The King of Staten Island ou l’adulescent étrangement attachant ★★★

Un bon buzz entoure la nouvelle comédie dramatique de Judd Apatow qui, après avoir directement disponible en vidéo sur demande pendant le confinement est disponible en DVD et Blu-ray depuis le 25 août. Il faut dire que, sans être le meilleur film du réalisateur derrière Knocked Up et The 40 Year-Old Virgin, The King of Staten Island possède suffisamment de légèreté et de sérieux pour charmer et attendrir.

Eh oui, être attendri dans un film d’un réalisateur qui a la réputation de donner dans la vulgarité gratuite à outrance, c’est tout à fait possible. Même avec une prémisse peu flatteuse. L’oeuvre suit le quotidien morne de Scott Carlin (Pete Davidson) qui, à 24 ans, bosse dans un restaurant familial de Staten Island et habite encore chez sa mère (Marisa Tomei). Il passe la plupart de son temps à fumer du pot avec ses amis qui ont aussi peu d’envergure et d’ambition que lui. Il rêve d’ouvrir un commerce combinant nourriture et tattoo, mais n’entreprend rien de concret. Scott préfère s’apitoyer sur son sort, mettre tout sur la faute de la mort de son père pompier lorsqu’il était encore un enfant et jeter le dévolu sur sa sœur brillante qui quitte le nid pour ses études (Maude Apatow) et ne pas s’engager pleinement avec sa petite amie Kelsey (Bel Powley). Or, Scott n’aura pas le choix de se prendre en main lorsqu’un nouvel homme entrera dans la vie de sa mère…

Hormis quelques blagues puériles et clichées, jamais un film d’Apatow n’a paru aussi mature, et ce même si le protagoniste est un adulescent tourmenté aux réactions pathétiquement enfantines. L’apport de Pete Davidson, qui raconte ici librement sa propre histoire, comme co-scénariste apporte cet irrésistible sentiment d’authenticité. Le film, à l’instar de tous ceux de Judd Apatow, est au moins trop long de 40 minutes mais quelque chose de profondément réconfortant et humain s’y dégage et excuse les imperfections.

L’abus de tentatives de sabotage et de répliques misogynes culmine heureusement par une prise de conscience réaliste et touchante portée par un Pete Davidson lumineux et énigmatique qui montre une autre facette de son talent, lui qui a été révélé au grand public grâce à Saturday Night Live. Dans un rôle effacé, Steve Buscemi hérite des paroles des plus inspirantes et saisissantes de tout le film. Jouant des femmes dévouées traitées injustement, Marissa Tomei, Maude Apatow et Bel Powley livrent trois récits d’émancipation différents avec justesse. Bel Powley charme par sa douce folie alors que Marissa Tomei offre un portrait délicat d’une femme forte qui doit accepter ses fragilités.