Avec Slaxx, la réalisatrice canadienne Elza Kephart propose une critique sociale pertinente et nécessaire à travers un film d’horreur de série B qui mêle à la perfection humour slapstick et hémoglobine. Ce n’est pas pour rien que l’œuvre a obtenu le prix du public du meilleur film canadien lors de la plus récente édition du festival Fantasia, en plus d’y avoir été présenté en première mondiale.
L’intrigue de Slaxx pourrait se résumer en une phrase : le jean qui va comme un gant aux quatre filles de Quatre filles et un jean devient un meurtrier assoiffé de sang. Alléchant, non? Très. Surtout que l’action est campée uniquement dans une boutique huppée d’une compagnie surexploitant la tendance écologique. Comme le public est crédule, la compagnie s’apprête à lancer un jeans épousant toutes les courbes. Les employés doivent travailler toute la nuit pour s’assurer que la boutique est prête pour la venue d’une influenceuse mode et la grande promotion qui suivra le lendemain. C’est alors que la disparition de plusieurs membres du personnel commence à inquiéter une nouvelle employée (Romane Denis) qui tentera de stopper la quête diabolique des jeans.
Romane Denis brille par son magnétisme dans une distribution trop caricaturale même si le ton du film l’est volontairement. Les répliques sont aussi assassines et exagérées que les effets spéciaux, ce qui fait qu’on embarque immédiatement dans la proposition. Le huis clos est anxiogène même s’il n’offre pas beaucoup d’occasions de sursauter. Un certain scepticisme s’installe à mesure que les corps se font charcuter les uns après les autres à une vitesse folle. On se demande si le film ne fera que tourner en rond sur sa prémisse pleine de potentiel.
C’est alors que les sous-entendus du scénario se dévoile. Le revers pervers et grotesque des influenceurs, la culture d’une entreprise ressemblant davantage à une secte, la surexploitation de mineures en Inde pour récolter du coton. Comme l’emballage est divertissant, les thématiques percutent davantage. Slaxx est donc une sublime preuve qu’on peut faire des films d’horreur de type slasher tout en ayant un propos consistant à défendre.
En cette fête de l’Halloween confinée, Slaxx s’avère être le divertissement par excellence qui provoque à la fois éclats de rire, malaises visuels et une réflexion sincère sur nos habitudes de consommation vestimentaire.