L’interprète Marie Denise Pelletier a dévoilé, en octobre dernier, un tout nouvel opus intitulé Sous ma peau de femme. Une bénédiction pour l’artiste qui n’avait pas proposé de projet solo depuis douze ans. En effet, lors des douze dernières années, Marie Denise Pelletier a davantage partagé la scène avec d’autres artistes dans diverses tournées, dont le célèbre spectacle Pour une histoire d’un soir aux côtés de Joe Bocan et Marie Carmen, qui vient tout juste de se terminer.
L’artiste nous a également subjugué lors de son passage à l’émission Chanteurs masqués dans laquelle elle incarnait Mutante Rita. Une belle occasion pour la chanteuse de plonger dans des répertoires différents de ce qu’elle nous propose habituellement. Un passage marquant que l’on n’oubliera pas de sitôt. À l’aube de sa nouvelle tournée qui commence officiellement le 8 février, Marie Denise Pelletier revient sur la création de l’album qui, au départ, a semé beaucoup de doutes.
« Quand le producteur Martin Leclerc m’a proposé de faire ce nouveau disque, j’étais un peu perplexe parce que d’habitude, je prends un temps de pause entre les projets. Là, j’étais en pleine tournée, j’étais partout, donc je me demandais comment j’allais trouver le temps pour faire le disque. Finalement, j’ai réfléchi à ça et je me suis lancée. Je ne voulais pas manquer cette fenêtre-là et j’ai été très chanceuse parce que tous les auteurs à qui j’ai demandé des chansons ont dit oui. Ç’a été une bénédiction!»
Une question de synchronicité
Pour cet album-là, Marie-Denise Pelletier nous confie que tout au long du processus, la synchronicité était au rendez-vous, notamment dans le choix des chansons. Pour qu’une chanson puisse résonner en elle, « il faut qu’elle me touche et qu’elle vienne éveiller en moi quelque chose de vrai. C’est sûr que quand c’est du sur mesure, j’explique à l’auteur ce dont je voudrais parler, alors c’est peut-être plus facile dans ce sens-là. La chanson Sous ma peau de femme a été écrite il y a 18 ans et dormait dans un tiroir avant d’apparaître sur l’album. »
Toutes les chansons que l’artiste a pu interpréter au fil de sa carrière ne change pas sa manière de percevoir les textes, car pour Marie Denise la sélection des chansons se fait surtout en fonction d’où elle est rendue aujourd’hui dans sa vie. « Je suis une femme libre et mature, donc mes préoccupations ne sont pas les mêmes que quand j’avais 20 ans. Mon dernier album est celui d’une femme dans la jeune soixantaine avec les préoccupations d’une femme de soixante ans. C’est un processus de vie d’être là où je suis rendue aujourd’hui. Ce qui me fait vibrer et ce qui me fait chanter encore ne sont pas les mêmes raisons pour lesquelles je fais ce métier aujourd’hui que quand j’avais 20 ans très certainement.»
