NOIR : Mike Ward ne démord pas !

Tant que ça reste des blagues !

Que vous vous soyez forgés une opinion ou non à propos de cet humoriste, lui, en revanche, ne compte surtout pas offrir à son public bien consentant une version édulcorée de lui-même. En effet, Mike Ward ne déroge pas d’un poil de son humour hors norme avec Noir, son cinquième one man show en carrière. Mercredi soir dernier était soir de première montréalaise pour l’indélogeable raconteur de blagues douteuses au Club Soda. Inutile de vous dire que le succès a été au rendez-vous !

Il est tout aussi inutile de vous expliquer tout ce que l’humoriste à traversé ces dernières années, vous le savez déjà ! Il s’avère que, malgré tout, le public a répondu présent et l’acclame bruyamment. D’une certaine manière, il se range pour le droit à la liberté d’expression. Encore là, les limites des uns ne sont pas les mêmes pour d’autres. Certains diront « si ça ne vous plaît pas, allez voir ailleurs ! ».  Avec la même verve et intensité qu’on lui connaît, bien sûr, Mike Ward n’y est pas allé avec le dos de la cuillère en abordant des thèmes que peu d’humoristes oseraient toucher, voire même penser. Selon lui, il n’a plus rien à perdre. Et même s’il va loin dans ses propos, on sent qu’une mince ligne de sécurité est établie.

Des premières parties tout aussi trash !

Il serait fou de croire que les premières parties de Mike Ward ne seraient pas de la même veine que ce dernier. En effet, Erich Preach et Christine Morency ont tous deux démontré qu’ils n’avaient pas la langue dans leur poche. Morency ne se gêne aucunement pour parler de sa grosseur. Elle proclame qu’elle a le casting idéal pour jouer une grosse lesbienne dans Unité 9. Mais c’est surtout sa délirante anecdote de lorsqu’elle essaie de passer aux douanes qui en a fait rire plus d’un. Quant à Preach, sa parfaite imitation d’une fille superficielle n’a laissé personne indifférent.

Il va loin, mais il faut s’en attendre !

Les attachés de presse de l’humoriste nous ont gentiment interdit de révéler le tout début du spectacle par souci de ne pas tout dévoiler, et c’est compréhensif ! En effet, c’est sans doute l’un des numéros les plus forts de son spectacle. C’est dans ce numéro qu’il sort le méchant (et juste pour ça, le spectacle en vaut largement la peine). Sinon pour le reste, Ward fait des amalgames de tous les sujets sensibles de l’heure tels la dépression, le suicide, le mouvement #metoo, Eric Salvail (bien sûr), le consentement sexuel et l’intimidation.

Quand on dit que Ward ne fait pas dans la dentelle, il faut prendre ça au sérieux. Ce n’est pas pour les oreilles sensibles. Si vous vous payez un billet pour le voir en spectacle, il ne faut pas vous surprendre à être effarouchés. Si on s’ouvre un tant soit peu à son monde, vous allez probablement vous rendre compte que, derrière l’homme, se cache une belle sensibilité, par exemple lorsqu’il évoque sa dépression et son passage à l’émission de Paul Arcand. C’est sans doute pour cela que ses admirateurs demeurent fidèles au poste après toutes ces années. On sait tous qu’il est généreux de nature, il aide beaucoup de monde autour de lui, et surtout auprès de personnes handicapées. Ironique non?

Si Sophie Durocher elle-même lui reproche de manquer d’audace en ne parlant pas de terrorisme ou bien de l’état islamique, c’est dans une très belle ironie qu’il fait un rapide survol de ce qu’il pense de tout cela. Curieusement, c’était le numéro le moins trash de la soirée. Sans doute pour démontrer son désintérêt total sur le sujet.

Il ne prend aucunement de gants blancs, c’est grinçant, mais on ne peut pas s’empêcher d’y retrouver une force incroyable dans l’écriture de ses textes et dans la manière unique de toujours aller plus loin sans jamais perdre les pédales.

J’ai omis volontairement de révéler des extraits de ses blagues pour la simple et bonne raison que de les écrire ici n’aura pas autant d’impact que si ça sort de sa bouche à lui, le maître incontesté de l’humour noir et salace.

Pour les détails des dates de spectacles et pour vous procurer des billets, c’est ici !

 

Crédit photos : © Joanie Raymond / Éklectik Média