Pour une deuxième année consécutive, Ariane Moffatt et Pierre Lapointe ont animé avec brio le grand spectacle de la Fête nationale. COVID-19 oblige, la foule dense et déchaînée des plaines d’Abraham a été remplacée par de petites ampoules dispersées un peu partout dans l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières en guise de public.
Le directeur artistique Jean-François Blais (En direct de l’univers, La voix) et la quarantaine d’artistes programmée avaient du pain sur la planche pour unir tous les Québécois et leur faire oublier les moments de noirceur alors que la distance devient insoutenable et que le besoin de s’unir est plus important que jamais. On peut dire que c’est mission accomplie car la musique présentée a rassemblé, a accordé une belle place à la diversité et a fait un bien incommensurable!
Devant évidemment respecter les mesures d’hygiène et de distanciation sociale, Jean-François Blais a opté pour un décor espacé mettant à l’avant-plan plusieurs mini scènes, des éclairages colorés et impressionnants ainsi qu’une pléiade d’écrans projetant des vidéos de gens confinés , ce qui atténuaient le sentiment général d’éloignement.
Dans un mélange de pièces dansantes et émouvantes, les artistes n’ont pas manqué d’énergie et ont rapidement fait oublier l’absence de spectateurs. À travers des medleys bien ficelés et un choix de chanson actuel sortant bien souvent des sentiers battus et des classiques (enfin!) , on a eu droit à des partages efficaces et impressionnants! Le bal a bien commencé avec un pot-pourri sur les nouveaux départs (Au commencement du monde, Repartir à zéro, Tout le monde en même temps) que doit effectuer l’humanité interprété brillamment par Patrice Michaud, Les Soeurs Boulay, Fred Pellerin, Corneille, Richard Séguin, Mélissa Bédard, Roch Voisine, Pierre Lapointe, Ariane Moffatt, Coeur de pirate, Grégory Charles et Barney Valsaint.
Parmi les moments marquants, notons également les instants captés sur le toit de l’amphithéâtre avec Fouki livrant son nouveau titre Ciel qui cumule plus de 4 millions d’écoute depuis sa parution et la comédienne Christine Beaulieu proclamant un merci à plusieurs rivières dans plusieurs langues autochtones. Michel Rivard et Marie-Michèle Desrosiers ont fait revivre les belles années de Beau Dommage tandis que Marie-Mai et Pierre Lapointe ont brûlé les planches en combinant Je danse dans ma tête et Les larmes de métal en compagnie de danseurs masqués. À ce chapitre, Les Trois Accords ont également fait bouger avec la chanson Corinne alors que Ariane Moffatt, Marie-Mai et Coeur de pirate ont fait l’étalage de leur talent vocal sur Crier tout bas, Danger et Exister. Rajoutez à cela quelques chansons sur la bière, et le party était pogné!
Outre l’esprit de célébration, le spectacle a misé sur la diversité, que ce soit en féminisant Promenade sur mars d’Offenbach ou en prônant le vivre-ensemble avec une performance époustouflante de Lara Fabian sur Humana accompagnée à distance par des chorales, l’une virtuelle et l’autre prenant place en face du Capitole de Québec. L’importance de bâtir un Québec renouvelé et à l’image de toutes les cultures le façonnant a pris une place énorme mais nécessaire.
Vincent Vallières a offert sa nouvelle chanson, Ensemble parmi les autres. Elisapie et Pierre Lapointe ont été magnifiquement accompagnés par Alexandra Stréliski pour livrer Moi, Elsie , écrite par Richard Desjardins et composée par Pierre Lapointe , et Arnaq. L’intensité de la pianiste s’est fait ressentir particulièrement sur Les poings ouverts composée et offerte par Louis-Jean Cormier et David Goudreault qui traite avec justesse et pertinence de la xénophobie. Ces numéros audacieux ont fait mouche car ils faisaient l’éloge de la différence dans un contexte différent.
Les artistes emportés par la pandémie ont été honorés à l’intérieur d’un tableau tendre mais jamais larmoyant qui a séduit par son envolée de papiers, un clin d’œil à L’évangile en papier de Claude Lafortune. Les effets spéciaux se sont poursuivis sur Y’a pas grand chose dans l’ciel à soir dans laquelle Paul Piché a été joint par des feux d’artifices. Parlant d’artifices, le passage d’Hubert Lenoir n’est pas passé inaperçu, lui qui portait fièrement des oreilles de lapin. Il a partagé la scène avec Pierre Lapointe et une Ariane Moffatt investie à la guitare pour Pour déjouer l’ennui et Ton hôtel.
Au niveau des chansons à voix qui donnent des frissons, Diane Dufresne a livré avec sa flamboyance et sa vulnérabilité légendaires Mais vivre avec divers orchestres symphoniques. De son côté, Isabelle Boulay a proposé avec nuance la magnifique Perdus dans le même décor de Jim Corcoran avant que ce dernier prône son amour pour sa langue d’adoption, le français, qui l’a rapidement pris dans ses filets. Pour clore le tout, Quand on ne saura plus chanter de Richard Séguin à l’unisson pour nous rappeler que la musique sera toujours le meilleur des baumes pour tous les maux.
Crédits Photos : Captures d’écran du spectacle, Éklectik Média