Seize printemps : jolie mais fade chorégraphie ★★1/2

Fille des grands acteurs Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon, Suzanne Lindon fait littéralement son entrée dans le paysage cinématographique avec Seize Printemps, film qu’elle scénarisé et réalisé en plus d’y tenir le rôle principal. Ce projet audacieux , à l’affiche au Québec dès aujourd’hui, a même retenu l’attention du prestigieux Festival de Cannes qui l’a inclus dans sa programmation officielle de 2020. Même si Seize Printemps prouve le potentiel de la jeune cinéaste de 20 ans, il est cependant impossible de ne pas dénoter certains écueils.

Dans ce récit que l’on devine librement inspiré de sa vie personnelle, puisque le personnage qu’elle incarne se nomme également Suzanne, Suzanne Lindon braque sa caméra sur une adolescente, vous l’aurez compris, de seize ans qui ne se trouve aucune affinité avec les gens de son âge. Avide d’art, elle s’amourache de Raphaël Frei (Arnaud Valois), un acteur plus âgé en pleine crise existentielle qui se produit dans la salle de théâtre qui se situe sur son chemin pour aller au lycée.

Cet amour platonique, malgré tout chargé de tensions sexuelles, évolue très lentement à l’intérieur des 76 minutes que dure le film. Une courte durée qui parait parfois comme une éternité tellement les scènes ne décollent pas, et ce sans aucune raison précise. Les scènes introspectives abusent du silence, nous amenant à croire à un rebondissement spectaculaire qui n’arrive jamais. La finale nous dévoile plutôt une ouverture amère qui suscite des soupirs de découragement, notre patience ayant été usée à la corde. Cette sensation peut s’expliquer par le manque de substance du scénario. Toutes les possibilités reliées à la solitude adolescente et aux amours impossibles n’ont pas été pleinement exploitées.

Les tentations qui habitent les personnages épris de doutes et de sentiments qu’ils n’osent révéler sont exprimées à travers des chorégraphies prenant place à l’intérieur d’une scène de théâtre ou sur une terrasse de café, le repère secret des tourtereaux. Bien que les danses soient magnifiques et exécutées avec une synchronicité impressionnante, elles sont emprisonnées dans un procédé cinématographique mal développé, car les émotions ne passent pas. Il est difficile d’éprouver de la sympathie envers le tandem, et ce n’est nullement à cause de l’écart des âges. On sent qu’entre les deux acteurs une belle chimie peut se créer, mais la fusion n’est pas encore tout à fait au point.

 

La passion du cinéma de Lindon et son admirable ambition sont tout de même palpables. Son approche naturaliste autant dans les plans épurés que dans les dialogues efficacement minimalistes possède un petit je-ne-sais-quoi qui attend seulement à être poli. Bref, ce n’est pas ce début un peu brouillon qui nous empêchera de découvrir l’éventuel deuxième effort, qui risque fort d’être plus abouti.