Avec Mille mauvais choix, Louis-José Houde dévoile l’humain derrière les rires. Celui qui habite seul dans une maison qu’on n’est pas supposé habiter seul. Pour son septième spectacle solo, l’humoriste privilégie une ambiance intime et une transparence désarmante qui est en phase avec l’homme qu’il est aujourd’hui : un célibataire nostalgique de 44 ans qui rêve d’être un vieux papa cool mais qui doit plutôt se contenter de quelques aventures sexuelles sans conséquence tout en soignant lentement mais sûrement les blessures causées par une rupture amoureuse.
Notoriété des deux parties oblige, le public connaît déjà les grandes lignes de cette séparation modérément médiatisée. Les spectateurs présents au Cabaret Lion d’Or le 30 novembre pour la première médiatique montréalaise ont rapidement eu la confirmation que Louis-José Houde demeure un gentleman : pas de divulgation de noms, pas d’anecdotes compromettantes ou de réglages de compte. Que de l’émotion à l’état pur, la peine qui nous force à tout abandonner, s’isoler dans un chalet en pleine forêt en écoutant Rush dans le tapis. Tout ça dans une cascade de rires propulsée par le fin sens de l’observation de Louis-José, ses mimiques si communicatives, le délicieux et unique choix de ses expressions et sa connexion instantanée avec l’auditoire. Même son débit rapide signature a descendu d’un cran pour que les sujets plus délicats exprimés demeurent crédibles.
Évidemment, une telle vulnérabilité ne peut être illustrée par des éclairages vifs et spectaculaires. Qu’un tabouret utilisé pour mieux mettre en scène des situations rocambolesques suffit. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’humoriste a privilégié une petite tournée dans de petites salles pour ce spectacle qui doit plutôt se consommer comme un monologue que comme un spectacle stand up traditionnel avec des numéros bien définis. Cela ne veut pas dire que les transitions entre les thématiques ne sont pas claires, bien au contraire. Le tout est d’une extraordinaire fluidité, confirmant l’immense talent d’auteur de l’animateur du Gala de l’ADISQ depuis 16 ans.
Avec Mille mauvais choix, Louis-José Houde aborde de front pendant environ 90 minutes sans entracte son évolution en tant qu’artiste à la carrière couronnée de succès dans plusieurs médiums (spectacles, animation, télévision, cinéma…) qui peut toutefois être un couteau à double tranchant sur le plan personnel, les rires produisant de la dopamine et un rush d’adrénaline qui créent bien souvent un faux sentiment de bonheur. Du bonheur éphémère à l’intérieur d’un brouillard existentiel remettant en question tous les mauvais choix pris au courant d’une vie.
Ce côté plus sombre de la profession d’humoriste est rarement exploité, et Louis-José Houde le fait avec un réalisme qui force l’introspection tout en nous divertissant. L’humoriste ne cherche pas à réinventer son style qui plait tant à plusieurs générations, mais va définitivement plus loin et dans la bonne direction. Il se permet d’ailleurs de parler plus crûment de sexualité et faire plus de vannes envers des célébrités sans jamais ne manquer de respect. Cette audace ne laisse présager que du bon pour les prochaines tournées.
Notons également la présence de l’humoriste d’origine marocaine Neev en première partie. Neev a brillamment réchauffé la salle avec un numéro qu’il maîtrise complètement sur les différentes stations radiophoniques montréalaises. Ses observations sur les radios communautaires et son imitation de Ron Fournier sont particulièrement réussies. Ce numéro lui avait d’ailleurs valu une ovation debout lors de la Carte Blanche Juste pour rire de Simon Gouache en juillet dernier. Tout au long de la tournée, Louis-José Houde alternera ses premières parties avec Neev, Maude Landry et JC Surette.
Louis-José Houde sera en tournée jusqu’en juin 2022 avec Mille mauvais choix. Sur les quelque 53 dates prévues, plusieurs sont complètes, mais certaines salles n’ont pas encore mis en vente les billets. Pour tous les détails, consultez le site Internet officiel de l’humoriste ICI.
Crédits Photos : Laurence Labat
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