Un personnage fofolle et assumé
Pour sa première médiatique, qui a eu lieu au fameux Théâtre Maisonneuve de la Place des arts mercredi soir dernier, l’humoriste Rosalie Vaillancourt a été bien accueillie par ses pairs, amis, famille et médias. Après un long moment en rodage, voilà que la jeune femme de 27 ans joue désormais dans la cours des grands avec son tout premier spectacle solo intitulé « Enfant roi ». Ce spectacle est à l’image même de ce que nous connaissons de l’humoriste, c’est-à-dire un petit côté irrévérencieux, naïf et fofolle.
Vaillancourt a pris sa place en humour avec son singulier personnage de fille aux mœurs légères et à la voix aiguë, et il faut dire que ça fonctionne encore très bien. C’est d’ailleurs sur ce personnage que repose l’entièreté du one woman show, un choix très audacieux. Mis en scène par le comédien Pierre-François Legendre, nous passons une belle heure et quart à s’imprégner de la folie contagieuse et déconcertante de Rosalie. Enfant roi est tout sauf un spectacle conventionnel. Attention, elle prononce le mot « pénis » 28 fois durant la soirée. Ce qui donne un bref aperçu de ce qui vous attend.
© Frédérique Dadié / Éklectik Média
Une bonne personne ?
La soirée est entamée par une vidéo animée où l’on voit une Rosalie incarnant une princesse pourrie gâtée. Tout au long, elle devra prouver qu’elle est une bonne personne à la suite d’une malédiction d’une vilaine sorcière. Ce qu’elle tentera malheureusement de faire à travers des raisonnements saugrenus et peu convenus. Telle une adolescente immature, Rosalie parle sans vergogne de sexualité, qui est, et nous le comprenons assez rapidement, son sujet de prédilection. Elle parvient à nous surprendre plus d’une fois en nous déstabilisant par ses propos franchement crus et sans filtre, telle « une piscine à Hochelaga ».
À travers un fil conducteur bien tissé, Rosalie n’hésite pas à traiter ses parents de laids, nous parle de ses anciens amours avec la délicatesse d’un éléphant (Pierre-Yves Roy-Desmarais n’est pas un beau nom à crier en faisant l’amour, clin d’œil au jeune humoriste), nous raconte également la première fois qu’elle a vu un pénis et nous chante à quel point elle veut être une bonne personne. Une pétale d’une immense fleur installée sur la scène s’allume à chaque fois qu’elle porte une réflexion qui aspire à la bonté, réflexion tirée très souvent pas les cheveux, bien évidemment pour ajouter un côté comique à la chose.
© Frédérique Dadié / Éklectik Média
Les moments forts de la soirée ont sans doute été ses interventions loufoques lorsqu’elle nous présente des images de son enfance et des images de sa visite au musée, ou encore quand elle nous lit ses commentaires haineux sur Facebook. Un procédé qui a fait ses preuves, notamment avec François Bellefeuille et Mariana Mazza. Un choix judicieux très bien intégré au thème du spectacle.
Une nervosité qui se comprend
C’est à la deuxième moitié de la soirée qu’elle a pris ses aises et où nous la sentions plus en contrôle, car, il faut le dire, c’était plutôt inégal en début de parcours, nervosité de la première médiatique probablement.
Mais elle a su par la suite se reprendre et nous livrer avec aplomb ses blagues de sodomie. Ce qui est franchement remarquable, c’est que l’humoriste assume à 100% ce personnage haut en couleurs, se distinguant ainsi des autres. Et rien que pour cela, nous ne pouvons que lui lever notre chapeau.
© Frédérique Dadié / Éklectik Média
Enfant roi vaut la peine d’être vu et entendu pour son côté attachant et corrosif (deux adjectifs que je mets rarement ensemble) et surtout pour sa singularité. Il faut cependant être au courant de la teneur des propos, car ce n’est pas à la portée de tous. Sachant cela, Rosalie vous promet une belle soirée. Pour être au courant des prochaines dates, c’est ici !
Crédit de la photo de couverture : © Frédérique Dadié / Éklectik Média