L’autrice-compositrice et interprète Lara Fabian se raconte à travers une biographie culinaire intitulée Je passe à table dans laquelle elle dresse les grandes lignes de sa vie et de sa carrière en les parsemant de recettes marquantes. Entre les recettes et les photos issues de ses archives personnelles qu’elle nous dévoile, Lara Fabian se raconte dans un ton d’écriture qui nous laisse tout l’espace nécessaire pour prendre place de l’autre côté de la table. Une impression juste que nous n’avons pas été seules à ressentir. « C’est drôle que tu me dises ça parce que j’ai une amie qui a lu mon livre. Elle m’a dit : j’ai l’impression que tu es à côté de moi dans le fauteuil et que tu me le racontes! »
Transmettre avec légèreté
La transmission est une qualité que Lara Fabian a connue très jeune grâce entre autres à sa maman et qu’elle continue à son tour d’appliquer à travers la musique et aussi la cuisine comme elle fait d’ailleurs dans ce livre, mais il y a-t-il une chose que Lara est capable de transmettre par la cuisine qu’elle ne pourrait pas faire par la musique ? L’artiste nous répond : « Probablement. Je ne sais pas si on mesure toujours la latitude de ce qu’on transmet par l’un ou par l’autre ou ce j’ai envie de dire par quoi que ce soit qui a la vocation de nous faire de la joie, mais ça pourrait être le point commun. Le fait de partager une chanson ou partager une conversation au détour d’un repas, c’est que ça nous fait de la joie. J’ai plus envie de te dire que je sais définir le point commun plutôt que le point de rupture.»
Lara Fabian n’a pas été à l’abri des déceptions et des embûches, que ce soit dans sa vie personnelle ou dans sa carrière. Elle livre d’ailleurs dans ses récits des parcelles de sa vie qui ont été certes difficiles, mais qui ont été également nécessaires pour que l’artiste puisse devenir celle qu’elle est à présent. Pour ne pas tomber dans la lourdeur, l’artiste laisse planer dans ses écrits des petites touches d’humour, montrant ainsi toute la liberté qu’elle possédait de se raconter et l’envie de se partager à travers des recettes pour caresser les souffrances passées d’une belle légèreté :
« C’est le prisme par lequel j’ai voulu aborder les thèmes qui parfois étaient un peu lourd. Je parle de maladie neurodégénérative, de désordre alimentaire, de désœuvrement amoureux et de trahison. Si on analyse, ce n’est pas vraiment jojo ce que je raconte, mais en même temps ça a tellement été une incroyable aventure que par la table, par la nourriture, par l’humour, tu démystifies tout. Je ne voulais justement pas m’appesantir sur les choses qu’on vit tous plus ou au moins au travers de nos vies. On a tous vécu au moins une déception, une perte, une incompréhension ou une trahison. On n’a pas besoin d’être chanteuse pour ça. Donc, je ne voulais pas donner dans le pauvre, elle, la pauvre superstar. Je trouve que c’est déplorable et très inélégant.»
Libérer la créativité
En l’espace de cinq années, Lara Fabian a dévoilé les albums Camouflage, Papillon, Lockdown Sessions, le documentaire Lara et maintenant le livre Je passe à table. Lara ajoute en riant :
« Tu penses que je devrais me reposer?! Tu as raison! Et tu oublies que dans tout ça j’ai fait deux tournées à travers le monde, La Voix et Star Académie. » Plus sérieusement, l’artiste ajoute :
« Ça fait trois mois que je suis assise à la campagne et que je me demande comment j’ai fait pour faire tout ça et rester encore à peu près intègre et à peu près intacte. »
Ces nombreux projets que Lara Fabian a partagés dans les dernières années nous ont mené vers l’impression que c’était peut-être un moyen pour l’artiste de libérer complètement sa créativité et donc peut-être une manière de se renouveler plus rapidement. Voici ce qu’elle nous répond :
« Écoute, je ne sais pas si c’est une stratégie consciente, mais c’est certainement très bien analysé de ta part. Je ne suis pas certaine que ce soit vraiment conscient, c’est un peu comme le téléphone qui sonne : oh dans un mois il faut que tu sois au Québec. Mais je viens de m’installer en Espagne! Ah, on s’en fout! Et puis ah au fait en même temps y avait une tournée. Ah oui, c’est vrai, mais qu’est-ce que tu fais ? Ben, tu fais les deux. Ah oui, mais comment tu fais ? Bah, tu fais. Et après tu as une famille autour où se chevauchent ces projets qui ressemblent à l’expression d’une créativité, mais qui en fait sont le cumul des fleurs dans lesquelles tu t’enfarges dans le tapis parce que ça ressemble plus à ça quand ta vie est un avion. T’as une famille autour de toi qui te dit : hey tu veux quoi toi ? Et tu vois, ce livre, ça a été vraiment quelque chose que j’ai voulu qui n’a pas été un concours de circonstance déclenché par le téléphone qui sonne parce que tu as une carrière à travers le monde. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai une tendresse pour lui, il a été le résultat de je m’assieds à la campagne. Ça a été un travail de titan, mais ça partait d’un espace de repos. »
Se plonger dans l’écriture d’un livre a permis également à Lara de changer sa plume d’autrice-compositrice et interprète : « Partiellement, mais peut-être pas complètement. Je vois déjà dans les 6 nouvelles chansons que j’ai écrites qu’il y a quelque chose de beaucoup moins mentalisé pour moi. J’étais beaucoup plus dans le narratif que dans la formule. »
Se livrer avec équilibre
Que ce soit à travers ses chansons, son récent documentaire Lara ou maintenant son livre, Lara Fabian est une artiste qui se livre beaucoup à travers ses projets, mais également depuis quelques années à travers ses réseaux sociaux. Nous lui avons demandé comment elle dresse l’équilibre entre ce qu’elle veut partager et ce qu’elle veut préserver : « En me posant la question, à savoir si ça je voudrais qu’on m’en reparle. Je me parle vraiment comme ça. Je suis spontanée, mais après 30 ans de maison, j’ai arrêté de confondre précipitation et spontanéité. Quand tu arrives à faire la distinction entre la précipitation et la spontanéité, ça dresse l’équilibre. »
La biographie culinaire de Lara Fabian Je passe à table sera disponible partout au Québec dès le 3 novembre.