Véronique Gallo

Véronique Gallo : une raconteuse pleine de vie

L’humoriste belge Véronique Gallo était de passage à Montréal pour la toute première fois. Passionnée par les chanteurs québécois tels que Garou, Roch Voisine ou encore Robert Charlebois, l’artiste a toujours chéri l’espoir de venir se produire sur une scène au Québec.

« C’est un pays bizarrement duquel je m’en sens proche, je ne sais pas pourquoi. Je me suis toujours dit qu’on était sans doute un peu les mêmes. Je trouve que les Québécois et les Belges sont très fortement semblables. Que ce soit dans la sympathie, la gentillesse, le sourire et la chaleur, on est très proches. » Un rêve que Véronique Gallo a pu réaliser dans les derniers jours puisqu’elle s’est produite à la Cinquième salle de la Place des Arts du 8 au 10 mai pour présenter son spectacle Femme de vie.


 

Un processus créatif inversé 

Grâce aux capsules vidéos Conversation avec mon chat, Vie de mère et Femme de vie, Véronique Gallo a traversé les frontières et a réussi à se tailler une place à l’internationale. On pourrait presque penser que c’est grâce au web que l’artiste a construit sa carrière, mais on découvre rapidement en échangeant avec elle que c’est finalement l’amour des mots et du théâtre qui l’ont menée vers le web. Elle a d’ailleurs publié sa première pièce de théâtre Le fil rompu en 2007. 

Le processus créatif qui se cache derrière les capsules pour se rendre à la scène est donc un processus qui est totalement inversé pour l’humoriste. « Pour moi, le processus créatif, il est dans l’autre sens, c’est comment je passe de la scène au web, puisque je suis une femme de théâtre à la base. Ce n’est pas la même écriture, ce n’est pas le même travail, mais comme je suis une raconteuse d’histoires, je m’adapte aux médias. Je ne fais pas le même travail pour les vidéos que ce que je fais sur scène ou que ce que je fais dans des romans. Les vidéos, c’est immédiat, il faut quelque chose de très rapide, c’est beaucoup d’impro, le spectacle, c’est beaucoup plus construit, par exemple.»

Ancienne professeure, l’amoureuse de dramaturgie ne construit pas ses spectacles d’humour de la même manière que la plupart de ses collègues. « Je ne travaille pas du tout comme les humoristes où il y a vraiment un rythme, il y a une vanne toutes les 40 secondes, etc. Moi, je ne cherche pas du tout ça, puisque je raconte une histoire. En fait, je cherche à emmener les gens, ça les fait rire, ça les fait pleurer, enfin, il se passe beaucoup de choses au niveau émotionnel. » 

Femme de vie, le spectacle 

À travers ses marches en forêt et les moments avec ses trois enfants qu’elle surnomme affectueusement Boudha, Clochette et Moïse, Véronique aborde entre autres la charge mentale des femmes, la relation avec notre corps, la préménopause et les injections de botox. Son spectacle se présente comme un long récit dans lequel la vérité est de mise. Véronique ne cherche pas à faire rire à tout prix, et c’est justement ce qui fonctionne. Elle nous fait rire à travers les sujets dans lesquels on peut se retrouver facilement, à travers ses mimiques spontanées, mais aussi à travers la place que prennent les hommes dans son spectacle. 

Effectivement, on pourrait imaginer que Femme de vie ne s’adresse qu’aux femmes, mais à travers cet ascenseur émotionnel que c’est d’être une femme à la fin quarantaine, Véronique Gallo offre une place de choix aux hommes. À travers des anecdotes extrêmement bien ficelées, l’humoriste y glisse de nombreuses références aux personnages cinématographiques masculins tels qu’Iron Man, James Bond, Obélix et même Synok (Les Goonies). La place des hommes survient aussi dans ses échanges à double sens avec le public et particulièrement ceux sur le vocabulaire maritime avec un certain Thierry. Sans oublier cette belle écorce inconnue en bord de rangée qu’elle a invitée sur scène. 

Une raconteuse d’histoires

Véronique Gallo est une véritable passionnée de cinéma. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il y a autant de références dans son spectacle. Après s’être lancée dans l’écriture de romans (Tout ce silence, Pour quand tu seras grande, L’Entropie des sentiments), de spectacles d’humour, c’est vers le cinéma qu’elle souhaite se tourner davantage.

Véronique Gallo décrit l’écriture comme une gymnastique et trouve que la sienne devient plus rapide et plus efficace. Elle travaille d’ailleurs sur un premier court-métrage , Je suis contente . « C’est vraiment mon premier pas au cinéma, et j’avais vraiment envie de me lancer là-dedans. J’ai écrit un premier court-métrage qui n’est pas drôle, mais c’est 15 minutes sur la vie d’une femme de 50 ans dont les enfants viennent de quitter le nid. Sa vie de maman est un peu à l’arrêt et elle regarde autour d’elle et réalise qu’elle s’est complètement oubliée, et que finalement, ça n’a plus beaucoup de sens de rester là où elle est. » 

Pour la suite, Véronique Gallo souhaite revenir jouer à Montréal dans de plus grandes salles. Elle aimerait également faire du cinéma, autant dans la réalisation que dans le jeu, mais surtout de continuer à raconter ses histoires à travers la francophonie. Alors, c’est tout ce qu’on lui souhaite.