Un Théâtre Maisonneuve plein à craquer attendait Michel Fugain avec impatience, ce samedi soir dernier, le 13 mai 2023. Une impatience qui s’est changée en plaisir dès les premières mesures de Chante la vie chante, annonçant son arrivée sur la scène. Une salve d’applaudissements l’a alors accueilli et selon nous, il en a été ému. Il n’était pas venu en tournée ici depuis avant la pandémie, et il a choisi Montréal pour célébrer ses 81 ans, c’est sûr que c’était la fête.
Dès notre entrée dans la salle, nous savions que quelque chose de spécial nous attendait, mais quoi… Avec Monsieur Fugain, on peut s’attendre à tout, même à l’inattendu. Après les salutations d’usage, l’idole tant attendu a répondu à une question qui devait se lire sur les yeux de toute l’assistance : « qui sont les deux messieurs dont les photos trônent sur la scène. »
Il nous a répondu qu’il s’agissait des deux auteurs à qui il devait la naissance du groupe Le Big Bazar, c’est grâce à eux qu’il a pu avoir les douze chansons, norme de ce temps pour un album 33 tours, pour permettre la création du groupe et l’enregistrement de leur premier album ainsi que la mise en scène d’un premier spectacle dont beaucoup se rappellent encore. Il s’agit des auteurs Pierre Delanoë (entre autres Chante la vie chante) et Maurice Vidalin (notamment C’est la fête) qui nous ont laissé un héritage d’un nombre incalculable de fabuleuses chansons, dont ils ont écrit les paroles pour plusieurs grandes vedettes de la chanson. Il voulait leur dire merci pour tout ce qu’ils ont fait pour lui et son groupe dont c’aurait été le 50ième anniversaire en 2022.
Il va sans dire qu’il nous a régalés avec ses différents airs qui ont marqué les premières années de notre vie adulte. Pensons à Soleil entr’autres, Attention Mesdames et messieurs, C’est une belle histoire, qu’il nous a interprétée avec sa conjointe Sanda, qui fait partie intégrante de la tournée en tant que choriste, ‘’cheer-leader’’, et amoureuse, on a pu sentir la tendresse qui les lie lorsqu’ils ont terminé cette chanson main dans la main, et le regard qu’ils se sont jeté.
Par moment, on pouvait se penser à la série animée par Monique Giroux, L’Histoire de mes chansons, moins Madame Giroux pour le questionner intelligemment, tellement il était précis dans la description du processus de l’écriture de ses chansons. Son principe de base c’est qu’il en écrivait d’abord la musique et se tournait ensuite vers ses amis pour qu’ils lui mettent des paroles dessus, et chaque fois, c’était un succès assuré et évident.
Il nous a raconté sa première venue au Québec, en 1969, en hiver et avant la création du Big Bazar. Il est allé, notamment à Matane et Rimouski en pleine grosse tempête de neige, il semble bien que ça ne l’ait pas effrayé, puisqu’il n’a pas manqué de revenir nous voir, pendant toutes ces années. De cette période, on se rappellera notamment de la chanson Je n’aurai pas le temps que son ami Pierre lui a écrite. Nous avons pu entendre Fais comme l’oiseau, dont il a entendu la musique la première fois à Rio de Janeiro, une musique de Jose Carlos Figueiredo, et à son retour en France s’est encore une fois tourné vers Pierre Delanoë qui en a fait cette chanson que nous fredonnons encore avec tant de cœur et de joie.
Évidemment que C’est la fête faisait partie du programme et encore une fois, le public l’a assisté en tapant des mains au rythme de la musique, sans oublier de chanter avec lui, en fait ce fut ainsi pour la majorité des chansons qu’il a exécutées. En 1973, Pierre Richard qui jouait dans le film Je sais rien mais je dirais tout a voulu que la chanson Les gentils, les méchants fasse partie de la bande sonore du film. Nous la connaissons tous très bien et il a bien entendu pris plaisir à la fredonner pour nous. Une autre chanson qui avait déjà été un succès, est devenue un succès international, la mélodie ayant été choisie par le Comité Organisateur de l’Expo Universelle de Nagoya, en 2005, Bravo Monsieur le Monde, pour être la mélodie de la chanson thème de cette Exposition. Un autre fleuron qui s’ajoute à l’œuvre de Michel Fugain.
Il nous a bien fait rire, alors que sa conjointe nous interprétait une chanson, il lui a lancé un « Lâche pas la patate » il se « québécoicise » davantage à chacun de ses passages parmi nous. Un Michel Fugain qui malgré ses 81 ans est toujours un véritable « entertainer » aussi spectaculaire dans ses chansons, sa façon de bouger, la couleur dans ses mots de présentation, dans tout lui en fait, qui n’est jamais sans mot, l’esprit et l’humour toujours présents. Par exemple, quand il nous a servi un clin d’oeil à l’ami Claude Léveillée, lorsqu’il parlait des rencontres au resto avec sa gang après un spectacle, « Autour d’la table Ça riait, discutait Pendant qu’maman nous servait », un clin d’oeil qui n’est pas passé inaperçu si on en juge par les applaudissements qu’il a suscités. Un petit monologue pour nous raconter la belle histoire d’amour qu’il vit depuis 60 ans avec Sanda. Et en entendant la chanson Un sourire, nous avons appris à en connaître la valeur inestimable.
Personnellement, nous avons fait connaissance avec plusieurs chansons des trente dernières années, lesquelles sont selon nous, plus réalistes, plus selon la vraie vie. Jusqu’à demain peut-être, Les années guitares, Les sud-américaines, Forteresse avec laquelle Sanda, sa conjointe, nous a émerveillés. Chaque jour de plus, Encore, La rue du temps qui passe, De l’air de l’air qui nous ramène sur la réalité environnementale d’aujourd’hui. Il a terminé son spectacle de la même façon qu’il l’avait commencé, soit avec Chante la vie Chante, Un 2 1/4 heures qui a passé aussi vite que le temps de dire «Fugain ».
Nous nous sommes quittés en lui chantant Mon cher Michel, c’est à ton tour…… Un spectacle qui nous laisse un souvenir impérissable et qui sera placé dans l’album des gratitudes.