Donne-moi ton cœur, baby, ton corps, baby, donne-moi ton bon vieux funk, ton rock, baby, ta soul… Si vous êtes nés avant 2004, vous pouvez assurément compléter sans hésitation les paroles de ce tube fulgurant signé K-Maro! Comme la nostalgie est tendance et que Femme like U récolte un minimum d’un million d’écoutes sur les sites de téléchargement par mois, Cyril Kamar de son vrai nom a décidé de présenter quelques concerts pour célébrer les 15 bougies de ce succès. Oui, un concert anniversaire pour une chanson et non un album. Heureusement que la chanson, au-delà de rappeler de bons souvenirs, s’avère encore efficace et donne envie de danser! Heureusement aussi pour Kamar, le public répond à l’appel, forçant des supplémentaires!
Hier, c’était l’Olympia de Montréal qui avait la chance d’entonner les titres cultes de l’artiste ayant vécu plus de 15 ans au Québec (une experte en numérologie adorerait le concept involontaire de K-Maro!). Pour l’occasion, la salle affichait complet. Les spectateurs, entassés comme des sardines au parterre, ont montré sans vergogne leur enthousiasme quelques minutes avant que l’horloge indique 20h00, mais devant une animation DJ terne et interminable en guise de première partie, ils ont plutôt pris leur mal en patience sans trop réagir. Par la suite, un animateur de foule a réussi à les rendre plus fébrile et à faire grimper le suspense jusqu’à ce qu’une obscurité totale envahisse l’intime salle mythique de Montréal.
Une toile projetant des vidéos. De la musique préenregistrée. K-Maro , tout de blanc vêtu, se présente seul sur scène et laisse les chansons vivre par elles-mêmes sans artifice. Ce concept était celui qu’il espérait lorsqu’il faisait la promotion des concerts à la fin de l’automne 2019, et c’est exactement ce qu’il a livré…pour le meilleur et pour le pire. Cette louable simplicité était tout à l’honneur du rappeur qui était par chance assez charismatique pour meubler ce manque de spectaculaire. N’empêche que le spectacle aurait bénéficié de l’énergie en directe d’une ou deux choristes ( et de Nancy Martinez, duh!) et de quelques musiciens. Le public n’a pas semblé s’en plaindre, les mains levées s’agitant avec fougue sur toutes les pièces, même les moins connues. Et la venue d’invités surprises tout au long de la soirée aidait à pardonner que seuls les éclairages distinguaient cette prestation live d’une simple écoute d’albums…
« Ça fait du bien rentrer à la maison», s’est-il exprimé à la fin de Let’s go, une chanson bilan tout à fait à propos pour débuter en grand une célébration. Son émotion face à ce retour avait l’air extrêmement sincère malgré toutes les mauvaises intentions qu’on peut lui prêter avec ce concert d’anniversaire dont celle de profiter de l’attachement à une chanson pour revenir sous les projeteurs. Avec son énergie et son flow d’une justesse irréprochable, Cyril Kamar a fait démentir tout ça hier.
Évidemment, ce sont les succès radiophoniques qui ont suscité le plus de cris de joie, mais puisque l’ordre des chansons était bien reparti, l’intérêt du public s’est maintenu. Au fil de quelques morceaux un peu plus boiteux comme K.M.A.R.O dans lequel le chanteur et producteur s’introduit un peu inutilement et sans originalité, des perles ont germé comme les bombes Qu’est-ce-que ça te fout et Crazy tirées de son second album La Good Life et le single accrocheur et ensoleillé LA Sun issu de sa compilation best off incluant des nouvelles pièces exclusives. Le chanteur s’est fait plus engagé avec Les frères existent encore et inspirant grâce à Sous l’oeil de l’ange, des moments acoustiques nécessaires et rassembleurs. Sur la récente et poignante C’était mieux avant, K-Maro s’est ouvert avec transparence et humilité sur la solitude qu’engendre une célébrité qui a grandement perdu de son lustre et la difficulté de se reconstruire.
Au terme de l’entrainante Génération 80, une ovation bien méritée a touché la vedette et a bien mis la table à la raison principale pour laquelle le public était présent. Le titre honoré a causé l’hystérie et déclenché une atmosphère de karaoké irrésistible. Ça a fait du bien de se replonger dans l’insouciance de 2004 alors que les cellulaires ne polluaient pas les salles…
Au chapitre des invités, Rainmen et Sans Pression étaient de la fête, mais c’est La vi it neg de Muzion qui a réellement mis le feu au poudre. Ceci dit, c’est l’invitée qui s’est fait désirer jusqu’au rappel qui a semé une commotion… Surprise d’un tel accueil alors qu’elle n’était pas le plat de résistance de la soirée, Coeur de pirate, a interprété à sa manière Femme like U, une reprise qui joue en boucle à la radio par les temps qui courent. Cette version plus douce a permis de mieux saisir le sens des paroles et de littéralement comprendre plus clairement certains mots! Pour une première prestation sur scène, on peut dire que le duo a assuré! Les petites imperfections et la nervosité palpable ont rendu le moment encore plus authentique et mémorable. À l’image de cette soirée, quoi!
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média