Cinq ans après son one man show La loi du plus fort, Billy Tellier revient en force avec Hypocrite(s), un deuxième spectacle bien rôdé, brillant et jubilatoire dont il s’agissait de la première médiatique ce soir à l’Olympia de Montréal.
Pendant cette période d’absence, l’humoriste n’a pas chômé, au contraire. Il s’est produit dans quelques galas d’humour en plus de signer depuis six ans de populaires et excellentes capsules intitulées Le petit monde de Billy à l’émission radiophonique matinale Debout les comiques sur les ondes de CKOI. Il a même fait revivre sur scène ses personnages qui rendent plus supportables nos matins dans le trafic lors d’un spectacle exclusif en 2017.
Ne vous attendez pas à les retrouver en chair et en os dans cet effort solo, bien qu’on sente indirectement et efficacement leur influence. Billy Tellier fait rapidement la distinction entre son rôle à la radio et sa personnalité scénique. Hypocrite(s) possède une ligne directrice infiniment claire qui va au bout de son immense potentiel : accepter que nous sommes tous, à petite ou grande échelle, hypocrites envers nous et les autres.
Afin d’éviter que ses propos soient lourds, Billy Tellier, d’une forme resplendissante qui prouve d’emblée qu’une première partie n’est pas primordiale pour réchauffer adéquatement une salle, s’inspire des petites choses du quotidien pour nous faire prendre conscience de nos travers à grand coup de rires francs et parfois jaune. Il fait preuve d’une rafraichissante autodérision totalement libre et assumée. Les blagues s’enchaînent à un rythme effréné, et elles sont pour la plupart de qualité égale. Les rires fusent et deviennent vite des cris stridents remplis de satisfaction.
Appuyé par Laurent Paquin à la mise en scène et à la script édition, l’artiste se montre confiant, humble et imparfait. Il image ses chutes avec une précisions chirurgicale et une imprévisibilité suscitant les éclat de rire. Ironique et baveux, Billy Tellier propose des observations fignolées avec un équilibre abouti. Il ramène certaines blagues lors de moments opportuns afin de renforcer avec brio leur portée. De plus, il se déplace avec fluidité et vivacité. Il nous entraîne dans ses mouvements sans aucun ralentissement.
Les transitions entre les nombreuses thématiques abordées ne manquent pas de pertinence et de naturel. L’auteur parvient à trouver le ton juste pour exploiter ses sujets passant du franchement niaiseux au profondément sérieux. Se côtoient donc avec harmonie les mensonges obligés quand on est parents, l’ABC des chicanes de couple, la maladie, les amis qui n’en sont pas vraiment, la nostalgie idéalisée, la pornographie que soi-disant personne ne regarde, le besoin de se faire plaisir mais la paresse domine, les allergies de plus en plus compliquées et alouette! Dans ce tourbillon d’anecdotes et d’observations qui semblent d’abord dense, l’humoriste réussit à démontrer qu’il n’y a pas de mal à se réjouir légèrement du malheur des autres pour se réconforter ; c’est dans la nature humaine.
Billy Tellier jongle habilement avec les réactions démesurées de la foule même lorsque celle-ci s’avère franchement déplacée et embarrassante. Il termine avec fracas le parcours avec un vibrant plaidoyer s’adressant notamment aux gens qui se croient tout permis pendant les jeux de société. Impossible de ne pas se reconnaître et de vouloir joindre à notre tour notre rage sur cette énumération de petits irritants qui fait du bien d’évacuer tous ensemble sans jugement.
Et on n’est pas du tout hypocrite en admettant tous ces compliments … comme le ferait un vrai ami.
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Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média