Après un séjour couronné de succès dans la ville de Québec, Patrick Bruel est débarqué hier soir au Théâtre St-Denis pour une courte résidence jusqu’au 15 mai. Inutile de préciser que ce Patrick Bruel en acoustique était fort attendu par le public montréalais et que ce dernier ne s’est pas fait prier pour manifester tout son amour pour le chanteur, de sa sombre entrée par une porte fictive en néon turquoise jusqu’à sa sortie triomphante, étui de guitare à la main, au terme d’un généreux voyage de plus de 24 chansons.
Prenant comme point de départ un cahier de notes écrites à 15 ans retrouvé par pur hasard, Patrick Bruel a convié le public à plonger dans ses souvenirs marquants au niveau personnel et professionnel, le tout agrémenté par des textes excessivement connus et d’autres qui gagnent définitivement à l’être. Évidemment, les spectateurs les ont accueillis chaleureusement et fougueusement, savourant intensément chaque seconde de la soirée.
Le lien incassable qui unit le chateur algérien aux Québécois a brillé de mille feux grâce à des commentaires spontanés lancés à l’artiste qui les attrapait amicalement au bond. Sans oublier les fameuses paroles célèbres scandées avec une impressionnante maîtrise. Cette chorale si chère et authentique qui a enfin pris vie après un cruel hiatus de deux ans donnait des frissons. Au menu dans les plus grands succès : la sublime J’te l’dis quand même, la tristement actuelle Alors regarde et la poignante J’te mentirais offerte pour la toute première fois à la guitare, gracieuseté d’une demande spéciale.
Pour sublimer le répertoire, un décor étonnamment dynamique pour un concept acoustique : des colonnes de néon, des éclairages aussi intimes qu’étincelants et des projections aux couleurs feutrées. De plus, un duo de musiciens multiinstrumentistes naviguaient librement et gaiement.
Patrick Bruel a également livré des trésors enfouis avec son incomparable rauque qui casse joliment par moments et ses saisissantes notes puissantes remplies d’émotions. Il faut souligner Le fil , jouée au piano, qui relate la tumultueuse relation d’un père avec ses enfants adolescents. Il y a également eu On t’attendait, la suite non officielle de La Place des grands hommes qui a été chantée tout de suite après cet intemporel succès qui a été reçue dans les larmes, les cris et les clappements de mains. On t’attendait exprime comment la bande de potes de Patrick Bruel a réussi à montrer son soutien à leur ami Marco qui, par honte de sa vie, n’a pas voulu aller au fameux rendez-vous à la Place des grands hommes.
Issue de son premier album, Musique vieille, qui a retrouvé ses lettres de noblesse grâce aux populaires live Facebook faits pendant la pandémie, a particulièrement résonné auprès du public qui a été ému par la déchirure de Bruel sur des lignes comme : J’aime pas ma vie, pourtant j’la vis. J’ai peur d’la mort, pourtant je sors. Une ovation instinctive et méritée a ému l’Algérien à son tour. Le titre On partira, troublant écho à la guerre en Ukraine, a suscité nécessaires larmes et silences.
Fin charmeur, Patrick Bruel a réussi le valeureux exploit de non seulement faire lever le Saint-Denis à maintes reprises mais aussi de lui donner des allures de stade! Les spectateurs de toutes les générations confondues répondaient sans broncher à toutes les demandes : des sauts, des mains tendues vers le plafond, des exclamations de plus en plus fortes… Que c’était vibrant! L’un des moments qui restera gravé dans la mémoire de bien des spectateurs est sans contredit quand les couloirs et les rangées se sont transformés en une salle de bal au son de la valse endiablée Mon amant de Saint-Jean d’Édith Piaf. Voir autant de couples hétéroclites danser sans souci, comme c’était galvanisant!
Peu de temps après, ces mêmes danseurs se sont cassé la voix avec un plaisir incommensurable sur Casser la voix. Un défoulement délicieusement exquis qui a mené avec fracas à l’ultime Qui a le droit qui a bien sûr tout détruit. Après des applaudissements du tonnerre et des chants de Bonne fête 48 heures à l’avance, le chanteur, sincèrement ému, a entonné la magnifique lettre d’amour Ma plus belle histoire avec des yeux humides.
Les spectacles à Montréal se poursuivent jusqu’au 15 mai. Ensuite, Patrick Bruel ira à Gatineau les 19, 20 et 21 mai, à Trois-Rivières les 25 et 26 mai et finalement à Sherbrooke le 28 mai. Pour tous les détails et vous procurer des billets, CLIQUEZ ICI!
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média