq années après les événements de Mamma Mia!, l’histoire dépeint l’existence mature d’une Sophie à la veille de vivre des étapes charnières qui lui feront voir la vie autrement. L’enchaînement entre le passé et le présent se fait sans la moindre anicroche même si on peut dénoter des incongruités dans les intrigues des deux volets notamment au niveau des caractéristiques physiques et psychologiques des personnages. Visiblement passionné et inspiré par le projet, Parker , contrairement à Phyllida Lloyd, esquive le piège de la mise en scène monotone et morose en fondant des plans, en utilisant des objets de transition et en dressant des parallèles affectifs entre les retours en arrière et la réalité du présent. Cela donne lieu à une réalisation sans aucun temps mort.
Les chansons sélectionnées correspondent parfaitement aux états d’âme des personnages. Malheureusement, puisque les grands succès d’ABBA ont été utilisés dans le premier film, le choix était limité. À l’exception de Waterloo et Fernando (L’unique moment du film dans lequel la présence de Cher trouve toute sa signification car son jeu et la présence même du personnage font grincer des dents), les pièces s’adressent aux immenses fans de la formation suédoise, ce qui freine parfois le désir de faire du Lip Sync! On se rabat alors sur les mouvements de danse réjouissants et les tenues hautement colorées.
La fougue des acteurs incarnant les versions adolescentes des personnages principaux épate au même titre que les ressemblances physiques et l’accent. Les jeunes acteurs ont visiblement pris leur rôle très au sérieux et ont bien étudié le travail de leurs collègues qui incarnent les protagonistes à l’âge adulte, à commencer par Lily James qui fait preuve de belles nuances. Même si certaines notes manquent de justesse, elle parvient à offrir une Donna Sheridan très ressemblante à l’image positive et inspirante dont nous a gratifié l’incroyable Meryl Streep. Même lorsqu’elle doit composer avec les contraintes d’un caméo, cette dernière brille. Sa voix donne des frissons tout en réchauffant le cœur. Elle est tout simplement la reine incontestée des émotions vraies. La scène qu’elle partage avec l’excellente Amanda Seyfried rappelle sobrement le lien indestructible d’une mère et son enfant.
Ce retour de Mamma Mia s’articule également sous le signe de l’humour. Encore plus drôle que son prédécesseur, il permet à Julie Walters et Christine Baranski approfondir l’adorable amitié sans filtre qui unit Rosie et Tanya. On aurait cependant bien aimé entendre leurs jolies voix plus souvent et pas seulement comme choristes. Colin Firth et Stellan Skarsgard ont également droit à leur moment de gloire en parodiant Titanic et s’amusent follement pour notre plus grand plaisir!
Cette suite indique une ouverture possible pour une trilogie. Autant que nous sommes contents d’avoir retrouvé ces personnages, surtout en cette période estivale, autant nous sommes peut-être maintenant prêts à les laisser vivre une existence paisible et teintée de mélodies festives en Grèce. Et si la nostalgie nous gagne encore, on pourra toujours regarder en boucle l’hilarant générique de fin qui fait un formidable clin d’œil à celui du premier film ! 😉
Crédits Photos : Universal Pictures