Dans le cadre de la série Hors-Série de sa programmation 2020-2021, l’Orchestre Symphonique de Montréal nous a présenté, le samedi 12 septembre dernier , à la Maison Symphonique de la Place des Arts, un concert intitulé Poèmes amoureux de Mozart et Beethoven sous l’habile direction de Bernard Labadie alors que James Ehnes était au violon pour le Concerto de Beethoven. Il s’agissait de la troisième journée depuis la réouverture de la Maison Symphonique qui, d’une capacité normale de 2100 sièges, n’offrait que 250 sièges, pandémie oblige. La distanciation était bien évidemment respectée, puisque la salle n’était occupée qu’à un peu plus de 10% de sa contenance régulière. Évidemment, le port du masque était obligatoire durant nos déplacements dans la Maison Symphonique, mais celui-ci pouvait être retiré une fois installés à nos sièges.
Bernard Labadie bénéficie d’une reconnaissance à travers le monde de par sa compréhension des répertoires baroque et classique, connaissances acquises avec Les Violons du Roy (groupe qu’il a fondé et dirigé de 1984 à 2014) ainsi qu’avec La Chapelle de Québec. Il a participé à plusieurs tournées, tant au Canada, aux États-Unis qu’en Europe et dans des salles de concert aussi prestigieuses que le Carnegie Hall, le Kennedy Center et le Lincoln Center. Il a dirigé et dirige encore les principaux orchestres symphoniques de l’Amérique du Nord notamment à Atlanta, Chicago, Toronto, Houston et San Francisco. Il guide également certains orchestres philharmoniques dont ceux de Berlin, Lyon et Ottawa.
Quant à James Ehnes, violoniste canadien, il est un des violonistes les plus convoités sur la scène internationale. La longue liste d’orchestres auxquels s’est joint Monsieur Ehnes comprend, entre autres, les orchestres symphoniques de Boston, Chicago, Londres, Vienne et évidemment Montréal ainsi que les orchestres philharmoniques de Los Angeles, New York, Munich et tchèque.. C’était donc un plaisir de l’avoir parmi nous.
Au programme, tout d’abord la Symphonie No 35 en ré majeur, K-385 ‘’Haffner’’ de Mozart, qui l’a écrite après son mariage avec Constance Weber. Cette symphonie fut suivie du Concerto pour violon en ré majeur, op. 61 de Beethoven, son unique concerto pour violon. Celui-ci fut composé peu après ses fiançailles secrètes avec Thérèse de Brunswick. Selon Monsieur Labadie, ce concerto serait un des plus beaux de notre jubilaire de 250 ans, d’où le thème du programme de la soirée, Les poèmes amoureux.
La symphonie de Mozart empreinte de douceur semblait nous dévoiler une multitude de secrets que Mozart devaient murmurer à Constance. Malgré le nombre restreint de musiciens sur la scène, distanciation oblige, l’intensité de la pièce atteignait le même niveau que si l’orchestre avait été au grand complet. À noter également que le fait que le Maestro Labadie dirige assis (il a eu à combattre un cancer des lymphocytes en 2014, un rare syndrome faisant en sorte que les cellules malades « se retournent contre la personne atteinte ») l’énergie qu’il dégage est exceptionnelle. Une interprétation dont Amadeus devrait être très fier.
Puis, ce fut le concerto pour violon, avec l’archet bien effilé de James Ehnes, un régal pour les yeux et bien entendu pour les oreilles. Avec ou sans masque, on ne pouvait rien manquer de la complicité que Monsieur Enhes a su établir entre lui et son instrument. C’est juste s’il ne le fait pas danser! Encore là, on pouvait pratiquement entendre la déclaration d’amour qu’était probablement en train de faire Ludwig à Thérèse, et ce grâce à la magie des coups d’archet de ce virtuose du violon. On a aussi pu reconnaître le son, la pompe que Beethoven aime bien avoir dans ses œuvres, et ce pour notre bon plaisir.
En somme, pour un début après une pause de six mois, ce fut une soirée qui nous restera en mémoire longtemps, autant pour le programme qui nous a été offert que pour ce que ce retour signifiait pour tout le monde, principalement pour les occupants de la scène. Si le passé, encore très proche, est garant de l’avenir, on peut s’attendre à beaucoup d’autres surprises de la part de notre Orchestre Symphonique.
Pour ceux et celles qui n’ont pu faire partie des 250 spectateurs chanceux, ce programme sera présenté en version virtuelle (Web) à compter du 22 septembre 2020, à partir du 19h00. Vous pouvez vous procurer des billets ICI.
Crédits Photos : Antoine Saito