Un processus très instinctif
Depuis le début de sa carrière, Marie Denise séduit grâce à son interprétation et les grandes nuances que peut dégager sa voix. La manière dont elle pose sa voix sur les textes est un processus qui ne se choisit pas puisqu’il est davantage instinctif. « C’est certain qu’il y a des chansons qui demandent certaines choses, qui demandent de nuancer. Moi je vais d’abord m’accrocher aux mots, à ce que j’ai à dire, et la voix suit. Elle s’en va exactement où elle doit aller, je n’ai même pas à réfléchir ça. C’est un processus très instinctif chez moi. C’est l’instinct qui choisit à ma place dans le fond. Ce n’est pas du tout dans la tête, c’est beaucoup dans le cœur et dans le ressenti et c’est vraiment ça qui dicte ma voix dans tous les sens du terme. »
Dans l’album Sous ma peau de femme, Marie Denise Pelletier a eu la chance de collaborer avec de nombreux artistes dont Louis-Jean Cormier, Robert Charlebois, Catherine Major et Michel Rivard. Des collaborations qui peuvent quelque peu influencer la manière de chanter les chansons. « C’est sûr que si tu prends une mélodie de Robert Charlebois, ça demande quelque chose parce que du Robert, c’est construit d’une certaine manière. Moi, mon but n’est pas de la chanter comme Robert la chanterait, mais c’est de prendre ce qu’il m’a offert comme mélodie et d’y amener l’interprète. C’est ça le défi. »
Malgré son amour des mots et sa capacité à écrire des chansons, Marie Denise admet que l’écriture n’est pas ce qu’il l’allume le plus, contrairement aux mélodies qui viennent plus facilement. L’artiste signe d’ailleurs la composition de la pièce Petite fin du monde. « J’ai 1000 mélodies dans la tête tout le temps. Je vis constamment avec la musique. Pour moi l’improvisation musicale est extrêmement facile. Je suis née avec ça. Écrire des textes, il faut s’asseoir, il faut y penser. Il faut se remettre 100 fois sur son ouvrage pour arriver à une chose exceptionnelle et il y en a beaucoup qu’ils le font mieux que moi malgré que j’ai écrit quand même plusieurs chansons dans ma vie et qui sont très belles, mais c’est pas ce qui m’allume le plus. Pour moi, c’est beaucoup plus facile de créer des mélodies parce que j’en ai tout le temps dans le cœur et dans la tête. »
Le pouvoir de s’adapter
En 40 ans de métier, Marie Denise Pelletier a vu l’industrie de la musique évoluer sous toutes ses formes. Bien que l’on remette en question la place des interprètes dans le milieu artistique, pour Marie Denise Pelletier les chanteuses à voix n’ont jamais perdu leur place. « Des chanteuses à voix, il y en a encore aujourd’hui, je ne pense pas qu’il faut s’inquiéter de ça. Il y a peut-être une mode dans la façon de chanter aujourd’hui qui ne demande pas un registre très grand, mais il y a de jeunes chanteuses qui pourraient chanter à peu près n’importe quoi et qui pourraient faire de grandes chansons. Je pense que c’est plus dans l’air du temps. Les grandes chanteuses, les grandes interprètes, il y en a toujours eu et il y en aura encore. »
En tant qu’artiste politique qui a défendu les droits des artistes québécois à l’Union des artistes et chez Artisti pendant une dizaine d’années, Marie Denise Pelletier a assisté aux premières loges des chamboulements liés à l’industrie de la musique. « Il faut savoir s’adapte, ça, c’est clair. Je pense que ma force, c’est de n’avoir jamais arrêté la scène, donc j’ai pu faire ce métier-là toute ma vie. C’est ce qu’il nous reste la scène maintenant. Le disque est rendu presque comme une carte de visite pour vendre à la scène, mais c’est sûr que ç’a beaucoup changé. J’ai eu un peu de désillusion en politique parce que ça prend tellement de temps pour changer les choses, mais je m’adapte parce que sinon je changerai de métier. Je me considère très chanceuse. Je gagne ma vie avec ma voix encore après 40 ans. C’est un grand privilège, et je dis merci à la vie.»
En tournée partout au Québec
C’est d’ailleurs sur scène que l’on pourra retrouver Marie Denise Pelletier, puisqu’elle sera de passage à La Cinquième Salle de la PDA les 15 et 16 février prochain pour présenter son tout nouveau spectacle solo. Un spectacle sur lequel elle travaille depuis l’automne dernier et qui saura faire plaisir à son public. « C’est très important pour moi de me préparer psychologiquement, de penser à tout ce que j’ai envie de dire, donc je me prépare d’avance. C’est sûr que je vais présenter le nouveau disque. J’ai endisqué 150 chansons en carrière, donc c’est sûr que je chanterai des incontournables appréciés du public et que j’ai envie de faire encore. Cela dit, parmi mon répertoire, il y a aussi plein de chansons que je n’ai pas fait depuis longtemps et je pense que le public va être très content de les entendre.»
On rappelle que l’album Sous ma peau de femme est disponible en magasin ainsi que sur toutes les plateformes de téléchargement.